POLITIQUE
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arine
Le Pen qui n'a pas réussi à l'emporter dans la lutte pour le fauteuil de l'Élysée
et qui n'aura pas non plus permis à son parti d'investir massivement les bancs
de l'Assemblée Nationale malgré des pronostics encourageants, s'est donc donné
comme objectif de revoir de fond en comble le fonctionnement et l'organisation
de ce mouvement fondé par son père en 1972. Pour ce faire, elle a engagé une
consultation auprès des adhérents à jour de cotisation en leur soumettant un
questionnaire destiné à collecter les doléances et les attentes de la base dans
l'optique d'une refondation en profondeur de son parti.■
LE POUR ET LE CONTRE
L
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a présidente a également
entamé un tour de France pour rencontrer les élus des fédérations régionales,
les militants, les adhérents, les sympathisants et, pour avoir assisté à l'un
de ces meetings, j'ai cru comprendre que pour Marine Le Pen, un changement de
nom du parti serait souhaitable, voire nécessaire. Même si elle nous assure que
cette éventualité ne sera retenue que si
une majorité pour le OUI se dégage puisque ce point figure parmi les
questions de la consultation actuellement en cours de dépouillement.
Les arguments
développés pour promouvoir le OUI au
changement de raison sociale seraient d'une
part permettre le recrutement de nouveaux adhérents qui n'osent pas
franchir le pas en raison d'une image négative, il est vrai savamment entretenue
depuis des lustres par les adversaires du FN, et d'autre part faciliter les alliances avec d'autres mouvements
nationalistes, souverainistes qui partagent les idées mais qui eux aussi
seraient freinés dans leur ardeur par cette marque de fabrique qui ferait
office de repoussoir !
Personnellement,
j'estime que ces deux raisons ne tiennent pas la route et que vouloir remplacer
l'appellation du parti n'est pas une bonne idée car
le Front National est composé majoritairement « d'anciens » qui ont adhéré sous la présidence de Jean-Marie Le
Pen, donc en toute connaissance de cause et que si ils ont emboîté le pas à la fille du fondateur lors
de la passation de pouvoir, ils pourraient à juste titre s'estimer rejetés,
trahis en cas de modification du nom de baptême. En ayant le sentiment que l'on
cherche à tourner une page dont il faudrait avoir honte, renier ces années de
militantisme, de lutte pour la défense des idées du parti, y compris et surtout
durant les années difficiles où se revendiquer FN vous estampillait
immédiatement de l'étiquette infamante de «
Facho », de honte pour la France.
Concernant
les jeunes, si bien que partageant les idées ils ont des états
d'âme pour rejoindre le mouvement au motif que le nom les chagrine, le mieux
est qu'ils renoncent à pousser la porte car cela voudrait dire que leurs
convictions ne sont pas suffisamment ancrées, que leur motivation n'est pas
totale et que ce sont donc des recrues peu fiables qui pourraient s'avérer
versatiles.
Idem
pour les alliances car quel que soit le nouveau nom du parti,
ceux qui pourraient accepter de faire route commune seront de toute façon
montrés du doigt, cloués au pilori par les adversaires qui estimeront qu'il ne
suffit pas de repeindre la devanture pour se refaire une virginité.
Marine
Le Pen prend donc un énorme risque en envisageant cette modification de
dénomination car il n'est pas garanti que la manœuvre soit couronnée de succès
et que pour quelques ralliements gagnés, combien de désertions seront à
dénombrer !
UN COUP DE POKER À DOUBLE TRANCHANT
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'autant qu'elle semble
occulter un point pourtant majeur, à savoir que si le Front National change
d'appellation, le nom de Le Pen restera rédhibitoire pour beaucoup et les
opposants à ce parti, les adversaires
politiques, les médias auront beau jeu de mettre en avant cet anachronisme
puisque le nom du mouvement et celui hier de son créateur et aujourd'hui de sa
présidente sont intimement liés et même indissociables.
Nous l'avons d'ailleurs déjà
entendu de la bouche de détracteurs qui ont estimé que remplacer le père par la
fille ne changeait strictement rien et que le FN restait un parti
infréquentable en argumentant que les chiens ne font pas des chats et qu'en
conséquence même sous une autre appellation le résultat serait le même.
Si
la présidente du FN souhaite et pense voir son parti se renforcer et continuer
à tenir une place importante sur l'échiquier en le débaptisant, il est
impératif dans ce cas qu'elle cède la place à quelqu'un de moins « marqué »
sentimentalement, ce qui veut dire que Marion Maréchal ne pourrait pas non plus
reprendre le flambeau aux couleurs du parti, dans l'hypothèse bien sur où cette idée serait en gestation !
Mais si vraiment Marine veut
dépoussiérer le Front National en gommant son historique et ses quarante-cinq
années d’existence, il y a peut-être une option plus simple que de lui
attribuer un nouveau nom, celle qui consiste à déposer le bilan du FN et
basculer chez « Debout la France »
de Nicolas Dupont-Aignant ou l' « UPR »
de François Asselineau qui eux aussi cherchent à renforcer leurs partis
respectifs et qui proposent un programme assez voisin mais avec des enseignes
moins sulfureuses.
C'est
un coup de poker à double tranchant et avant de prendre cette
décision lourde de sens et sans doute de conséquences, peut être devrait-elle
s'inspirer de ce qui se passe chez ses adversaires.
►À
commencer par se poser la question de savoir si le fait pour l'UMP d'être
devenu « Les Républicains » aura amélioré l'image et les performances
de ce mouvement, l'aura « boosté », ce qui au vu des divisions que l'on
constate en son sein est loin d'être une certitude !■