ÉCONOMIE
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taux d’intérêt remontent, suite à la prise en compte des risques et à la
résurgence des craintes d’inflation. Le Dow Jones a reculé de 2,58 % le
vendredi 2 février et la Bourse de Paris est déjà dans le rouge pour l’année
2018, tandis que le bitcoin, autre sinistre présage, poursuit sa descente aux
enfers en étant déjà passé de 20.000 dollars, en décembre 2017, à moins de
7.500 dollars.■
LES PRÉMICES D’UN KRACH FINANCIER
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ernard Arnault, lors d’une
interview toute récente au Figaro, a pu déclarer : « Il n’y a pas eu de crise mondiale
depuis plus de dix ans. Cela ne va pas durer. Dans les cinq ans qui viennent,
une crise surviendra », tandis que l’économiste Jean-Pierre Robin
constate, d’une façon plus précise, que l’économie américaine vit aujourd’hui
la troisième reprise la plus longue de son histoire, soit 103 mois – le début
remontant à juillet 2009.
Maurice Obstfeld, chef
économiste du FMI, a reconnu à Davos que les arbres ne peuvent monter jusqu’au
ciel : « Le prochain
retournement à la baisse pourrait intervenir plus vite que prévu et s’avérer
plus difficile à combattre », tandis que Christine Lagarde lançait un
avertissement à l’Europe, et plus particulièrement à la France, « qui n’a pas su réparer son toit
quand il faisait beau », suite à la fin du célèbre alignement des
planètes.
La
France aura connu, avec Hollande et son ancien ministre et conseiller
économique Macron, un inacceptable déficit budgétaire et commercial, un niveau
extravagant de chômage et d’endettement public, des entreprises, des banques et
des ménages hyper-endettés.
DES SIGNES D’INQUIÉTUDE
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a BCE n’est pas, non plus,
très rassurante. Benoît Cœuré, membre du directoire, vient d’émettre des vœux
pessimistes trop tardifs à Ljubljana, en Slovénie, souhaitant accélérer les réformes pour éviter l’éclatement de la zone
euro lors de la prochaine crise.
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Marc
ROUSSET, Économiste
Ancien
haut dirigeant d'entreprise
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Il a confirmé que les taux étaient
historiquement bas et que la BCE, depuis 2015, avait déjà acheté plus de 2.300
milliards d’euros d’obligations d’une façon non conventionnelle. Le taux de
référence du Bund allemand est passé, en un mois, de 0,40 % à
0,75 %. Et si l’on se tourne vers
les États-Unis, ce n’est pas, non plus, très réconfortant. Le rendement des
bons du Trésor américain, qui était proche de 2,4 % en début d’année,
s’est envolé à plus de 2,85 %, pour la première fois depuis avril 2014. Alan
Greenspan, qui fut président de la Fed de 1987 à 2006, aujourd’hui libre de ses
paroles, agite le spectre d’un éclatement de la bulle. Il a estimé, dans un
entretien à Bloomberg, qu’il y a
deux bulles sur les marchés financiers, « une sur les actions et
l’autre sur les obligations ».
TROP DE LAXISME EN MATIÈRE DE CRÉDIT
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l se trouve que, lorsque le
même Alan Greenspan avait quitté la présidence du Conseil des gouverneurs de la
Réserve fédérale en 2006, on le surnommait « maestro ».
L’inflation et le chômage étaient faibles et la croissance honorable. Un an
plus tard éclatait la bulle immobilière qui allait précipiter la plus grande
crise financière de l’histoire contemporaine car Greenspan avait été trop laxiste en matière de crédit et de taux
d’intérêt pas assez élevés.
Bis repetita placent. Les
mêmes reproches seront bientôt faits à Janet Yellen, qui a passé le flambeau de
la présidence, ce jeudi 1erfévrier, à Jérôme Powell. Martin Feldstein,
professeur à Harvard, estime que Yellen n’a pas reconnu assez tôt « les risques croissants des excès
d’appréciation de certains actifs ». Bref, Wall Street se retrouve
exactement dans la même situation qu’en 2000 (bulle Internet) ou 2006 (scandale
des subprimes) avec une bulle immobilière, obligataire et des actions.
Lors
de la dernière séance de la Fed, Janet Yellen a repassé la patate chaude à Jay
Powell en ne remontant pas les taux. Il est probable que ce dernier va
augmenter à nouveau les taux directeurs les 20 et 21 mars prochains, avec trois
hausses à prévoir en 2018, ce qui pourrait contribuer à faire éclater les
bulles.
Les
récessions américaines se manifestent, en moyenne, tous les cinq ans. Nombre
d’économistes s’attendent à ce que le coup de tabac survienne alors que Jay
Powell sera à la barre.
►Mais, cette fois-ci, ce pourrait être
un véritable tsunami à l’échelle mondiale, avec un risque non négligeable
d’écroulement total du système économique et monétaire, du capitalisme
financier, avec des répercussions inimaginables.■