Pendant sa campagne,
le candidat Hollande avait promis un SMIC à 1700 euros. Qu’à cela ne tienne :
la promesse se traduit maintenant par une « augmentation » de trois
centimes l'heure.
La
faible augmentation du salaire minimum annoncée lundi par le ministère du
Travail, en même temps qu'une révision de ses critères, portera le Smic à 9,43
euros à partir du 1er janvier, soit 1.430,22 euros bruts mensuels pour les
salariés aux 35 heures. Et que le Peuple
s’amuse !
Pour
35 heures travaillées, l'augmentation sera inférieure à 5 euros. Cette
revalorisation du Smic de 0,3% correspond à la stricte augmentation légale,
après une hausse de 2% au 1er juillet, dont un coup de pouce de 0,6%.
Au
total sur l'année, le Smic aura progressé de 2,3% et "compte-tenu de
l'inflation de +1,3% constatée sur l'année, cette hausse globale correspond à
un gain de pouvoir d'achat de 1%" pour les 2,6 millions de salariés rémunérés
au Smic, précise le ministère dans un communiqué.
Cette
faible revalorisation ne devrait pas satisfaire FO et la CGT, qui en fin de
semaine dernière avaient de nouveau appelé à porter le Smic à 1.700 euros
bruts.
Devant
la Commission nationale de la négociation collective (CNNC), le ministre du
Travail, Michel Sapin, a par ailleurs annoncé une révision des critères
d'indexation du Smic afin de "garantir aux salariés dont les rémunérations
sont les plus faibles leur pouvoir d'achat et une participation au
développement économique de la Nation".
Ces
nouvelles règles de revalorisation seront présentées au prochain Conseil des
ministres.
Comme
attendu, le ministère propose un toilettage des deux piliers sur lesquels
s'appuie la revalorisation annuelle: l'indice des prix et le salaire horaire de
base ouvrier, afin de mieux prendre en compte le coût de la vie des foyers
modestes.
UN
NOUVEL INDICE « MIEUX CIBLÉ » ?
Depuis
plus de quarante ans, le Smic est recalculé automatiquement chaque année pour
suivre l'évolution des prix hors tabac, pour les ménages urbains dont le chef
de famille est ouvrier ou employé, et de la moitié du gain de pouvoir d'achat
du salaire horaire de base ouvrier (SHBO).
Michel
Sapin propose de retenir un indice d'inflation "ciblé sur les salariés à
faible revenu" pour "mieux prendre en compte le poids des dépenses
contraintes (loyer, énergie)". En l'occurrence, les dépenses des
"ménages des premiers et deuxièmes déciles", précise le ministère.
Ensuite,
le salaire horaire de référence sera élargi aux employés, la part des ouvriers
dans l'emploi salarié ayant fondu entre 1980 et 2008 (de 40% à 22%).
Selon
un économiste, ces deux changements auront un effet "marginal" sur
l'évolution du Smic.
Enfin, comme Michel
Sapin l'avait indiqué dès dimanche, l'idée d'indexer automatiquement le mode de
calcul sur la croissance, défendue pendant la campagne par François Hollande, a
été abandonnée. Encore du changement !
Cependant,
"l'évolution de la croissance sera prise en compte dans les futurs +coups
de pouce+" pour "favoriser la redistribution des fruits de la
croissance, lorsque que celle-ci est au rendez-vous", promet M. Sapin.
Le
ministre a par ailleurs annoncé que le fonctionnement du groupe d'experts
conseillant le gouvernement sur le Smic, critiqué par les syndicats, serait
"revu" pour permettre "un dialogue plus approfondi et plus
direct" avec les partenaires sociaux.
Ce
groupe d'économistes, dont le renouvellement arrivait à échéance, prônait dans
son dernier rapport la fin des revalorisations automatiques et une profonde révision
des règles régissant le salaire minimum, allant jusqu'à préconiser de le
différencier selon l'âge ou la région.
Avec
AFP