Bernard Tapie, allié à
la famille Hersant, va mettre la main sur les titres restants du Groupe Hersant
Médias (GHM), dont La Provence et Nice Matin, son offre ayant été retenue par
les banques créancières du groupe, selon une source proche du dossier.
La
proposition Hersant/Tapie, s'élevant à une cinquantaine de millions d'euros,
est "en cours de signature" et "va être signée par l'ensemble
des banques. C'est un nouveau rebondissement dans le feuilleton agité de la
reprise des derniers lambeaux de l'empire de presse régionale Hersant.
Il va permettre à
Bernard Tapie et la famille Hersant de reprendre les titres de la région
Provence-Alpes-Côte d'Azur --les quotidiens La Provence, Nice-Matin, Var-Matin
et Corse Matin-- et ceux des Antilles et de Guyane -- France-Antilles
Guadeloupe, France-Antilles Martinique et France-Guyane.
Avec
ce rachat, Bernard Tapie signe un retour aux affaires qui n'est pas vu par tous
d'un bon œil, d'autant qu'il est perçu par certains comme un premier pas dans
la course à la mairie de Marseille.
"Il
y a de grandes interrogations et beaucoup d'inquiétudes chez les journalistes.
Quels sont les réels projets pour notre groupe de MM. Tapie et Hersant? Quelles
sont les intentions politiques de M. Tapie?", a souligné mercredi soir
Serge Mercier, élu au comité d'entreprise de la Provence.
OFFRE DU BELGE ROSSEL
REJETÉE
À
l'issue d'une réunion mercredi après-midi avec les banques créancières du
groupe Hersant sous l'égide du CIRI (comité interministériel de restructuration
industrielle), "les banques se sont décidées à valider la proposition
Hersant/Tapie sans attendre", et l'offre faite par le groupe belge Rossel
a été rejetée, a expliqué la source proche du dossier.
Deux
offres étaient sur la table. Celle faite fin novembre à 50/50 par Bernard Tapie
et la famille Hersant --Philippe Hersant, président de GHM, ainsi que sa sœur
et son frère-- pour racheter les créances des banques et reprendre les
activités restantes de GHM.
Le
but: éviter une vente à la découpe des activités restantes de GHM, alors que le
groupe négociait avec ses 17 banques créancières pour trouver un accord sur sa
dette, évaluée à 215 millions d'euros, et que des repreneurs potentiels étaient
sur les rangs pour racheter certains titres.
En
face, l'offre du groupe de presse belge Rossel, déjà repreneur des titres du
pôle Champagne-Ardenne-Picardie de GHM (L'Union, L'Ardennais...), avait été
faite le 7 décembre, quelques minutes avant que Tapie ne signe avec les banques
et la famille Hersant la reprise du groupe. Elle avait retenu l'attention de
BNP Paribas, chef de file du pool de banques créancières de GHM.
Bernard Tapie avait
alors annoncé qu'il se retirait de la course, dénonçant une ingérence de l'État
dans ce dossier, avant de finalement affirmer mardi soir qu'il réactivait son
offre.
Un
rachat des titres du Sud et d'outre-mer de GHM était soumis à un accord entre
le groupe, les repreneurs, mais surtout les 17 banques créancières.
L'offre
de Rossel "n'était pas acceptée" parce que le groupe belge
"reprenait la totalité des titres, mais pas la holding, laissant la
question de sa liquidation", et parce que cette proposition était
financièrement "moins disante de quelques millions".
Une
fois signé, cet accord devra maintenant être présenté au président du tribunal
de commerce lors d'une audience fixée le 24 décembre, et définitivement
homologué par le tribunal.
Avec
AFP