L’UMP, c’est la Côte
d’Ivoire, deux présidents pour un seul pays, et c’est la guerre civile des
chefs de gare. Sauf que les cocus sont les militants et une certaine idée de la
politique.
Et
dire que chaque Arlequin rêve de gouverner la France et qu’il n’est pas capable
de gérer une élection interne. Et dire que chaque candidat donne depuis des
lustres médiatiques des leçons de morale sur les valeurs, la République, la
Démocratie, et qu’ils s’entretuent de mots fratricides dignes des rues de
Palerme à l’heure sanglante des règlements de compte entre parrains. Par
l’intermédiaire des tontons porte-voix flingueurs les balles sifflent ; Fillon
parle de mafia et Copé, affublé d’un avocat de service, Me Spiner, ventriloque
de sa propre voix, sniper nasillard gonfle le verbe au point de s’outrer
jusqu’à traiter l’adversaire de « déserteur ». Guerre des baudruches gonflées
de vanités personnelles.
Cette
cacophonie bienvenue fait oublier les couacs d’une majorité erratique qui
gouverne sans gouvernail et se fissure de l’intérieur. Pauvre France ! Cette
comédie nombriliste dit plus que son ombilic. Elle révèle l’État du pays
politique. Des nains qui ne voient pas plus loin qu’eux-mêmes. On devrait se
réjouir, se frotter les mains, comptabiliser comme Borloo qui voit double les
orphelins qui abandonnent le naufrage pour s’accrocher à son radeau : piètre
vision de pitres politiques. La chose est plus grave dans sa relation avec les
malheurs du temps. On assiste à la fin d’une époque, à une dislocation de
l’organisation politique qui affecte toute la structure, à une crise du crédit
accordé aux hommes politiques qui ne
sont plus des hommes d’État, mais les accompagnateurs mous d’une crise
économique, morale, nationale, sur laquelle, épris d’eux-mêmes ils flottent
comme des épaves perdues. Pauvre France qui perd son triple A et qui s’émeut
d’apprendre que madame Pulvard perd Arnaud, avec un petit a, qui se passionne à
la lecture du feuilleton où un ancien ministre et un ancien premier ministre se
bombardent de billevesées tandis qu’on s’entretue en Corse, s’assassine à la
terrasse des cafés, se « kalachnikovise » à Marseille… et que
Hollande revient de Berlin berné sans budget européen. Il faut ouvrir les yeux
pour regarder le cauchemar en face.
La farce a assez duré
! La France mérite mieux que ces gestionnaires cacophoniques du chaos qui se
partagent le pouvoir pour avoir le pouvoir sans le peuple qui n’en peut plus.
Le système est à bout.
La
preuve ? On désespère de la politique avec ses reniements, ses donneurs de
leçons, ses vengeurs en onde spécialisés dans les meurtres médiatiques, ses
idéologues obtus, ses ricaneurs rancuniers, ses fermiers généraux qui nous
tondent, ses copains nommés, ses procureurs amis, ses traquenards judiciaires,
ses phrases toutes faites qui emprisonnent le langage, ses combines
calculatrices qui excluent plus de six millions d’électeurs, ses peurs
d’affronter la réalité française que les Français subissent tous les jours
silencieusement.
Il faut penser à eux,
toujours à eux, cela donne de la hauteur, et oser crier de ce promontoire: il y
en a marre, minables, en bas, tout en bas, on souffre !