Tout change pour que
rien ne change ? Le changement annoncé maintenant et impatiemment attendu
par ceux qui y ont cru – si, si, des électeurs hollandistes y ont sincèrement cru,
nous assure-t-on– semble être de mise. Dans l’enseignement, en tout cas.
La
preuve par la grève à Paris à l’appel des syndicats d’enseignants s’insurgeant
contre les nouveaux rythmes scolaires, avec entre autre, le retour en
classe le mercredi matin. Le rajout d’une demi-journée hebdomadaire permettant
de passer à 180 jours de classe par an contre 144 actuellement.
Ceux
qui votaient « à gauche » en espérant moins de grèves en sont pour leurs
bulletins de vote. On ne peut vraiment plus se fier à rien, ni à
personne !
Une
fois de plus, on ne comprend pas bien de quoi il est question, étant entendu
que « dans l’intérêt de l’enfant, tout le monde s’accorde sur la nécessité
de revenir à la semaine de 4,5 jours dans le primaire. Les journées
d’école sont trop chargées, l’année trop courte, ce qui ne favorise pas
les apprentissages »(1)…
Alors
quoi ? Alors « des résistances apparaissent en raison
d’intérêts divergents (enseignants, parents, élus, patronat…) »…
Soit, mais quels « intérêts divergents » ?
« Nous
sommes favorables à une remise en question du rythme de la semaine, voire de
l’année, à condition qu’il y ait une vraie concertation sur le sujet. Pour
nous, l’urgence est dans la refonte des programmes et la manière dont on
enseigne. Alors seulement découlera la question du rythme », martèle
Pauline Laby-Le Clercq, enseignante en primaire et responsable de la section
parisienne de l’Unsa, syndicat plutôt réformiste qui lui-même appelle à la
grève.
Soit,
en – mauvais, mais plus compréhensible – français dans le texte : « Faut
qu’on cause ! »… Beaucoup et sans se presser, soit le mot d’ordre
bien connu de l’enseignant post-soixante-huitard type : « Pas trop
vite le matin, lentement l’après-midi et jamais pendant les pauses café… »
« Comme
une majorité de Français, nous avons voté pour ce gouvernement, reconnaît
Jérôme Lambert, Secrétaire départementale de Paris du Snuipp-FSU. Aujourd’hui,
nous sommes déçus. Si la Refondation de l’école comporte des avancées, elle est
un miroir aux alouettes, car ad minima. Contrairement aux promesses faites,
elle ne permettra pas de passer de la massification de l’enseignement à sa
démocratisation. »
Ah !
L’enjeu est « démocratique », et là ! Évidemment, si la démocratie est en
jeu, il y a péril en la demeure, on s’en doute ! On conçoit mieux
l’urgence de la grève d’aujourd’hui…
Le
Snuipp-FSU propose pour sa part de prendre « une année de débat public »,
rien de moins… car il y a des urgences qui impose de prendre son temps… et
généralement, pour le syndicaliste français qui se respecte, à exiger plutôt
celles-ci sur le temps de travail… afin de « … recréer et donner des
moyens aux Réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (Rased),
baisser les effectifs afin de permettre un travail en petits groupes, former
les enseignants… »(2)… et toutes ces sortes de choses en attendant l’été
et les sacro-saints mois de juillet et août que nul enseignant qui se respecte
ne saurait, évidemment, sacrifier, démocratie en péril ou pas !
Ces
enseignants, à l’évidence, n’en veulent pas du « changement maintenant » promis
par François Hollande. Et pour plus tard, gageons que ce sera sans
doute encore trop tôt…
Reste
aux parents concernés par l’éternel problème de savoir ce qu’ils vont bien
pouvoir faire de leur progéniture durant cette journée de « sauvetage de la
démocratie »… Pour eux, pas de changement.
Notes
(1) http://aquitaine.france3.fr/2013/01/21/rythmes-scolaires-184965.html,
KJ avec Hélène Chauwin.
(2) www.lavie.fr.
Philippe Randa est
écrivain, chroniqueur politique et éditeur (www.francephi.com).