À la veille des
vendanges de 2012, un riche industriel chinois a acheté le premier cru classé
dans le Bordelais. Cette grande région viticole compte déjà une trentaine de
propriétés passées sous le pavillon chinois.
La
Bourgogne n'échappe pas à cet engouement. La vente du château Gevrey-Chambertin
durant l'été a suscité un grand émoi. Cet investissement chinois, est-il un
phénomène de mode ou un placement à long terme ? La viticulture en France,
a-t-elle quelque chose à y gagner ?
Un
an de recherches précède souvent la transaction, qui s’opère en toute
discrétion. Pas d’interview, rarement une photo, seul un communiqué de presse
est envoyé au journal local.
Parmi les acquéreurs, on trouve des patrons de
grands groupes présents dans la métallurgie, le pétrole, l’immobilier,
l’agroalimentaire, la mode, la bijouterie, les salles de jeux, ou encore le
tourisme. Il y a une star de cinéma, Zhao Wei. Propriétaire depuis un an du
château Monlot, l’actrice a été intronisée à l’automne 2012 par les jurats de
Saint-Emilion. Un architecte, Wengcheng Li, a acheté en septembre 2012 le château
Lucas en appellation Castillon Côtes de Bordeaux. Parmi les acquéreurs de
vignes françaises, on trouve des représentants de la filière chinoise du vin,
comme cet heureux propriétaire du château du Grand-Mouëys, Zhang Jinshan,
producteur de la région de Ningxia connu pour son vin aromatisé aux baies de Goji.
LES CHINOIS MONTENT EN
GAMME
Souvent,
les nouveaux acquéreurs ne se contentent pas d’avoir une belle demeure avec des
vignes autour et qui en même temps devient une résidence de prestige ou une
destination œnotouristique ; ils développent également un réseau de cavistes en
Chine pour commercialiser leur production française. Et, depuis peu, les Chinois
montent en gamme. C’est vrai avec le château Gevrey-Chambertin en Bourgogne, et
avec le Bellefont-Belcier, grand cru de Saint-Emilion. Le groupe Haichang a
ajouté un dixième domaine à sa collection girondine. Le château Millaud
Montlabert est aussi un grand cru de Saint-Emilion.
Outre
le Bordelais et la Bourgogne, ce sont le Languedoc, la Loire et la Provence qui
suscitent l’engouement des Chinois. La dernière vente qui a fait beaucoup de
bruit en France s’est déroulée en septembre 2012 dans le département du
Vaucluse, dans le sud de la France. Le Domaine Bouche à Camaret-sur-Aigues a
été acquis par deux associés, un Français et un Chinois, réunis dans la société
Champ Dong Créations Industries basée à Paris et à Shanghai, et spécialisée
dans le commerce. Dominique Bouche reste le gestionnaire du domaine. Il
s’occupera de 24 hectares de vignes en appellations Châteauneuf-du-Pape et
Côtes du Rhône villages, entre autres. Les Chinois prospectent et achètent en
toute connaissance du marché. Il n’y a d'ailleurs pas que la France qui attise
leurs appétits, mais aussi le Nouveau Monde, avec l’Australie et les États-Unis,
notamment.
Avec
RFI