Ces derniers jours,
les affrontements en banlieue de Tunis entre policiers et salafistes ont fait
deux morts côté manifestants et deux blessés graves côté forces de l'ordre.
Les
policiers s'estiment de plus en plus visés par ces violences, sans que leur
hiérarchie leur permette de riposter de façon adéquate. Ce jeudi 1er novembre,
deux cents d'entre eux ont donc manifesté le ministère de l'Intérieur.
Scène
inédite en Tunisie : devant le ministère de l'Intérieur, des policiers, si
puissants sous Ben Ali, manifestent contre les violences dont ils se disent
victimes.
Samedi
soir, deux d'entre eux ont été grièvement blessés à l'arme blanche dans des
affrontements avec de jeunes salafistes. Les manifestants dénoncent la
passivité de leur ministre issu du parti Ennahda face à ces groupes.
«
Oui, je parle des salafistes », déclare l’un d’eux. « Ces groupes sont en train
de se multiplier, ils sont en train de se renforcer, de gagner du terrain. Il
faut les éliminer le plus tôt possible. Nous avons les moyens. Le ministre,
lui, nous dit non, il dit qu'il faut être patient. Mais qui garantira qu'ils ne
se multiplieront pas ? Ils se sont déjà multipliés. »
Depuis
la révolution, la police, ancien bras armé de la dictature, régulièrement
accusée de violation des droits de l'homme, est appelée à plus de pondération.
Mais face à la multiplication des incidents, les manifestants demandent un
allégement des procédures pour faire usage plus facilement de la force.
«
Lorsqu'une personne attaque mon commissariat, je dois prendre mon temps pour
réfléchir, faire des théories, évaluer la situation. Les assaillants arrivent
avec un sabre pour me tuer et moi j'ai des balles dans la main, je fais quoi ?
Je croise les bras pour faire plaisir à X ou Y ? Non ! Je dois me défendre,
c'est la loi ! »
Ce
policier évoque les violences de samedi avec les salafistes, en banlieue de
Tunis. Elles ont coûté la vie à deux jeunes religieux tombés sous les balles de
la police pendant l'attaque d'un commissariat.
Avec
RFI