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Banksters dévoient le système bancaire et financier européen. La crise
financière de 2008 a poussé les instances mondiales, et européennes en
particulier, à adopter un arsenal de mesures dont l’objectif est de renforcer
le système bancaire et financier (compagnies d’assurances et dans une moindre
mesure les fonds de pension).
Pieter Kerstens |
Ce
renforcement passe au travers de la mise en place de directives européennes
visant à augmenter la liquidité des actifs bancaires et à la diminution de
l’effet de levier (le rapport entre les capitaux propres investis et les actifs
du bilan).
Malheureusement,
rien ou presque n’est mis en place afin d’assurer la qualité et l’efficience du
système financier européen. Ainsi aucun
seuil absolu et/ou relatif en matière de limite d’investissements n’est défini
pour les banques et pour le secteur dans son ensemble.
Par
exemple, l’exposition du secteur financier français concernant la dette
italienne représente près de 500 milliards d’euros, soit environ 1/3 de la
dette publique italienne. En matière de diversification, on a vu mieux. ¢
Pire encore : le secteur européen des compagnies
d’assurances est poussé, par la réglementation (Solvency II), à accroitre son
risque vis-à-vis des dettes souveraines ! Plutôt que de réduire le risque
systémique, la directive l’accroît ! C’est scandaleux !
Face
à ces obligations, les acteurs du secteur financier n’en restent pas moins des
sociétés orientées vers le profit. Afin de pallier à la mauvaise rentabilité
des dettes publiques, les institutions financières doivent chercher d’autres
sources de profits. Les banques tentent de se tourner vers les marchés
financiers, tandis que les assureurs augmentent leurs primes.
La déliquescence du
système bancaire européen est aussi un problème structurel, car les grandes banques sont bâties
selon le modèle de banque universelle, c'est-à-dire que les activités de
marché, risquées, ne sont pas séparées des activités de banque de dépôt. Et la
loi mal nommée « de séparation des activités bancaires », a été vidée de son
contenu. Aujourd’hui, vos dépôts bancaires dans les grandes banques européennes
financent des activités spéculatives, contrairement à ce que prétendent les
publicités de ces banques.
COMMENT
LES RAPETOUT EUROPÉENS VONT SPOLIER VOTRE ÉPARGNE
Car
la plus grande ignominie trouve son essence dans l’accord européen sur les
faillites bancaires, qui n’est que de la poudre aux yeux ! Les 27 et 28 juin
derniers, le sommet des Chefs d’État et de gouvernement a décidé des mesures à
prendre pour éviter que l’argent public ne soit encore utilisé pour sauver le
système financier et bancaire dans la zone euro.
En
effet, en cas de déconfiture d’une institution bancaire, les actionnaires
perdront tout ou partie de leur investissement. Mais si le montant des pertes
dépasse les capitaux propres de la banque (soit une perte supérieure à 8% du
montant total des actifs), ce sera au tour des créanciers les moins bien
assurés puis, le cas échéant, les détenteurs d'obligations dits
"seniors" et en dernier recours les déposants, au-delà de la somme de
100 000 euros, qui paieront les dégâts !
Que ce soit des particuliers ou des sociétés… (cf. Chypre).
Mais qu’en sera-t-il
de la fameuse « garantie » pour les comptes de moins de 100.000€ ?
Sachant
qu’une banque comme BNP-Paribas-Fortis dispose d’à peu près 75 milliards € de
fonds propres pour un bilan de 2.500 milliards (sans compter le hors-bilan qui
représente plusieurs fois le bilan), un simple risque de contrepartie,
c’est-à-dire un défaut d’un acteur financier avec lequel BNP-Paribas-Fortis a
des relations commerciales financières, et les 75 milliards partiront en fumée
en quelques jours ! Et cela, malgré les propos paternalistes et mensongers des
«professionnels du risque» arguant que le collatéral (les garanties mises en
place lors de transactions avec d’autres institutions financières) prévient ce
genre d’accident.
La
seule alternative à ce véritable hold-up sur vos comptes bancaires est bien
évidemment de retirer de votre banque, en cash, tous les montants au-delà de
100.000 € ! En attendant de vider la totalité de vos comptes…
E Ces mesures devront être transmises
par la Commission Européenne aux 17 pays concernés, avant d’être soumises au
vote de chaque assemblée et probablement avant les élections du mois de mai
2014.
Du
côté de la réglementation les choses évoluent peu, parce que les diverses
directives européennes en faveur d’un renforcement du secteur bancaire, et
financier en général, sont lentes quant à leur mise en œuvre effective et ne
porteront vraisemblablement pas leurs fruits. En effet, les mesures concernent
un accroissement du capital et une plus grande liquidité des actifs, plutôt
qu’une meilleure gestion en accentuant la responsabilité du comité de direction
et du conseil d’administration. On
continue donc comme par le passé à exonérer les banksters des erreurs et des
fautes qu’ils commettent… avec vos deniers !
À
titre anecdotique, mais néanmoins révélateur des conditions dans lesquelles
évoluent les responsables : Dexia et ses investissements en produits financiers
de la ville de Détroit.
La
situation désastreuse de la ville était connue depuis des dizaines d’années.
Malgré tout, Dexia acheta de la dette de Detroit sans en assurer le suivi en
bon gestionnaire. Et Detroit s’est mise en faillite au mois de juillet 2013,
alors que Dexia détenait toujours ces produits dont la valeur ne faisait que
chuter inexorablement.
La
gestion par Dexia a toujours été aussi calamiteuse et personne n’a réagi; en
tout cas on n’a vu aucun résultat positif à l’horizon.
Il
est délicieux de savoir que cette banque franco-belge est à ce jour la « bad
bank » européenne la plus importante avec plus de 260 milliards € d’actifs
pourris à gérer jusqu’à extinction (2060 ?).
À
ma connaissance, aucune question orale ou écrite n’a encore été posée aux
ministres des finances des pays de la zone euro sur ces sujets, que ce soit par
les partis d’opposition ou plus précisément par les parlementaires des partis
nationalistes. Oubli, ignorance ou
méconnaissance ?¢