JUSTICE
Jamais
ces hauts magistrats ne s'étaient ainsi exprimés solennellement d'une seule
voix.
Le premier président de la Cour de Cassation, la plus haute juridiction
française, et les premiers présidents de toutes les cours d'appel ont adopté
lundi 1er février une délibération commune. Une union sans précédent pour
dénoncer une « justice affaiblie ». Ils réclament plus de moyens et
critiquent des projets législatifs en cours, textes phares du gouvernement dans
la lutte contre le terrorisme.
Il n'y a, dans cette délibération, aucune référence
explicite à un texte précis. Mais l'accusation est franche : « Le
rôle constitutionnel de l'autorité judiciaire est affaibli par des réformes et
projets législatifs en cours », écrivent les premiers présidents.
Une autorité judiciaire que ces hauts
magistrats définissent comme garante de l'ensemble des libertés individuelles,
rôle qu'ils appellent à « reconnaître et à assoir effectivement ».
Ces propos visent notamment les perquisitions menées sous l'autorité
administrative ou les assignations à résidence. Des mesures rendues possibles
par l'état d'urgence, en vigueur depuis les attentats du 13 novembre, ou
prévues dans la réforme du code de procédure pénale qui sera présentée mercredi
en Conseil des ministres. Or ces mesures
ne sont contestables que devant la justice administrative et les hauts
magistrats réclament un droit de regard de la justice judiciaire.
Les premiers présidents dénoncent aussi le
manque de moyens des juridictions françaises. « Une pénurie persistante (...) qui
ne permet plus à la justice de remplir ses missions », écrivent-ils.
Ils réclament donc une hausse du budget.
Enfin, les hauts magistrats demandent une
réforme constitutionnelle qui garantirait l'indépendance de la justice. En
clair, qui couperait le lien entre les procureurs et le gouvernement. Une
réforme que le chef de l'État s'est dit prêt à engager.