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n parle souvent du
malaise des policiers. Mais pour la première fois, il a été analysé de manière
scientifique. Une enquête a été menée par un doctorant du Centre de recherche
en management de l'Université de Toulouse, rattaché au CNRS (Centre national de
la recherche scientifique). Le résultat n'est pas brillant. Les hommes en bleu
ont vraiment le blues.
Six
mille gardiens de la paix et brigadiers se sont prêtés au jeu : ils ont
répondu anonymement à un long questionnaire sur leurs conditions de travail et
leurs rapports avec leur hiérarchie. Entre gardiens de la paix et brigadiers,
l'ambiance est plutôt bonne et sur le terrain, tous se serrent les coudes. En
revanche, ils ont au-dessus d'eux une
hiérarchie pléthorique, pas assez à l'écoute des besoins de la base, engluée
dans des batailles de pouvoir, et peu soucieuse des conséquences éthiques des
décisions qui sont prises.
Du
coup, les policiers ont perdu confiance envers leurs supérieurs. Ils se sentent
livrés à eux-mêmes, contraints de faire du chiffre à tout prix sans être
récompensés pour autant.
La majorité des gardiens de la paix ont le sentiment que leur métier s'est
déshumanisé, que la transmission des savoirs entre anciens et petits nouveaux
tend à se perdre, que le statut de fonctionnaire a brouillé les cartes.
Au
fil du temps, l'écart s'est creusé avec la population et les policiers en
souffrent. Alors qu'ils estiment faire de leur mieux au quotidien, ils ne retrouvent
souvent qu'une image déformée de leur métier et de leur comportement au journal
télévisé du soir.
Denis Jacob, Secrétaire
administratif général du syndicat Alliance, résume ainsi le climat général :
« Quand il y a une faute qui est
commise, tout de suite on va parler de bavure et ça va faire l’objet d’une
première page dans l’actualité. Par contre quand c’est un policier qui est
blessé ou qui a accompli une belle affaire, on la retrouve dans la rubrique des
chiens écrasés. »
Avec
RFI