S
|
ALASC Geneviève, née GASSER, (13.11.1926-08.12.2015) décédé à
Six-Fours-les-Plages, une cérémonie religieuse s’est déroulée à l’église
Saint-Pierre du Brusc à Six-Fours.
Fille d'un médecin d'Oran.
Petite-fille du sénateur radical, Jules Gasser (11.04.1865-28.05.1958), né à
Oran. Épouse du médecin gynécologue d'Alger, Jean Ernest Eugène Salasc. Mère de cinq enfants.
(en
Photo : Jean Salasc. Né en 1914, il décédera au
printemps 2009)n
Sœur de J-B. Gasser. Secrétaire au
sein de l'OAS-Alger, avec Mlle. Marguerrite Lombard, auprès du colonel Yves
Godard -qui avait participé à la révolte militaire du 22.04.1961- et qu'elle
hébergera. G. Salasc est arrêtée à Alger
le 09.09.1961 à son domicile, en présence de son mari (selon G. Fleury le
05.09.1961, ce qui n'est pas la bonne date), à la suite de l'arrestation de Maurice Gingembre (1) le 07.09.1961, puis elle est torturée à la caserne des Tagarins
à Alger (à coups de poing et de cravache, soumise à la torture de la baignoire
et de l'électricité selon le commandant Le
Mire) (2), occupée par les
gardes mobiles sous le commandement du colonel de gendarmerie Georges Debrosse (3). Son mari, Jean Salasc qui mangeait alors avec le colonel de
gendarmerie, G. Debrosse, ne savait pas du tout que son épouse était torturée
par ce chef des barbouzes. J. Salasc, chirurgien des Hôpitaux d’Alger,
s’occupait alors essentiellement d’obstétrique. Il connaissait le professeur
Félix Lagrot, avec lequel il nageait sur les quais d’Alger. Puis, G. Salasc est
hospitalisée à la clinique Lavernhe. Le 18.09.1961, dans une lettre adressée à
Debrosse puis à la «LDH», et aux parlementaires, le général Raoul Salan dénonce
les tortures qu'elle a subies: ".Que vous consentiez à souiller votre
uniforme du sang de mères de famille, telles que Mme. Salasc... ce n'est pas
pensable.".
Le 16.10.1961, dans une lettre à Maurice Patin (4), Jean Morin (5) précise: "il apparaît hors
de doute qu'à un moment indéterminé de cet interrogatoire des violences certes
infiniment moins graves que les tortures détaillées par la propagande
rebelle aient été exercées sur Mme. Salasc, mais elles n'ont jamais été la
cause de l'hospitalisation de l'intéressée.". Le 17.10.1961, le professeur Goinard Pierre –doyen de la Faculté de médecine
d’Alger- établit une attestation relative aux tortures subies par Mme. Salasc.
Dans une lettre à Louis Joxe (6) du 30.10.1961, J. Morin précise: "qu'il
n'est pas déniable qu'à un moment indéterminé de son interrogatoire, Mme.
Salasc ait été malmenée. Mais les violences qui ont pu être exercées à son
encontre n'ont aucune commune mesure avec les tortures rapportées par
l'OAS.". Pierre Voizard (7), membre de la Commission de
sauvegarde et des libertés individuelles, présidée par M. Patin, enquête et
rédige un rapport qui établit qu'elle a été victime de traitements odieux et
humiliants. Ce rapport est publié intégralement dans la "Nation française"
le 29.11.1961.
Le 12.11.1961, à l’Assemblée nationale, les
députés débattent notamment, à propos des prisonniers politiques «Algérie
française» ou membres de l’OAS qui sont torturés dans les camps ou les prisons
et, ici, en particulier, à la caserne
des Tagarins à Alger, où sévit le
colonel Debrosse. Le député et avocat, Pascal
Arrighi, rapporte des faits : «Mme.
Salasc a été arrêtée le 9 septembre, à une heure du matin, par les gendarmes du
colonel Debrosse. Aussitôt interrogée par le colonel Debrosse et refusant de
répondre, elle a alors été livrée à 4 civils qui l’ont amenée, cachée sous une
cagoule, dans une cave. Elle a été entièrement dévêtue, bâillonnée, logotée
puis battue à coups de poing, de pieds, de gifles, enfin passée au courant
électrique…Refusant toujours de parler, elle a été, au matin, ramenée au
colonel Debrosse et, un syndrome abominable faisant son apparition, le colonel
Debrosse a fait alors appeler le professeur Giraud, qui a ordonné une
hospitalisation et a pu faire le bilan des sévices et de leurs traces
essentielles : traumatismes multiples ayant entraîné des hématomes
visibles sur la face et les quatre membres ; traumatisme cervical ;
traumatisme facial avec énorme hématome prémalaire ; traumatisme d’un œil
ayant entraîné un glaucome post-traumatique. Elle a perdue connaissance à
certains moments, étouffée par un
bâillon et la tête maintenue en rotation forcée sur le côté pendant que
d’autres inspecteurs lui tapaient dessus…». Pascal Arrighi, face aux
mensonges, notamment du ministre des Armées, Pierre Messmer, poursuit : «Ici encore, j’ai le regret de lui
administrer la preuve contraire au
moyen d’un document officiel et irréfutable. J’ai sous les yeux, un rapport du 14.10.1961 de M. Pierre Voizard, membre de la
commission de sauvegarde («CSDLI»), et adressé à son président, M. Patin…».
Pour consulter les archives de
l’Assemblée nationale, relatives aux tortures infligées, notamment les pages
4080 et 4081 : (http://archives.assemblee-nationale.fr/1/cri/1961-1962-ordinaire1/055.pdf
). A la lecture des archives de
l’Assemblée nationale, on constate que d’autres femmes ont été torturées :
Mlle. Lombard Marguerite née en 1921, professeur de grec à Alger, .Mlle. Lucchetti Noëlle née en 1913, campagnes d’Italie, de France d’Indochine. Capitaine
de l’armée française.
Le Conseil de l'Ordre des médecins
d'Alger et le Conseil national de l'Ordre des médecins se portent partie civile
contre Jean Sicurani (8). Le
18.12.1961 à Paris, lors de sa conférence de presse, Jacques Soustelle (9)
évoque les tortures qu'elle a subies. Quant à l’historien, très engagé, Benjamin Stora (10), interrogé le
01.11.2012 par Amélie Blaustein Niddam pour «Toute la culture» qui lui pose
cette question : «Est-ce qu’il reste des tabous, est-ce que vous vous
posez des interdits ?», Stora
répond : «…Je ne pense pas qu’il
y ait des interdictions, mais il y a des zones d’ombre. Il reste à montrer
l’utilisation du Napalm et les viols des
femmes commis par l’armée française…». Cet historien est bien monaut et borgne. En 1962, le mari de
Genevieve, Jean Salasc est nommé à Dijon, tout en demeurant à Marseille. Le
11.12.2000, sur «Radio-Courtoisie», avec Jacques Zajec –ancien membre de l’OAS,
G. Salasc participe à une émission sur la torture. En 2011, elle adhère à
l'Adimad.n
(1) Maurice Gingembre. Docteur ès-Scienes. Engagé volontaire en 1939.
(2) Commandant Henri Le Mire, à la tête du 2ème RPIma en
Algérie. Auteur de «Histoire militaire de la guerre d’Algérie», Ed. A. Michel,
10.02.1982.
(3) Georges Debrosse. Lieutenant-colonel, lors de la révolte militaire
du 24.04.1961. Il est l’adjoint du commandant de la 10ème légion ter
des Gardes mobiles. Il est en relation avec la Sécurité militaire « SM»,
alors sous les ordres du général Charles
Feuvrier dépendant du cabinet du ministre des Armées, Pierre Messmer. Debrosse sera promu par De Gaulle au grade de
général de brigade.
(4) Maurice Patin. Président de la Commission de sauvegarde des droits et
des libertés «CSDLI», nommé par De Gaulle, le 13.08.1958.
(5) Jean
Morin. Délégué général en Algérie nommé par De Gaulle le 23.11.1960.
(6) Louis
Joxe. Ministre d’Etat chargé des Affaires algériennes, nommé par De Gaulle,
le 23.11.1960.
(7) Pierre
Voizard. Membre du «CSDLI». Il est l’auteur d’un rapport dénonçant les
tortures subies par les membres de l’OAS et les européens en général.
(8) Jean
Sicurani. Secrétaire général des Affaires politiques chargé de
l’Information à la délégation générale du gouvernement en Algérie, nommé par J.
Morin, en juillet 1961.
(9) Jacques Soustelle. Nommé Gouverneur général de
l’Algérie du 26.01.1955 au 01.02.1956.
(10) B.
Stora, lors d’une conférence à Strasbourg, en présence de la consule
d’Algérie, Yousfi Houria, le 07.07.2015, aborde le thème «Les singularités de
l’immigration algérienne en France des années 1920 aux années 1980».
Ce 07.07.2015 : B. Stora, aux côtés de Yousfi Houria, un embonpoint…
historique…
|
et une aisance significative, au
milieu des Algériens avec lesquels Stora se montre très cordial…
|
DELENCLOS Michel -
Chercheur en histoire. Biographe. Prix d’Histoire «19 mars 1962 ?
Waterloo ! »
Bibliographie :
Bulletin Adimad 2011.
De F. Laroche "Le courage est
leur patrie", Ed. St. Just, 1965.
De J. Soustelle "28 ans de
gaullisme", 1968.
De Le Mire "Histoire militaire
de la guerre d'Algérie", Ed. A. Michel, 1982.
De P. Gauchon et P. Buisson
"OAS", Ed. Jpn, 1984.
De R. Kauffer "Oas", Ed. Fayard, 1986.
De P. Vidal-Naquet "Face à la
raison d'Etat", Ed. La Découverte, 1989.
De Duranton-Crabol "Le temps de
l'OAS", Ed. Complexe, 1995.
De A. Deroulede "Oas", Ed.
Curutchet, 1997.
De V. Guibert "Les commandos
Delta", Ed. Curutchet, 2000.
De G. Fleury "Oas", Ed.
Grasset, 2002.
De Maurice Faivre «Conflits
d’autorité durant la guerre d’Algérie», Ed. L’Harmattan, 02.10.2004. De G.
Pujante "De l'Algérie de papa à l'OAS", Ed. G. de Bouillon, 2004.
De M. Harbi et B. Stora "La
guerre d'Algérie 1954-2004", Ed. R. Laffont, 2004. De Dard "Au cœur de l'OAS", Ed. Perrin, 2005. (http://www.algerie-francaise.org/silafrance/susini.shtml
)