lundi 4 décembre 2017

Lorsque les juges européens désavouent la Justice des États européens – par Albert LEIMGRUBER

EUROPE

L
a Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) impose progressivement sa marque dans les grands débats de société. Au nom du respect des « droits de l’Homme », l'ingérence croissante de la CEDH dans les jurisprudences nationales se fait de plus en plus sentir.■
 
D
epuis la convention de 1950, tout justiciable peut, après avoir saisi les tribunaux nationaux, se tourner vers les juges de Strasbourg dont les arrêts s'imposent ensuite aux États. « Il n'y a pas si longtemps, on aurait prudemment évoqué l'influence européenne, aujourd'hui, le mot «diktat» affleure aux lèvres de nombreux spécialistes », écrit le Figaro en 2012 déjà. « En principe, c'est le Parlement qui vote les lois dont veut une société, ce ne sont pas à quelques juges d'horizons différents de trancher des débats nationaux» estimait un membre du ministère des Affaires étrangères français. Les juges européens, sont devenus une menace pour la démocratie.

Albert LEIMGRUBER
Les juges européens n'ont en effet pas hésité à prendre à bras-le-corps des questions aussi intimement liées aux fondements d'une société que celles du mariage, des relations familiales, des successions, ne reculant pas à l'idée de faire trembler le Code civil hérité de Napoléon. «Il n'est pas du tout exclu que d'ici quelque temps la CEDH nous impose de revoir notre conception française du mariage, si elle constate un consensus dans le reste de l'Europe tendant à l'admission du mariage homosexuel», explique Romain Boffa, professeur à l'université de Lille-II.

En Allemagne, c’est la jurisprudence par rapport à l’immigration qui fait réagir Roman Johannes Reusch, Procureur général à Berlin. Il relève le fait que la jurisprudence de la CEDH ne respecte plus la convention de Genève. Cette convention précise qu’en cas de délits graves, les délinquants étrangers peuvent être renvoyés dans leurs pays d’origine, même s’ils y sont menacés.

Or, la CEDH annule de plus en plus de procédures de renvoi en justifiant la décision par des « conditions inhumaines » dans les pays d’accueil. Les conditions inhumaines sont très vîtes atteintes selon la logique de la CEDH. Une cellule qui ne compte que douze mètres carrés et qui est occupée par quatre détenus est déjà considérée comme faisant office de condition inhumaine. Il est probable que les juges de Strasbourg n’ont jamais vu la prison de Champ-Dollon de l’intérieur…

Le résultat est que des étrangers criminels ne sont plus renvoyés dans des pays pourtant membres de l’UE, pour raisons humanitaires. Pour M. Reusch, les juges Européens se permettent de prendre des décisions sans avoir une légitimité démocratique. En Suisse, le débat sur la primauté de la constitution fédérale sur les décisions de la CEDH est déjà lancé. Il est important de garder à l’esprit les critiques des instances juridiques des États européens, déjà confrontés à ce problème.

►Le droit international ne doit pas se substituer à l’État et supprimer la souveraineté nationale garante d’un ordre international stable dans lequel les citoyens restent l’autorité suprême et légitime.■ Source





La décadence

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