LIVRES
« Un des caractères
particuliers de nos romans, écrivaient les Goncourt en janvier 1861, ce
sera d’être les romans les plus historiques de ce temps-ci, les romans qui
fourniront le plus de faits et de vérité vraies à l’histoire morale du
siècle ».
I
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ls ont affirmé, à maintes reprises, que
leur roman était une œuvre d’observation et que « l’idéal du roman, c’est
de donner avec l’art la plus vive impression du vrai humain quel qu’il
soit ».
C’est cette conception du roman qui m’a
incité en 1982 avec « Les larmes de la passion » puis, en 1990 avec
« Afin que nul n’oublie » à écrire, sous cette forme, l’Histoire de
l’Algérie française en incorporant aux faits et aux événements, rigoureusement
réels, des personnages de fiction.
José CASTANO
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En 1984, j’avais également
fait paraître un roman historique « La
Princesse berbère » (La Kahéna) qui contait à travers des faits réels
la fabuleuse épopée de cette reine berbère qui s’opposa avec grandeur, au
VIIème siècle, à l’invasion arabe de l’Afrique du Nord. Cet ouvrage obtint le
prix « Mare Nostrum » et
connut un vif succès auprès de la communauté berbère de France et celle des
Français originaires d’AFN, passionnés qu’ils sont par l’histoire de ce pays
qu’ils ont aimé au-delà de la raison…
Vite épuisé puis réédité à
trois reprises, de nouvelles réalisations ne permirent pas de tirages
supplémentaires… jusqu’en 2017. De nos jours, ce personnage hors du commun
occulté par les livres d’histoire, vagabonde toujours dans les esprits rêveurs…
Le sectarisme et
l’exclusion à l’égard de la culture berbère dès l’indépendance des pays du
Maghreb (les chaires universitaires ont disparu en 1956 à Rabat et en 1962 à
Alger), la désinformation des livres scolaires, les atteintes perpétuelles au
patrimoine et à la mémoire, la mise sous séquestre du potentiel culturel,
artistique et intellectuel n’ont jamais permis aux Berbères de se réaliser…
d’où certaines similitudes avec la diaspora des Français d’AFN toujours en
quête de reconnaissance…
Aujourd’hui, ils
revendiquent leur appartenance à cette race fière, noble et libre
« Imochagh » qui caractérisait leurs ancêtres et, en quête permanente
de leurs racines, se penchent avec nostalgie sur leur histoire.
Cet ouvrage consacré à
la kahéna : « La
Princesse berbère » est venu les réconforter. C’est un plaidoyer, une
œuvre de mémoire qui répond à l’attente des uns et des autres... Et à travers
ces lignes imprégnées de poésie, de couleur, de vérité et de vie, ensemble, ils
s’imaginent participer à la fabuleuse aventure de cette reine qui marqua d’une
empreinte indélébile la résistance berbère en AFN.
Concernant la Kahéna,
il ne s’agit pas là d’un personnage « virtuel » mais ayant bel et
bien existé au VIIe siècle (époque de l’invasion arabe) et qu’Ibn-Khaldoun,
grand historien arabe, a fait revivre dans ses prolégomènes :
« Histoire des Berbères ».
… Quinze ans après la mort
du Prophète Mahomet, les armées arabes abordaient l’Afrique du Nord. Ce pays,
jadis transformé par la civilisation romaine, conquis à la
foi judéo-chrétienne, va entrer dans l’ensemble, de jour en jour agrandi
du monde musulman.
La Kahena
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C’est alors que, pour
faire face à l’envahisseur, une femme va organiser la résistance berbère,
réaliser la difficile unité du Maghreb et infliger aux cavaliers arabes de
cuisantes défaites. Celle-ci, connue dans l’histoire sous le nom de la
Kahéna, avait un caractère sacré. Il signifiait, la sorcière, la
prêtresse, la devineresse. Dihia –c’était elle- possédait en
effet un don prophétique et était vénérée de son peuple. Mais ses succès mêmes
causeront sa chute…
Durcie par ses victoires
dans une orgueilleuse intransigeance, ne vivant plus que pour son clan, cette
femme, si longtemps écoutée et obéie, ne pourra maintenir l’unité berbère et
juguler les séculaires rivalités entre tribus. Dès lors, elle prédira son
propre destin et, cernée par la trahison, verra dans un ultime baroud d’honneur
tomber les meilleurs de ses compagnons.
L’islamisation
de l’Afrique du Nord était en marche…
Un guerrière au service de
son Peuple
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C’est à travers des
faits réels rapportés par les éminents historiens que furent
Ibn-Khaldoun, Gautier, Gsell, Marçais, que l’épopée de cette reine berbère est
contée dans cet ouvrage selon la vision d’Ibn-Khaldoun : « Le but poursuivi est d’établir une
règle sûre pour distinguer dans les récits la vérité de l’erreur… un instrument
qui permette d’apprécier les faits avec exactitude ». Tel est, en
effet, le but que je me suis proposé d’atteindre en respectant les faits, la
chronologie des événements et jusqu’aux paysages de cette époque qui servent
d’écrin à l’extraordinaire épopée de cette « Jeanne d’Arc
berbère » qui incarna avec tant de grandeur la folie d’indépendance et la
fierté passionnée d’un peuple.
Aujourd’hui, l’épopée
de la Kahéna est encore fréquemment le sujet des poèmes que
psalmodient les rhapsodes indigènes dans les villages berbères. Une gloire, un vague nimbe, une auréole à
peine esquissée flottent au-dessus de sa tête et les Aurésiens gardent au cœur
son souvenir parce qu’elle est leur passé, parce qu’elle est et demeurera pour
des siècles encore leur kahéna et qu’elle cesserait d’exister s’ils
cessaient d’y penser et de l’aimer.■
José
CASTANO
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