ÉCONOMIE
Depuis un an et demi,
l’emploi industriel progresse en France et l’industrie y crée plus d'usines
qu’elle n’en ferme. Pourtant le secteur attire peu et peine à trouver des
ouvriers qualifiés, malgré huit ans de politiques publiques.
«Pour
la première fois depuis 2000, l’industrie française crée plus d’emplois qu’elle
n’en perd, et ouvre d’avantage d’usines qu’elle n’en ferme»,
affirment en chœur Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, et
Agnès Pannier-Runacher, sa secrétaire d’État, dans l’éditorial qui ouvre le
dossier de presse de la 9e semaine de l’industrie.
Cette manifestation, créée en 2011
sous la présidence de Nicolas Sarkozy, consiste en opérations de promotion des
métiers du secteur des entreprises manufacturières. Huit ans après sa première
édition, elle semble avoir toujours le même objectif : lutter par la
pédagogie contre «le manque
d’attractivité des métiers industriels en France, en partie lié à un déficit
d’information sur ces derniers» comme l’expliquait déjà la communication
gouvernementale de l’époque.
En effet, les créations d’entreprises
industrielles s’accompagnent de recrutements d’ouvriers qualifiés parfois
difficiles à trouver sur le territoire d’implantation de la nouvelle unité de
production. C’est ce que souligne la dernière enquête Besoin de main d’œuvre
(BMO) de Pôle emploi, réalisée en 2018. Selon les données collectées, sur
203 000 recrutements dans l’industrie, la moitié étaient jugés difficiles.
Bercy va plus loin en affirmant que sur les 250 000 recrutements annuels prévus au cours des prochaines années, 50 000 pourraient ne pas être pourvus, faute de candidats, alors que le taux de chômage se maintient à 8,8% de la population active.
Bercy va plus loin en affirmant que sur les 250 000 recrutements annuels prévus au cours des prochaines années, 50 000 pourraient ne pas être pourvus, faute de candidats, alors que le taux de chômage se maintient à 8,8% de la population active.
Des salaires moyens 12% plus élevés qui
n'attirent pas
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Usine Ford de Blanquefort :
850 emplois menacés
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Et le «Top 10 en part de recrutement difficiles» réalisé par Pôle emploi
en 2018, dans le cadre de son enquête BMO, était largement dominé par des
métiers du secteur manufacturier comme les charpentiers, régleurs,
chaudronniers, dessinateurs en électricité et en électronique, etc.
Contrairement à certains secteurs comme la restauration ou l’aide à domicile,
ce n’est pourtant pas un problème de rémunération qui complique les
recrutements. Selon Bercy, les emplois dans l’industrie, en plus d’offrir «des perspectives de carrières
intéressantes et des durables», offriraient des salaires moyens de 12% plus
élevés que dans les autres secteurs.
Aussi, les efforts du gouvernement
semblent-ils dirigés vers les jeunes de 11 à 25 ans, les enseignants
professionnels de l’orientation et responsables d’établissements scolaires ou
d’enseignement supérieur, de formations techniques et technologiques auxquels
la Semaine de l’industrie s’adresse en priorité. Ils sont soutenus par une
campagne de communication intitulée « #Jobsinattendus »
pour laquelle ont été mis à contribution deux jeunes « youtubeurs » qui signent leurs vidéos «HugoPosay» et «LouanneManShow».
Cependant, pour soutenir le
développement de l’industrie en France, le gouvernement s’intéresse aussi à la
collaboration des élus locaux, de la fonction publique territoriale et des
entreprises. À l’issue du dernier conseil national de l’industrie a été décidée
la création de 136 «territoires
d’industrie» dans chacun desquels seront signés des contrats entre élus
locaux et industriels pour répondre à quatre enjeux : recruter, innover,
attirer et simplifier.
1,3 milliard d'euros de financements publics
En plus des moyens humains et
techniques, l’État et ses opérateurs comme BP France, ou la «Banque des territoires» (une direction
de la Caisse des dépôts et consignation) ont prévu d’allouer 1,3 milliards
d’euros à ce programme.
Après la «French Tech», l’action du gouvernement en faveur du développement
industriel des territoires ne pouvait aller sans un label à consonance
internationale. En l’occurrence : «French
Fab». Abréviation de l’adjectif «fabulous»
(fabuleux) ou du mot «fabric»
(tissu). Fabuleux tissu industriel français ?
L’industrie en France employait en
2018 3,1 millions de personnes, réalisait 1 062 milliards de chiffres
d’affaires et, l’année précédente elle avait compté pour 12,5% du
Produit intérieur brut (PIB). En 2018, année difficile sur le plan économique,
la production industrielle croissait de 0,7% et les créations d’entreprises
industrielles augmentaient de 14%.
En
revanche, les emplois de l’industrie ne sont pas toujours durables : sur
les quelque 200 000 emplois créés par le secteur en 2018, seuls 2 200
sont des emplois pérennes sur un an, selon les chiffres croisés de l’Insee et
de la Dares (direction de la statistique du ministère de l’emploi). Source