lundi 28 janvier 2013

Marc Trévidic : «L'antiterrorisme français n’est pas adapté au nouveau djihad.»

« Longtemps considéré comme un modèle sur la scène internationale, l'antiterrorisme français n'est pas adapté au nouveau visage du djihad, désormais individuel et dilué », vient de déclarer le juge d'instruction Marc Trévidic.
La lutte contre le terrorisme en France est en effet très centralisée et donc pas appropriée à l'infiltration de groupes dispersés sur le terrain, explique-t-il à l'heure où l'intervention française au Mali provoque un regain de vigilance en France pour déjouer d'éventuelles menaces d'attentats.
« En France, la lutte antiterroriste s'est construite sur la lutte contre des groupes internationaux, très structurés, qui avaient des antennes un peu partout », dit le vice-président chargé de l'instruction au pôle anti-terroriste du Tribunal de grande instance de Paris.

« On lutte aujourd'hui contre des groupes beaucoup moins puissants qu'avant, qui ne peuvent théoriquement pas faire des attentats de très grande ampleur, mais qui, d'un autre côté, sont plus difficiles à détecter. On n'a pas tout à fait la structure adaptée à cette évolution à l'heure actuelle », ajoute-t-il.

PROBLÈME DE PHILOSOPHIE

« (Mohamed) Merah a eu une conséquence immédiate, la DCRI a décidé d'arrêter tout ce qui bougeait, c'est-à-dire ne plus prendre le risque de traiter (aucun dossier) en renseignement », explique Marc Trévidic.
Alors même que les cas se compliquent et nécessitent davantage de preuves, les arrestations se font plus rapides depuis mars dernier, poursuit-il. Trois semaines après, 20 dossiers « qui ne tenaient pas la route » étaient dépêchés auprès du parquet, se souvient-il.
Un phénomène encore observé aujourd'hui. Depuis le début du conflit syrien, qui a fait plus de 60.000 morts en bientôt deux ans d'après l'Onu, une cinquantaine de Français ont rejoint ce pays, et des enquêtes judiciaires ont été « ouvertes dans tous les sens », dit Marc Trévidic.
Il y voit un « problème de philosophie ».
« Il faut retrouver un équilibre », juge-t-il. « C'est une période très difficile, et nous avons besoin vraiment de retrouver l'art de surveiller les milieux salafistes locaux, ne pas penser qu'on peut tout faire en étant derrière un ordinateur à Levallois », poursuit-il. En même temps, souligne-t-il, « on n'est pas, à mon avis, capables de connaître tous (les Mohamed Merah), de les surveiller tous et puis on ne peut pas mettre des policiers derrière chaque groupuscule salafiste ».
« Là où on accepte qu'il y ait 4.000 morts sur les routes, qu'il y ait des tueurs en série, qu'il y ait des gens qui pètent les plombs de temps en temps et qui tirent dans le tas, qu'il y ait un fou d'un hôpital psychiatrique qui découpe tout ce qui bouge, on n'accepte pas du tout 7 morts avec Mohamed Merah, alors que c'est une forme de criminalité. »

Depuis les années 1980, la France a été la cible d'un terrorisme international lié à la situation au Proche et Moyen-Orient, en Algérie, puis de réseaux djihadistes. De deux ou trois groupes importants, Paris a dû se mettre à surveiller une trentaine de petits groupes.

Cette nouvelle menace, que Marc Trévidic appelle le « djihad individuel », est entretenue par des appels incessants de la part de grands groupes, notamment Al Qaida dans la péninsule arabique.

« Tous les pays sont un peu confrontés à ça, mais c'est vrai que nous, on vivait sur l'idée de l'infaillibilité de notre système. L'antiterrorisme français mettait en échec un à deux attentats par an depuis 1997, rappelle-t-il ainsi dans son livre « Terroristes, les 7 piliers de la déraison ».

Aujourd'hui, l'antiterrorisme est un « problème de travail sur le terrain, de maillage, d'infiltration des groupes, et donc c'est un peu contraire à notre tradition centralisatrice ».

DIVERSIFICATION DES LIEUX D'ENTRAÎNEMENT

En 2008, la fusion des Renseignements généraux (RG) et de la Direction de la surveillance du territoire (DST) dans la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) a encore renforcé cette centralisation. C'est au siège de cette nouvelle entité, à Levallois-Perret, dans les Hauts-de-Seine, que toute information "digne d'intérêt" est traitée, dit-il.

Le "djihad individuel" exigerait au contraire un échange constant d'information entre services de police et de renseignement locaux, et une forte présence dans "tous les endroits où ça se passe, en prison notamment".

Prévenir ce nouveau terrorisme est une tâche extrêmement ardue et impose d'accepter une certaine dose de faillibilité du système, ajoute toutefois le magistrat.
La législation antiterroriste a été renforcée en décembre dernier, permettant notamment de punir plus facilement les séjours dans des camps d'entraînement à l'étranger.

Mais la diversification des lieux d'entraînement et des profils des candidats au djihad rend leur surveillance difficile. Que faire quand un jeune soupçonné d'appartenir à une communauté salafiste se rend trois fois par an au Mali, officiellement pour voir sa famille? s'interroge ainsi le juge antiterroriste.

Aux Etats-Unis, la police judiciaire peut tendre des pièges aux djihadistes présumés pour accélérer, voire déclencher, leur passage à l'acte. Une stratégie que ne peuvent se permettre les magistrats français, confrontés à l'interdiction, en droit français, de la provocation policière.

"En tant que juge, je trouve que c'est une barrière saine, je n'aspire pas à l'infaillibilité", dit Marc Trévidic. "À condition que la France accepte de temps en temps d'avoir un Mohamed Merah", ajoute-t-il.

Le meurtre, en mars dernier, de sept personnes à Toulouse et Montauban par un Français se réclamant d'Al Qaïda a choqué le pays et suscité une polémique nationale sur l'efficacité des services de renseignement. Au retour d'un voyage en Afghanistan fin 2011, Mohamed Merah avait été interrogé par la DCRI mais jamais inquiété.
Avec Reuters

La décadence

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