HISTOIRE
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'Arménie
- Ce petit pays de trois millions d'habitants, montagneux et de rude
climat continental, était peuplé au VII° siècle av. J.C.de populations de
langue indo européenne, groupées autour de lac de Van , que rejoignirent
des Mèdes ; son relief accidenté n'empêcha pas les ravages de Huns et des
Khasars. Satrapie perse conquise ensuite par Alexandre le Grand, puis vassale
de l'empire romain, (qui distingua Grande Arménie, peuplée d'Arméniens et
petite Arménie ((Arméniens et autres en Cilicie);elle devint chrétienne au III
siècle après J.C.et entra dans l'Empire Byzantin en 1080.■
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n 1345, l'Église arménienne
se rattacha à Rome. Cette période permit le développement culturel et
artistique des Arméniens, notamment l'art de la miniature. Les Arméniens
célèbrent nos fêtes, parfois à des dates différentes.
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Ci-dessus
le passage de la Mer Rouge, enluminure de 15°siécle.
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L'Hégire de 622 envoya les Mamelouks
d'Égypte (esclaves affranchis regroupés en une vaste milice) conquérir la
Cilicie et l’Arménie, où ils se livrèrent à des massacres à l'origine
d'un premier exode des habitants.
Néanmoins des révoltes
permirent la formation d'un royaume sous contrôle musulman du 8° au 10°siècle,
mais la chute de Byzance partagea le pays entre Turcs et Perses,
jusqu'à ce que la Russie reprenne les régions d'Erevan en 1827 et Batoum en
1828 à la Perse.
Dès lors la partie encore
occupée vécut sous un plan programmé d'extermination des Arméniens par
les Turcs , qui provoqua un premier exode de 1895 à 1896 .En 1917 la Russie entrée
en guerre civile bolcheviks- russes blancs donna son indépendance à
l'Arménie, qui fut ainsi livrée au massacre ou à la fuite , entre 1916 et 1918
, crimes reconnus par le parlement allemand récemment, et que Recep Erdogan
refuse de reconnaitre .
En 1669 Colbert ministre de
Louis XIV avait autorisé des Arméniens à pratiquer le commerce à Marseille ;
beaucoup de réfugiés choisirent la France « terre
d'asile », la formule n'étant pas encore dévoyée. Leurs descendants
seraient plus de 500 000 à ce jour, parfaitement « intégrés », bien
que fidèles à leurs racines et à leur religion.
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Cathédrale Saint Grégoire à Erevan, la capitale
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Petite
Arménie et Grande Arménie
Carte
de la programmation du génocide
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Ceux
qui n'avaient pas le temps ou la force de fuir étaient abattus ou pendus.
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Entre 1915 et
1918 les Turcs, (Ottomans de la Sublime Porte), alliés des
Allemands, se livrèrent à des crimes programmés. Ceux qui n'avaient pas le
temps ou la force de fuir étaient abattus ou pendus. Les groupes de paysans
étaient « escortés » par des soldats.
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Les groupes de paysans étaient « escortés »
par des soldats. Après les incendies et les convois : les ruines,
les charniers, les crucifiés, les pendus et les ossements.
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Après les incendies et
les convois : les ruines, les charniers, les crucifiés, les pendus
et les ossements. Ces images ne datent pas de
la seconde guerre mondiale, mais de la première.
L’empire ottoman, qui
cherchait à dominer l'Europe et avait occupé les Balkans, se
trouvait à la fin du XIX ° siècle en décomposition; désigné
comme « l'homme malade de l'Europe », formule ambigüe attribuée au
tsar Nicolas 1er, car le territoire turc ne s'inscrit pas dans l'Europe
du Congrès de Vienne de 1815.
Par contre la Turquie
fut partie prenante du traité de Berlin de juillet 1878, qui s'appliqua à modifier,
sous la pression de l'Anglais Disraeli et la complicité de Bismarck, le traité
de San Stefano qui consacrait la défaite de la Sublime Porte en mars 1878. Une
fraction des « colonies perdues » lui fut restituée.
Les Turcs n'en furent
pas satisfaits et cherchèrent à s’approprier d'autres territoires. Les
Arméniens formaient alors une minorité chrétienne enclavée dans les montagnes,
les villages furent brûlés ; en Anatolie ils furent persécutés puis chassés. Quelle
raisons poussèrent Abdul Hamid II 1876 -19O8, dernier sultan à organiser un
premier massacre entre 1894 -1896 ? La haine d'une religion autre ? Le
mouvement Jeune Turc le renversa en 1908, devint dictature en 1913, et
organisa la déportation de l'élite arménienne sous Djemal Pacha, chef d'un
triumvirat d'officiers.
Puis ce fut le
génocide de ce petit peuple arménien, d’avril 1915 à juillet 1916,
poursuivi selon certains jusqu'à 1917, presque ignoré dans le tumulte meurtrier
de la Grande Guerre. On dénombra 1.500.000 morts, plus de 50.000
orphelins, et environ 450.000 rescapés qui se regroupèrent en diaspora en
Europe. On ne peut expliquer le silence occidental à ce sujet, alors que les
mêmes agissements des nazis sont encore, et à juste titre, dénoncés et
condamnés.
Parmi les exilés, le
compositeur Aram Khatchatourian, né en 1903 à Tbilissi en Géorgie, où son père,
d'une ancienne famille arménienne, fonda un atelier de reliure. Puis il décida
pour ses études de suivre son frère ainé à Moscou. Professeur au
Conservatoire, il mena parallèlement une carrière de compositeur qui lui conféra
une réputation mondiale. Il a valorisé les thèmes folkloriques arméniens
dans des œuvres pour orchestre. Mort à Moscou en 1978 il est
enterré au Panthéon de Tbilissi. Les compositeurs arméniens
ont offert à la ville de Marseille un buste de Katchatourian.
►L'Arménie actuelle, ancienne république
socialiste de l'ancienne URSS, a conclu un accord de partenariat avec
l'UE en 2017, et garde précieusement les témoins de son passé et n'oublie pas
son martyre.■ Source