ENTRETIEN
Emmanuel Macron me facilite
beaucoup la vie, au moins intellectuellement, car si l’on me demande de résumer
d’un mot ce que je veux dire par remplacisme global, je peux répondre :
Macron. Il en est l’incarnation parfaite.
►Renaud
Camus, Emmanuel Macron est entré à l’Élysée le 14 mai dernier. Un
semestre, le dixième du temps d’un quinquennat ! Que vous inspire tout
d’abord le personnage en lui-même ? Un personnage de roman, un
super-technocrate ? Certains n’hésitent pas à le comparer à Bonaparte !
E
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mmanuel
Macron me facilite beaucoup la vie, au moins intellectuellement, car si
l’on me demande de résumer d’un mot ce que je veux dire par remplacisme global, je peux
répondre : Macron. Il en est
l’incarnation parfaite.
Je
l’ai dit cent fois, le Grand
Remplacement, la substitution ethnique, le changement de peuple, si énormes
qu’ils soient comme phénomène, ne sont qu’une petite partie d’un phénomène plus
large encore, le remplacisme gobal,
où je vois l’un des deux principaux totalitarismes à l’œuvre de par le monde
(l’autre étant évidemment l’islam).
Remplacer, telle est l’essence des sociétés
post-industrielles et post-modernes : tout doit y être remplaçable et s’y
trouver remplacé — le vrai par le faux, l’original par la copie, les matières
par leur reconstitution synthétique, les services et les objets par leur
version « low cost », l’homme par l’homme, l’homme par la femme,
l’homme et la femme par les robots, les mères par les mères porteuses, la ville
et la campagne par la banlieue, les peuples par d’autres peuples, l’humanité
par une post-humanité hagarde et hyper-violente, l’espèce humaine par la
Matière Humaine Indifférenciée (MHI).
Le remplacisme est petit-fils de la
révolution industrielle et fils du taylorisme fordien qui, à force de tout
standardiser selon les exigences de la production et du profit, a fini très
logiquement par vouloir standardiser l’homme lui-même. L’homme
est à ses yeux une petite entreprise artisanale à succès, que rachète la grande
distribution multinationale pour en commercialiser une version « low
cost », dénaturée mais hyper-profitable. Dans ses desseins plutôt noirs,
le remplacisme s’est trouvé sur le tard un allié inespéré mais de poids, et,
après tout, très naturel, très logique, l’antiracisme, qui a fini par signifier
ce que portait son nom, la haine des races, la croyance absolue en leur
inexistence et, paradoxalement, la foi non moins absolue en leur égalité et,
surtout — c’était le plus précieux pour le remplacisme —, le désir de les fondre en une seule.
Emmanuel Macron se situe exactement
au point de convergence de ces deux généalogies, financiarisme bancaire
post-industriel d’un côté, antiracisme de l’autre — à ceci près, tout de même,
que lui n’est même plus antiraciste, il est bien au-delà : les origines
n’existent pas pour lui et, comme on sait, « il n’y a pas de culture
française ».
►En
mai 2016, vous déclariez, dans un entretien à Boulevard Voltaire, que
l’élection présidentielle de 2017 serait un référendum sur le changement de
population. Comme interprétez-vous le résultat de cette élection ? Les
Français ont dit oui au changement de population ou bien cet enjeu a tout
simplement été occulté ?
C
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et enjeu
a été totalement occulté mais les Français n’ont, au mieux, pas dit non, il
faut bien le reconnaître, à mon immense regret. Il convient de dire qu’en cet
univers où tous les mots mentent, il en est peu qui mentent plus fort que
Français, qualificatif qui réunit en un monstrueux amalgame envahisseurs et
envahis, colonisateurs et colonisés, occupants et occupés. L’issue des votes
dépend déjà largement du peuple de remplacement, puisqu’on a eu la folie sans
précédent de lui donner le droit de vote.
Mais, surtout, le peuple remplacé est
hébété par l’enseignement de l’oubli, l’imbécillisation de masse, la
répression, la censure, les injections permanentes de haine de soi, la peur, le
monopole médiatique presque complet dont jouit le remplacisme (Boulevard Voltaire et TV
Libertés nonobstant). Aussi bien l’issue ne sera-t-elle plus politique, à
présent. Je l’ai déclaré dans un autre entretien, en volume, celui-là, avec
Philippe Karsenty : 2017 était la dernière chance avant le Grand
Remplacement. J’aurais dû préciser :
la dernière chance politique.
►À
travers les décisions, ou les non-décisions, de ce premier semestre du
Président Macron à la tête de l’État, décelez-vous une quelconque évolution de
la politique dans le domaine de l’immigration qui serait de nature à vous
rassurer, ou au contraire ?
P
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as
du tout, et très au contraire : on est entré dans le mode automatisé du
changement de peuple. Le remplacisme global est au pouvoir et il procède selon
un mode de gouvernement que j’ai appelé, par opposition à la démocratie
directe, la « davocratie » directe – le gouvernement par Davos -,
sans intermédiaire. Les grands argentiers du monde, ceux qui se réunissent une
fois l’an à Davos, ont constaté qu’ils étaient désormais assez forts pour gérer
directement le parc humain, en se passant de la caste politique, qui
représentait pour eux une perte de temps et d’argent. La France est un modèle,
à cet égard – le macronisme supprime le microcosme : renvoi à leurs études
de toutes les grandes figures de la vie politique depuis trente ans, les
Sarkozy, les Hollande, les Juppé, voire les Marine Le Pen ;
constitution d’un gouvernement de second couteaux ; remplacement de la
représentation nationale par une cargaison de zombies à peine alphabètes qui
doivent tout au pouvoir et sont bien résolus à ne lui faire ni ombre ni peine.
On vient à bout des pouvoirs locaux en les
mettant au pain sec et à l’eau, en organisant leur ruine, même. Surtout,
surtout, on pulvérise les partis politiques : des trois dont les Français
croyaient il y a encore un an qu’ils avaient en main le destin de la nation,
pas un ne tient encore sur ses jambes aujourd’hui. Le changement de peuple avait déjà échappé au peuple, voici qu’il échappe
à ses élus. Il est géré par des machines, ou par des hommes au cœur de
machine.
Entre
remplacistes et anti-remplacistes, macroniens et identitaires, on en arrive
ainsi, sur un point unique, à une étrange convergence, due à une coïncidence,
ou à la rigueur extrême de l’opposition : les deux parties sont d’accord
pour sortir de la politique, laquelle d’ailleurs suppose un peuple, et il n’y a
pratiquement plus de peuple. Les remplacistes et Macron sortent de la politique
par l’économie, par la finance, par la gestion d’entreprise, par The
Principles of Scientific Management, qui est à la fois leur « Das
Kapital » et leur « Mein Kampf », presque aussi
terrifiant (« Dans le passé, l’homme était premier, écrit froidement
Taylor ; à l’avenir, c’est le système qui doit être premier »). Les anti-remplacistes et moi, si j’ose
dire, voulons sortir de la politique par l’Histoire, ou par l’ontologie.
En effet, quand la seule question
sérieuse qui se pose est celle de la survie d’un peuple et d’une civilisation,
ce n’est pas de la politique, cela : c’est de l’Histoire. De
Gaulle à Londres, ce n’était pas de la politique, mais de l’Histoire. C’est
pourquoi Karim Ouchikh et moi, à Colombey-les-Deux-Églises, le 9 novembre, jour
anniversaire de la mort du Général, et près de sa tombe, avons créé un Conseil national de la résistance
européenne, que nous comptons constituer et élargir par cooptation. Mais
c’est un autre sujet, cet entretien est déjà trop long, je vous en parlerai une
autre fois, si vous m’en donnez l’occasion.■ Source