La gestion de
l'Institut du monde arabe (IMA), implanté à Paris, est à nouveau épinglée
dans un rapport de la Cour des comptes, qui, tout en reconnaissant des progrès
par rapport à sa dernière enquête, note des "dysfonctionnements" dans
la gouvernance et l'organisation.
Dans
son document, publié mardi 11 décembre et adressé au ministère des affaires
étrangères, l'organisme de contrôle des dépenses publiques estime que "les
dysfonctionnements touchent la gouvernance de l'Institut, l'organisation des services,
la programmation des activités, la fréquentation de l'Institut, la gestion
financière et celle du personnel".
"L'EFFORT
DE REDRESSEMENT FINANCIER A ÉTÉ RÉEL"
L'IMA,
qui célèbre cette année son 25e anniversaire, est dirigé depuis un an par
l'ex-député UMP Renaud Muselier, après l'avoir été par Dominique
Baudis. En juillet, le chef de la diplomatie, le socialiste Laurent
Fabius, avait signifié son congé à Renaud Muselier pour fin 2012, arguant de la
nécessité d'un nouvel élan et d'une réforme de la gouvernance.
Pour
la Cour des comptes, qui a mené son enquête sur la période 2007-2011,"l'effort
de redressement financier a été réel". La subvention de la France a été
portée à 12,3 millions d'euros et des arriérés de cotisations ont été récupérés
auprès de la Libye et de l'Irak. Des mécénats ont été obtenus auprès
du Koweït et de l'Arabie saoudite.
"PRATIQUES
DISPENDIEUSES" PERSISTANTES
"Certaines
pratiques dispendieuses n'ont toutefois pas disparu", précise la Cour.
Dans ses autres critiques, elle cite une gouvernance depuis 2009 à deux têtes,
avec un président de conseil d'administration et un président d'un haut
conseil. Cette dernière fonction a permis à Dominique Baudis de rester à
l'IMA alors qu'il avait été élu au Parlement européen, un mandat incompatible
avec sa fonction au conseil d'administration. Cette double gouvernance "a
entraîné des dysfonctionnements", note la Cour, évoquant une "confusion" des
rôles et des duplications de réunions. Son rapport plaide pour une "réunification
des deux fonctions".
Il
dénonce aussi "l'absence d'une programmation anticipée, cohérente et
lisible des activités" de l'IMA, avec des expositions sans expertise
préalable des services, n'entraînant qu'un "faible niveau de
fréquentation des expositions". Au plan financier, toujours "fragile",
la Cour juge enfin que "la question d'une nouvelle forme de
contribution des pays arabes doit être posée".
L'IMA
est une fondation de droit français à visée culturelle, réunissant la France et
vingt-deux pays de la Ligue arabe. Le président du haut conseil est nommé
sur proposition du président de la République française.
Le Monde (posté par Kumar)