Après un nouveau
rebondissement embarrassant, le gouvernement et le groupe ArcelorMittal étaient
ce vendredi sous le feu des critiques pour leur gestion de l'avenir du site sidérurgique
de Florange, où la colère des métallos est montée d'un cran.
Dans
la presse vendredi matin, plusieurs éditorialistes se sont déchaînés contre l'exécutif,
parlant d'une "déroute" du Premier ministre Jean-Marc Ayrault et d'un
"échec" du président François Hollande.
Dans
ce contexte, où l'exaspération s'exprime y compris à gauche, l'opposition ne
s'est pas privée de mêler sa voix au concert des critiques.
Jean-François
Copé, président proclamé mais contesté de l'UMP, a déploré vendredi un
"manque de visibilité" de la politique gouvernementale. L'ancienne
ministre de la Justice Rachida Dati (UMP) a regretté le "camouflet
honteux" infligé par Mittal avec la "complicité" du
gouvernement.
Jeudi
soir, le chef de l'État a tenté d'enrayer la polémique en promettant que les
engagements pris par ArcelorMittal envers le gouvernement seraient tenus.
"J'en serai, avec le gouvernement, le garant", a insisté M. Hollande.
Le
président a notamment promis de veiller à ce que l'industriel fasse en sorte
que le projet expérimental Ulcos, sur lequel se fondent des espoirs de salut de
l'usine lorraine, "voie le jour".
C'est
l'annonce jeudi de difficultés techniques concernant ce projet de
captage/stockage du CO2, qui pourrait naître en partie sur la base de l'un des
hauts fourneaux de Florange, qui a ravivé la colère des syndicats et le flot de
reproches adressés au gouvernement.
La
Commission européenne a en effet annoncé qu'ArcelorMittal avait retiré une
première version d'Ulcos d'un appel d'offres pour obtenir des financements
communautaires. Matignon comme l'industriel ont immédiatement tenté de déminer
le terrain, affirmant qu'il ne s'agissait que d'un contretemps, prévu dans leur
accord passé la semaine dernière.
ARCELORMITTAL
"SORT LE PROBLÈME TECHNIQUE DU CHAPEAU"
À
bout de nerfs après ce nouveau rebondissement, des métallos CFDT conduits par Édouard
Martin ont mené jeudi une action éclair devant les caméras au pied des hauts
fourneaux.
Ils
ont affirmé avoir "pris le contrôle de l'alimentation en gaz" des
installations et promis qu'ils occuperaient réellement les lieux dès qu'ils
seront alertés d'une consigne de la direction de couper le gaz permettant leur
maintien en veille.
ArcelorMittal
"n'a jamais mis sur la table les problèmes techniques d'Ulcos", s'est
emporté vendredi matin Édouard Martin au micro de France Inter.
"On
l'a mis au pied du mur. La France a dit chiche, on met 150 millions d'euros sur
la table" pour Ulcos et l'Europe s'apprêtait à apporter son financement,
et il "nous sort le problème technique du chapeau", a-t-il poursuivi.
"Il
va être très difficile que Mittal respecte ses engagements. Ce n'est pas dans
sa culture. Il n'en veut pas d'Ulcos, il n'en veut pas de la filière liquide de
Florange", a assuré M. Martin.
À
Florange, recouverte de neige vendredi matin, des réunions syndicales sont
prévues pour décider d'éventuelles nouvelles actions à mener la semaine
prochaine.
Des
syndicalistes ont notamment l'intention d'installer "leur village
gaulois" à proximité des hauts fourneaux lorrains.
Le secrétaire général
de Force ouvrière Jean-Claude Mailly a estimé la veille que tous les syndicats
pourraient "appeler à occuper" les hauts fourneaux, à la suite de
l'appel lancé par la CFDT du site. "Il faut bien comprendre cette réaction
de colère. On nous a bananés", a-t-il lancé.
Avec
AFP