TRIBUNE LIBRE
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n 2017,
le gouvernement a engagé un processus en vue de proposer un projet de loi
visant à qualifier de délit répréhensible le harcèlement et la violence faite
aux femmes. Que ce soit au travail, dans la rue, dans les transports,
verbalement, physiquement, psychologiquement, afin de permettre d'y apporter
une réponse judiciaire et pénale.■
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t pourquoi pas, puisque
désormais les règles élémentaires de savoir vivre, de respect, de politesse, de
bienséance ne sont plus qu'un lointain souvenir et reléguées au musée de la
ringardise puisque devenues poussiéreuses et obsolètes.
Par contre si une loi doit
s'imposer pour réglementer et sanctionner des comportements « inappropriés », voire criminels, il
est un domaine où le harcèlement n'est pas combattu mais au contraire encouragé
et imposé sans vergogne à l'ensemble de la population tous sexes confondus !
Il
s'agit de la publicité tapageuse qui a pris des proportions telles que nous
sommes désormais soumis à un véritable matraquage permanent et violent, asséné
par de nombreux supports, visuels, audiovisuels, numériques.
La pub, un harcèlement intolérable !
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a Pub est partout, omniprésente,
envahissante, tentaculaire. Nous sommes agressés du matin au soir, à chaque
instant, et n'avons plus aucun répit
pour échapper à ce fléau parasitaire, que ce soit en circulant sur les
routes avec les panonceaux toujours plus nombreux qui les jalonnent, en
allumant la télé où sur de nombreuses chaînes les émissions diffusées sont « saucissonnées » pour vous obliger à
ingurgiter les spots commerciaux. Avec pour conséquence qu'un film d'une durée initiale
d'1h40 vous oblige désormais contraints et forcés à rester 2h15 devant votre
téléviseur si vous voulez connaître l'épilogue. Ce qui s'assimile à une véritable prise d'otage. Sur internet où
tous les sites sur lesquels vous surfez, « on »
vous abreuvent de placards publicitaires, de vidéos promotionnelles, vous
imposent des cookies destinées à étudier vos critères et habitudes de consommation.
Ce qui a pour but de créer des fichiers dont ne semble pas trop se soucier la
CNIL pourtant garante de la sécurisation des données.
Bref nous sommes
contraints d'évoluer dans un environnement où les marchands se sont introduits
en force et en nombre pour nous solliciter avec insistance et agressivité sans
que nous ayons la possibilité de nous y soustraire, sauf à envisager une
retraite dans un secteur retiré du monde où l'électricité n'est pas distribuée,
oublié des opérateurs téléphoniques et où personne ne passe : un retour à l'âge de pierre au fond d'une
grotte.
Il y a donc là
incontestablement une forme de harcèlement intolérable mais parfaitement toléré
et pour lequel il n'est pas prévu d'apporter la moindre atténuation et encore
moins une quelconque action ayant pour but d'en limiter les nuisances avec même
pourquoi pas pour objectif l'abrutissement de masse des individus à l'aide
d'images subliminales sans cesse martelées, une forme machiavélique de
diversion destinée à éloigner les moutons bêlants des sujets qui fâchent.
C'est
de toute évidence une atteinte à la liberté individuelle, celle qui devrait
consister à ce que l'on vous foute la paix, sachant que l'on doit être en
mesure sans aide extérieure de pouvoir acheter des culottes anti fuites, des
voitures, changer de smartphone, consommer des yaourts, du gel douche et
comparer les tarifs des assurances ou des nuitées hôtelières sans que personne
ne cherche à vous forcer la main.
La publicité est aujourd'hui
devenue intrusive, invasive et doit être considérée comme une forme de
harcèlement au même titre que le geste déplacé envers une femme que l'on croise
dans la rue ou dans le métro. Même s’il s'agit d'un secteur économique
générateur d'activité et donc créateur d'emplois, mais qui devrait être
rigoureusement encadré avec des limites de nuisance tolérable, supportable comme c'est le cas pour les décibels ou les
doses de radioactivité, donc avec des valeurs basses à défaut, hélas, d'être nulles.■