Le Conseil
d'orientation des retraites (Cor) a aggravé de près de 3 milliards d'euros les
perspectives de déficit des régimes de retraites, d'ici à la fin du
quinquennat, dans un rapport approuvé mercredi, dont une première version avait
fait l'objet de fuites dès lundi.
Composé
de hauts fonctionnaires, parlementaires, partenaires sociaux et de
personnalités qualifiées, le Conseil, présidé par Raphaël Hadas-Lebel, a estimé
que le besoin de financement du système de retraite (y compris le Fonds de
solidarité vieillesse) passerait de 0,7 à 1% du PIB entre 2011 et 2017, soit de
14 à 21,3 milliards d'euros.
La
première version du rapport, soumise aux membres du Conseil, faisait état d'un
besoin de financement de 0,7 à 0,9% de PIB, soit de 14 à "seulement"
18,8 milliards.
Les
perspectives financières contenues dans le rapport, basées sur trois principaux
scénarios (dits A, B, C) et deux variantes (A' et C'), montrent également que,
si rien n'est fait, le déficit continuera de se creuser pour représenter 0,9 à
1,1% du PIB en 2020, selon les scénarios et variantes, soit de 20,8 à 24,9
milliards.
Le
déficit ne se réduit que dans le scénario A et sa variante A', particulièrement
optimistes, qui misent sur une hausse de 1,8 à 2% de la productivité et un taux
de chômage de 4,5% (actuellement de 10%).
Le rapport qui
contient des projections jusqu'à 2060, indique enfin qu'au-delà de 2020, le
déficit va se stabiliser, voire régresser, selon les scénarios.
Mais
le retour à l'équilibre, sans nouvelles mesures, n'est pas envisagé sauf dans
le scénario A (milieu des années 2050) et sa variante A' (début des années
2040).
La
variante C', la plus pessimiste, proposée par le Medef, envisage une
progression de seulement 1% de la productivité et 7% de chômage, un taux qui
n'a pas été enregistré en France depuis 1982.
"Le
COR n'a pas voulu, et je pense qu'il a eu raison, envisager une hypothèse de
10% de chômage d'ici 2060, ce n'est pas notre travail d'élaborer un scénario
catastrophe", a déclaré à la presse M. Hadas-Lebel.
Mercredi
à l'Assemblée nationale, la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine,
qui va piloter en 2013 une nouvelle réforme des retraites, a mis en cause le
gouvernement précédent qui avait promis, avec sa réforme de 2010, un retour à
l'équilibre en 2017.
Dans
un communiqué, le ministère souligne que la stabilisation voire la régression
du déficit du système de retraite au-delà de 2020, qui sont envisagées dans le
rapport, sont liées "au dynamisme démographique de notre pays".
"C'est la preuve que l'équilibre à long terme, quand les jeunes
d'aujourd'hui prendront leur retraite, peut être atteint si les mesures
adaptées sont prises", poursuit le texte.
Le
gouvernement, qui attend pour le 22 janvier 2013 un deuxième rapport du COR,
sur l'état des lieux des différents régimes de retraite, va ensuite former une
"commission pour l'avenir des retraites" qui va proposer
"différentes pistes de réforme".
Puis
une "phase de concertation" entre le gouvernement et les partenaires
sociaux aura lieu "à partir du printemps 2013", indique le communiqué
qui ne précise pas quand le projet de réforme gouvernemental sera soumis au
parlement.
Avec
AFP