Depuis plus de huit
mois, le nord du Mali est aux mains des jihadistes. Au Nord-Ouest, la ville
mythique de Tombouctou est le QG d'Aqmi et d'Ansar Dine.
La
cité des 333 saints est une ville triste. Aucune femme ne sort sans voile. Pas
une seule goutte d'alcool ne coule dans la cité. La charia est appliquée dans
toute sa rigueur.
Pour
regarder la télévision, il faut quasiment se cacher. À la tombée de la nuit,
tout le monde se terre. Les populations de Tombouctou sont résignées.
Impossible de réagir, car les djihadistes sont là, armés, et implacables. À la
police islamique de la ville : une dizaine de jeunes hommes arrêtés. Le
regard est hagard. Certains sont soupçonnés de vol, d'autres sont accusés d'espionnage.
Un
jeune Congolais, candidat à l'émigration clandestine vers l'Europe, a lui aussi
été arrêté. Son tort ? Avoir affirmé qu'il était catholique.
À
Tombouctou, le refus de porter le voile islamique est par ailleurs un motif
d'arrestation pour les femmes. Le cas échéant, elles sont souvent retenues dans
le local d'une ancienne banque, qui sert désormais de prison. Le jour, le petit
marché de la ville est plutôt animé. Il y a du monde. Non loin de là, on
fouette en public les couples non mariés. Sur les étals, on trouve quasiment de
tout. Mais pas d'argent. Autre attraction dans la cité : un palais
construit par feu Kadhafi. L'édifice est désormais réquisitionné par les djihadistes.
BRETON
RENÉGAT CONVERTI À L’ISLAM
Rencontre
avec un djihadiste justement. Motif de curiosité : il est de « nationalité
française ». Il a la soixantaine, et vient de passer un moment en prison à
cause de l'humeur de ses coreligionnaires. Il s'appelle Abdoul Jelil. Son
vrai nom ? Gilles Le Guen. Pour
les amoureux de la mer, il est « Breton ». Abdoul circule à mobylette.
Cet ancien de la marine marchande française vit ici avec sa famille, et
s'occupe de la distribution de l'électricité. Il se confie : à un
autre djihadiste, il a donné sa fille en mariage. L'âge d'Aïcha ? 12 ans.
Plus
que jamais à Tombouctou, Aqmi-Ansar Dine est le couple qui continue de régner.
Deux grandes figures d'al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) y sont
présents : Abou Zeid, qui détient la plupart des otages français, et Yahya
Abou Hamame, le nouveau chef d'Aqmi dans le Sahara. Ils sont tous les deux de
nationalité algérienne.
Avec
RFI