Mêmes les pires
opposants de l’UMP, mêmes ses ennemis les plus déclarés – de la gauche extrême
à la droite très radicale en passant pas le centre tout mou ou trop alcoolisé
–, mêmes les voyant(e)s les plus renommé(e)s – de la très médiatique
Élisabeth Tessier au plus exotique Voyant Médium Africain de grande compétence,
M. Mamadou Kisétousurtou lui-même présentement – n’avaient prévu de tels
ubuesques développements à la crise de ce parti.
Qui
pourrait encore douter que lorsque Jupiter veut perdre certains, il met le
paquet pour les rendre raides dingues ?
Implosera,
implosera pas, les paris sont ouverts quant à l’avenir de l’UMP. Elle en prend
certes le chemin depuis dix jours, mais pourquoi les miracles
n’existeraient-ils pas – on en parle tant ! – et l’adage populaire le sait
bien qu’il y a aussi un Bon Dieu pour la canaille, fut-elle
gaullo-giscardo-chiraquo-sarkozyste.
À
défaut de gloser sur l’avenir de la peut-être provisoire principale formation
d’opposition et des responsabilités des uns et des autres dans la tempête qui
l’emporte actuellement, s’imposent toutefois quelques remarques subsidiaires…
Tout
d’abord sur l’honnêteté du vote… Jean-François Copé et ses partisans sont
accusés par François Fillon et les siens d’avoir faussé les résultats, bourré
les urnes, multiplié les fausses procurations, empêché les vérifications,
soutenu l’insoutenable, opéré tels de grands voyous, ainsi que le rival
malheureux du député-Maire de Meaux n’a pas manqué, si brutalement, de le faire
remarquer : les copéistes ne seraient rien d’autre que des maffieux.
Le
hic est que si rien ne prouve que le vote a été parfaitement régulier, rien ne
prouve non plus qu’il ne l’ait pas été et que s’il y a eu des
irrégularités, qu’elles aient été à sens unique, voire même qu’elles puissent
inverser le résultat final… Oui, mais…
Mais
dans l’opinion publique, fortement influencée comme d’habitude par la
quasi-totalité des médias, il est désormais entendu que cette « élection pour
tous » comme il en est des mariages du même nom, a fait de Jean-François Copé
le roi de la tromperie et de François Fillon la reine des cocues.
Certes,
les têtes de fourbe de service du premier et de chien battu chronique du second
pourraient légitimer une telle conviction… dans l’esprit de ceux qui se laisseraient
aller au grave délit de discriminations physiques et loin de nous une telle
pensée, n’est-ce pas ? Enfin, pas si loin…
Autre
argument largement évoqué par ceux qui hurlent à la fraude : il existe une
preuve irréfutable de la victoire de François Fillon, soit l’unanimité des
sondages d’avant les élections accordant une confortable avance des
intentions des votes en faveur de l’ancien Premier ministre. À les entendre, le
vote en lui-même était d’ailleurs superflu et cela aurait évité les déboires actuels
de ce parti… La vérité dans les sondages comme d’autres la trouvent dans le
vin, en quelque sorte.
Faisons
remarquer aux partisans d’une telle procédure simplifiée de désignation des
vainqueurs qu’il n’est toutefois guère certain qu’au prix où les Instituts
professionnels de la chose facturent leurs prestations, les candidats eussent
fait de notoires économies… ni que la fiabilité des résultats proclamés n’ait
été tout à fait exempte de légitime suspicion.
Enfin,
ne boudons pas notre plaisir : si quelques commentateurs ont tout de même
rappelé comment les leaders de l’UMP s’étaient finement gaussés des
socialistes, à l’époque du congrès de Reims et de la désignation suspecte de
leur secrétaire général, quasiment aucun n’a fait la comparaison avec le
congrès de Tours du Front national, voilà deux ans… Marine Le Pen y avait alors
été élue présidente face à un Bruno Gollnisch qui l’avait félicité en
reconnaissant – en interne comme en externe – que l’élection avait été honnête.
Concluons
donc avec la proposition publiée cette semaine par ce facétieux bon samaritain,
ex-plus jeune doyen de France à l’Université Jean Moulin - Lyon 3 :
«
Communiqué de Bruno Gollnisch, député européen, ancien candidat à la Présidence
du Front National.
Bien
qu’ayant récemment quitté l’enseignement, je suis disponible pour des leçons
particulières, par exemple à l’attention de M. Fillon ? Ou de M. Copé ?
Leçons dont le thème
pourrait être : « Comment perdre une campagne interne avec élégance et
sans nuire à l’unité de sa formation politique. Discrétion assurée-Honoraires
modestes. »
Philippe Randa est
écrivain, chroniqueur politique et éditeur (www.francephi.com).