LIVRES
Jeannette Bougrab, depuis deux ans en
Finlande, publie un livre de réflexion sur la société, le terrorisme,
l’islamisme. Elle a été la compagne du dessinateur Charb, directeur de publication
de Charlie Hebdo, assassiné le 7 janvier 2015 – est, depuis un peu plus de deux
ans maintenant, en exil en Finlande où elle dirige le service d’action
culturelle de l’Institut français.
Fille
de harki, née en 1973 à Châteauroux, l’auteur de Lettre d’exil « mesure la
chance d’être de [sa] génération » : elle a en effet fait des études à une
époque où il était encore possible de devenir docteur en droit public en ayant
des parents qui ne savaient ni lire ni écrire. (Avec Source)
JEANNETTE BOUGRAB DÉNONCE LA RÉGRESSION
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ujourd’hui la France occupe
le 26e rang dans la dernière étude PISA de l’OCDE publiée en 2016… Ce n’est
donc certainement pas un hasard si l’école française, qui n’a pas su se
réformer, n’échappe pas à l’obscurantisme, terreau de l’intégrisme :
►Jadis sanctuaire qui
permettait l’intégration des enfants d’horizons lointains, elle cristallise
aujourd’hui tous les travers du communautarisme.
Le sort des femmes en France
est également menacé :
►On assiste à une
régression épouvantable cautionnée par le Coran, mais aussi par ceux qui osent
nous parler d’islam des Lumières, d’une religion de l’amour et de la concorde !
LE FINANCEMENT DU TERRORISME
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lors elle désigne l’ennemi,
celui qui finance, avec son pétrole, l’islamisme en France, via les écoles
coraniques et les mosquées salafistes, l’Arabie saoudite, où l’idéologie
terroriste puise sa doctrine criminelle dans les principes du wahhabisme :
►S’il n’y avait pas eu
l’or noir, la question du wahhabisme n’aurait été qu’une affaire anecdotique
aux marges du monde islamique. Il aurait été confiné à quelques contrées
désertiques. Il n’aurait pas étendu son ombre politico-religieuse à la
quasi-totalité de l’espace musulman.
En Arabie saoudite, « les droits les plus fondamentaux sont
inexistants ». Le wahhabisme en est la cause et prolifère, comme une
maladie infectieuse, dans des «
territoires meurtris par des guerres civiles à répétition, qui exposent les
populations à l’exode et à la mort ».
La monarchie du Golfe
accorde ses aides financières à leurs gouvernements, tel le Yémen, avec pour
contrepartie une soumission totale : elle «
fait la guerre, au besoin, contre ceux qui se révoltent », avec des armes
achetées aux pays occidentaux qui la considèrent comme une alliée.
Or l’internationale
djihadiste n’a pu essaimer aisément que grâce à l’argent wahhabite – plus de
100 milliards de dollars en trois décennies -, de l’Afghanistan, à l’Irak et à
la Syrie. Et la filiation financière entre le royaume saoudien et l’État
islamique est avérée.
Les pays occidentaux, tels
que la France ou les États-Unis, se rendent donc complices de véritables
monstruosités :
►Le terrorisme islamiste
sait faire preuve d’une cruelle créativité pour convaincre la masse des
ignorants : égorgement, viol, empalement sont au menu…
JEANNETTE BOUGRAB CONTRE LA PROPAGANDE
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lors, Jeannette Bougrab est
en colère contre toutes ces compromissions, toutes ces lâchetés. Car il ne faut
pas se leurrer :
►L’islamisme radical veut
imposer au monde sa loi prétendument divine, exclusive par principe de toute
autre : sa propagande joue tour à tour sur la corde romantique – l’islam «
fiévreux et fervent » – pour ensorceler les plus faibles et sur la corde culpabilisante
– le procès en islamophobie – pour désarmer les plus forts.
En France, les élites
bien-pensantes s’y laissent prendre et les personnalités de religion musulmane,
à de rares exceptions près, se taisent… Les faits parlent pourtant d’eux-mêmes
et les dirigeants politiques européens finissent par en prendre conscience :
►Aujourd’hui, après les
attentats de Paris, de Bruxelles et de Berlin, les gouvernements osent enfin
utiliser le terme qui jusqu’à présent leur brûlait les lèvres : « guerre ». Ils
commencent seulement à prendre la mesure d’un conflit mondial mené par les
sectateurs de l’islam contre l’Occident, cette civilisation de mécréants et
d’hérétiques.
COMMENT MENER LA CONTRE-OFFENSIVE ?
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n mobilisant la société
civile : il s’agit d’« impliquer chaque
citoyen dans la lutte contre ce mal radical qui le menace directement », en
prenant exemple sur Israël, où les services de renseignement savent anticiper
et intervenir rapidement.
La contre-offensive doit se
faire également sur le front culturel, et ce n’est pas tâche facile, puisque « les rares inconscients qui poursuivent la
lutte contre l’obscurantisme islamiste sont jetés en pâture à la plus féroce
des haines, celle des bien-pensants ».
L’espoir pourrait bien venir
d’ailleurs :
►Heureusement qu’il existe
des intellectuels continuant de vivre dans leur pays, et qui ont le courage de
dénoncer tout haut une réalité que nous, Occidentaux, refusons de condamner
même tout bas : au prix de leur vie, de nouveaux hérétiques se battent contre
des Inquisitions renouvelées. Ils sont courageux, voire téméraires, et
incarnent l’esprit de résistance.
Ces résistants, ces
dissidents – parmi lesquels des femmes rebelles – sont cependant voués aux
gémonies par les compagnons de route des islamistes et il ne s’agit pas de la
part de ces derniers « d’une simple
insulte, mais d’une désignation mortifère ».
Jeannette Bougrab écrit :
►S’il y a une chose que
j’ai apprise dans ma vie, c’est que la liberté n’est jamais définitivement
acquise.
Elle a choisi de combattre
pour elle, de descendre dans l’arène, de contribuer à mettre fin à la barbarie,
de nommer les événements pour ce qu’ils sont : « djihadisme, salafisme, wahhabisme, islam radical, Daech, Arabie
saoudite, Qatar, Turquie… »
À la fin de sa lettre, elle
fait cet aveu :
►Je peux vous le dire sans
me cacher, rien ne soulagera la douleur, ni le temps, ni la distance. La
douleur continue de me transpercer le cœur à chaque instant et le deuil de
l’être chéri ne se fait pas. Quand le souffle me manque, j’essaie de me
convaincre que je contribue, même de manière subsidiaire, à bâtir un monde
meilleur.
« La violence est omniprésente dans
l’islam. Il n’y a pas d’autre choix pour la France que d’expulser l’islam de la
cité », dit-elle encore.■
Jeannette
Bougrab, Lettre d’exil – La barbarie et nous
Cerf
éditions, septembre 2017