ÉCONOMIE
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es médias
économiques complaisants et d’un optimisme béat ne nous ont encore jamais dit
pourquoi le prix du pétrole était subitement remonté à 68 dollars en janvier
2018. Si la Chine présente un danger systémique, suite à un déficit public
intérieur de 10 % du PIB, à des entreprises en surcapacité de production
trop endettées, aux crédits « pourris » de banques locales, avec de
possibles explosions sociales à la clé, un deuxième pays représente un très
grand risque : l’Arabie saoudite du jeune prince Mohammed ben Salmane.■
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es médias économiques
complaisants et d’un optimisme béat ne nous ont encore jamais dit pourquoi le
prix du pétrole était subitement remonté à 68 dollars en janvier 2018. Il
semble que ce soit pour des raisons géopolitiques en Arabie saoudite, car rien n’a changé du point de vue de
l’offre et de la demande.
DES CENTAINES D’OPPOSANTS ARRÊTÉS
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u nom de la lutte
anticorruption, Mohammed ben Salmane a fait arrêter du jour au lendemain, avec
l’aval de son père, deux cents princes,
ministres et milliardaires, pour les placer en détention dans les chambres
du Ritz-Carlton à Ryad. Seuls ceux qui
acceptent de renoncer à une part de leur fortune en exprimant des remords ne
seront pas emprisonnés et déférés en justice. Mohammed ben Salmane espère
ainsi récupérer cent milliards de dollars, soit 15 % du PIB saoudien.
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Prison
princière
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Sont détenus le milliardaire
Al-Walid ben Talal, première fortune du monde arabe et propriétaire du George-V
à Paris, et Bakr ben Laden, détenteur du plus grand groupe de BTP d’Arabie
saoudite. Mohammed ben Salmane joue donc le peuple, heureux de voir tomber des
têtes princières, contre les élites, mais il
s’agit en fait d’un coup d’État qui transforme le pouvoir, traditionnellement
collégial en Arabie saoudite, en monarchie absolue. Gare à la réaction des
familles princières, à un assassinat toujours possible ; de plus, le
peuple n’est pas dupe de la prise de pouvoir par Mohammed ben Salmane.
L’économie
en récession n’est pas saine : l’électricité, la
TVA et les carburants augmentent ; le chômage des jeunes (de 30 %)
s’accroît, tout comme le déficit budgétaire, les inégalités et la frustration
sociale. Le projet « Neom »
de cité du futur de cinq cents milliards de dollars est complètement irréaliste
alors qu’une réalisation semblable plus modeste au nord de Djeddah s’est révélé
un « four » complet.
CONTRATS JUTEUX POUR LES AMÉRICAINS
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ohammed ben Salmane s’en est
remis complètement à Trump lors de sa dernière visite en lui promettant trois
cent quatre-vingt milliards de dollars de contrats, dont cent dix milliards
d’armement. Aujourd’hui, les Américains
raflent tous les contrats, au lieu de 30 % précédemment, et les Européens
(dont la France) n’obtiennent presque plus rien. Pour le pétrodollar menacé
par le yuan-or chinois, ce sera donc quitte ou double pour l’Amérique ! Si Mohammed ben Salmane gagne son pari, le
dollar se maintiendra ; s’il est renversé, le dollar commencera à chuter
le jour même.
DANGERS AVEC D’AUTRES PAYS MUSULMANS
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ohammed ben Salmane s’en
prend également au clergé conservateur strict, souhaitant un islam
modéré ; il a fait arrêter des personnes influentes, mais gare encore à un
fanatique assassin, ce qui ne manque pas dans le pays gardien de l’islam.
La
politique agressive vis-à-vis de l’Iran, du Yémen, du Qatar et du Liban est
très dangereuse. Mohammed ben Salmane est devenu un proche de
Jared Kushner, le gendre juif de Trump, surnommé ironiquement « MBK » (« Mohammed ben
Kushner »). On comprend mieux, ainsi, le pourquoi des attaques violentes
et injustes de Trump contre l’Iran, soucieux de plaire à Mohammed ben Salmane
afin de défendre le dollar et les juteux contrats en Arabie saoudite.
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Égalité
homme-femme
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La
seule bonne nouvelle, c’est que les femmes musulmanes ont enfin obtenu le droit
de conduire dans ce pays moyenâgeux. La réalité, c’est que
Mohammed ben Salmane a de nombreux opposants, aussi bien dans les élites et les
familles princières que dans le peuple et les minorités chiites.
►La dernière fois qu’un des deux
premiers producteurs mondiaux de pétrole a connu un bouleversement politique
interne, c’était en Iran en 1979 : cela a conduit au deuxième choc
pétrolier.■