ÉCONOMIE
L
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e CAC
40 est revenu à 5.281, le rendement des bons du Trésor américain n’a pas
franchi le seuil des 3 %, celui des emprunts français de même durée est
retombé sous 1 % et retour au calme sur les marchés obligataires. Selon
Christine Lagarde, directrice générale du FMI, les actions ont connu une
correction, mais les fondamentaux de l’économie ne sont pas remis en question.
Elle se déclare, cependant, soucieuse de la dette des entreprises et des
entreprises zombies en Chine, suite à un financement laxiste.■
LES CRAINTES PERSISTENT
J
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ean-Pierre Robin, dans Le
Figaro, lui, reste préoccupé par un nouveau climat d’incertitudes après
l’euphorie de 2017 et se demande si Macron ne sera pas frappé par la
malédiction de l’an II pour les présidents de la République, une loi non écrite
de la Ve République. Les raisons
invoquées : les finances publiques dénoncées par la Cour des comptes avec
l’endettement considérable des ménages et des entreprises, une main-d’œuvre mal
formée et la sempiternelle grogne française. On aurait pu ajouter le
demi-million d’emplois perdus dans l’industrie ainsi que les 27.300 entreprises
industrielles disparues en dix ans.
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Christine LAGARDE
croise les doigts
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Pour la première fois, le
Vix (Volatility Index), l’indice de la peur, l’indice de la volatilité du
marché financier américain calculé par le Chicago Board Options Exchange, a
plus que doublé et dépassé les 50 points, le 5 février 2018. Or, depuis 1999,
il a dépassé 40 à seulement cinq reprises, chaque fois pour des krachs très
importants en 1998, 2001, 2002 et 2008 (crise des subprimes). De plus, contrairement aux affirmations de
madame Lagarde, les fondamentaux ne sont pas bons du tout. Nous entrons, en
fait, dans la phase finale d’une euphorie maniaque. D’ici dix-huit mois au plus
tard, l’euphorie se transformera en larmes et en catastrophe.
DES SOURCES POSSIBLES DE KRACH FINANCIER
A
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ux
États-Unis, le déficit public est en train d’exploser suite à la réforme
fiscale de Trump et son désir d’augmenter les dépenses d’infrastructures du
pays. Comme les crédits immobiliers en 2008, les crédits à la
consommation ont été titrisés et atteignent le chiffre exponentiel de 3.840
milliards de dollars. Même phénomène pour les prêts sur véhicules automobiles
titrisés pour un montant de 1.114 milliards de dollars, tandis que la dette
étudiante en partie insolvable est de 1.490 milliards de dollars et que les
crédits dits « revolving »
aux consommateurs s’élèvent à 1.000 milliards de dollars. La croissance aux États-Unis n’est pas durable car elle est malsaine et
repose sur une montagne de dettes.
Le
krach pourrait aussi venir d’Italie, avec sa dette publique de 132 % du
PIB et ses banques avec 350 milliards de créances douteuses à l’actif. La
Deutsche Bank, même recapitalisée par les fonds d’investissements en provenance
du Golfe, pourrait aussi connaître la faillite gigantesque du Kreditanstalt à
Vienne en 1931, deux ans après la chute de Wall Street en 1929.
Le
Nikkei, l’indice des actions japonaises qui avait dépassé 39.000 en
1989, est toujours, 29 ans plus tard, à 40 % en dessous de ce niveau, à
23.291, après être passé par un minimum de 10.000 en 2008, malgré une
impression monétaire folle, une dette supérieure à un million de milliards de
yens et des taux d’intérêt à zéro ou négatifs.
Quant
au pétrole, si le prix devait à nouveau grimper à 100 dollars le
baril, ce ne serait pas bon pour l’inflation, et s’il devait retomber de 60 à
moins de 30 dollars en raison des exploitations d’huile et de gaz de schiste
qui ont abaissé considérablement le niveau de seuil de leur rentabilité aux
États-Unis, cela pourrait conduire à une
explosion sociale en Arabie saoudite, avec des conséquences catastrophiques
pour le pétrodollar.
►L’or monte légèrement et ne s’effondre
pas, malgré la montée à venir des taux. L’état du monde est donc
très confus et pire que celui de 1929 avec ses nombreuses interconnexions
bancaires. L’incertitude du remboursement d’un hyper-endettement augmente. La reprise de l’inflation, une augmentation
des taux d’intérêt, une révision à la baisse des perspectives de croissance
guettent avec, à la clé, un double krach obligataire et des actions.■
L’AUTEUR
M
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arc
Rousset est un économiste et essayiste français, né le 20
mai 1944 à Lyon (7e). Il est diplômé d'HEC(1965), Docteur ès Sciences
Économiques(1969), MBA Columbia (1971) et AMP Harvard Business School. Il
a occupé des postes de direction générale et direction internationale au sein
des entreprises Aventis, [[Carrefour (enseigne)|Carrefour]
et Veolia.
Il a été, entre autres, directeur de la zone Asie pour la division chimie fine
du Groupe Rhône-Poulenc et directeur général expatrié à Sao Paulo, au
Brésil de deux sociétés : Rhône-Poulenc do Brasil et Rhodia Exportadora
Importadora qui exportait à partir du Brésil vers de très nombreux pays.
En 2012, Marc Rousset a été orateur invité aux « Assises de la France en
danger » à l'Espace Charenton à Paris. Depuis 2016 Marc Rousset est un
chroniqueur géopolitique, économiste sur Boulevard Voltaire.