Depuis quelques
semaines, l’écart entre Jean-François Copé et François Fillon continue
à rester important. Les ralliements semblent davantage bénéficier à François
Fillon, les derniers en date étant ceux de Claude Guéant ou de Benoist
Apparu.
Alors
que Jean-François Copé émet des propositions qui prennent peu (dernière en date
: l’appel à descendre dans la rue contre François Hollande), ses
partisans tentent de répandre des bruits ou rumeurs, relayés par certains sites
internet, voire par la presse écrite. Sans leur dénier toute consistance, on
doit rappeler que de tels comportements sont fréquents lorsqu’une équipe de
campagne perd pied. Si une comparaison doit être osée, c’est par rapport aux
tentatives désespérées de Nicolas Sarkozy, durant l’entre deux tours des
présidentielles 2012. Dans les deux cas, les équipes de campagne lancent des
polémiques, essayant de créer le buzz… Sans succès. Analyse sur ces tentatives
désespérées qui démontrent une collusion flagrante entre des élus en mal de
notoriété et une presse avide d’informations.
LES BRUITS
PROPAGÉS PAR L’ÉQUIPE COPÉ
À
défaut de pouvoir redresser la barre, les partisans de Jean-François Copé se
répandent dans la presse. Ils accusent d’abord les partisans de l’ancien
Premier ministre d’avoir récupéré les comptes de soutien à Nicolas Sarkozy sur
Twitter ou de s’abriter dernière certains comptes sous pseudonymes (cas de
Madame Lenvie). Mais assez curieusement, un article à charge contre l’équipe de
François Fillon intitulé « Les barbouzes de François Fillon », relayé
par les copéistes sur Twitter, n’est plus accessible sur Dreuz.info sauf
en cache… Cependant, de tels bruits ne révèlent rien d’original. Dès le mois de
juillet, on savait que les partisans de François Fillon étaient à la manœuvre.
Il y a enfin des bruits sur l’équipe de François Fillon. On sait que de tels
bruits ne sont pas totalement infondés, mais ils doivent être rectifiés.
Certes, Franck Robine, le directeur officieux de campagne de François
Fillon, vient de la préfectorale et n’a peut-être pas une expérience politique
similaire à celles des membres de l’équipe de campagne de François Fillon, mais
cela ne traduit en rien une inorganisation flagrante de la campagne du député
de Paris. Bien au contraire, il semble que les choses soient mieux organisées
part rapport au mois de juillet 2012. La fatigue des fins de campagne n’a rien
de surprenant : c’est un phénomène classique. Elle peut parfaitement se
cumuler avec des phénomènes plus positifs (création d’une dynamique électorale)
pour s’annuler. Or, la fatigue, pour ne pas dire la nervosité… – est aussi
palpable dans l’équipe de Jean-François Copé. Curieusement, le député-maire de
Meaux continuerait à croire dans la victoire. Ses partisans n’hésitent pas à
relayer des articles hostiles à François Fillon… En réalité, on se demande si
l’équipe Copé ne tente pas des ultimes manœuvres. Des manœuvres de survie…
MANŒUVRES
DE SURVIE
On
notera par exemple les appels à la démission d’élus proches de François Fillon.
Ainsi, plusieurs élus pro-Copé appellent telle élue parisienne, mise en cause
dans une affaire où une irrégularité de gestion (confusion entre la présidence
de l’association et sa direction qui avait entraîné une non-distinction des
comptes), et qui a d’ailleurs plaidé coupable. Comment se fait-il que la
décision survienne dans l’édition du Canard enchaîné, le mercredi 24
octobre 2012, alors que la décision aurait été rendue en décembre 2011 ?
Pour quelles raisons des élus parisiens, comme Claude Goasguen et
d’autres, ainsi que des partisans de Jean-François Copé sur Paris, lancent des
appels à cette démission ? Comment se fait-il qu’un élu du Front de gauche
se lance également dans les mêmes accusations ? On parlerait d’alliances
objectives… On connaît d’ailleurs la forte collusion de certains partisans de
Jean-François Copé avec des informateurs du Canard enchaîné… On peut aussi
soupçonner des réseaux où l’absence de convictions idéologiques n’interdit pas
certaine proximité plus rapprochée…
COPÉ, LE
COMPTE-FUITEUR
Dans
les différents bruits propagés dans les différents sites, on peut s’interroger
sur ce que dit Jean-François Copé. On sait que dans un article publié sur
parismatch.com, Jean-François Copé met en cause la fédération de Paris de l’UMP
dans l’organisation d’élections frauduleuses… Or, c’est bien la modalité du
vote papier qui a été retenue. À la demande des deux candidats. En réalité,
soupçonné de laisser altérer la sincérité du scrutin dans certaines régions où
il a beaucoup d’élus partisans (sud-est, etc.), Jean-François Copé préfère
retourner les accusations contre les accusateurs. De même, on peut s’interroger
sur l’origine de certains bruits. Pour certains, ils seraient le fait de
Jean-François Copé lui-même…
COMPLAISANCE
DE LA GRANDE PRESSE
Si
l’on regarde les bruits propagés par le Lab d’Europe 1, on constate que son
auteur, Neila Latrous, a co-rédigé avec Jean-Baptiste Marteau un
ouvrage à charge contre les fillonistes, UMP, un univers impitoyable. Le livre
relaye les derniers moments d’une UMP encore au pouvoir et la guerre entre
Jean-François Copé et François Fillon qui s’installe dès 2011. Or, l’ouvrage
relate dès la première page (!) les comportements de l’équipe Fillon appelant
les militants UMP à faire la claque pour François Fillon. Par ailleurs,
l’ouvrage n’est pas avare en confidences recueillies auprès des uns et des
autres. Certes, il ne s’agit pas d’accuser les auteurs de pure partialité, mais
l’ouvrage donne largement la parole aux ennemis de François Fillon. Enfin,
l’ouvrage à même été dédicacé lors d’une réunion tenue dans la circonscription
de Claude Goasguen, autre soutien à Jean-François Copé, et ennemi juré de
François Fillon à Paris. Soyons clairs : dans cette campagne, les journalistes
jouent avant tout pour eux-mêmes. Mais leur capacité à influencer l’opinion les
rend attractifs auprès des hommes politiques, heureux d’y trouver une caisse
de résonance dans la propagation de bruits et rumeurs. Mais à part
dresser les équipes les unes contre les autres, cela suffit-il à créer
l’adhésion ? On peut franchement en douter. Certes, dans une élection interne,
les sympathisants ne votent pas. Les journalistes non plus.
Ndf.fr