Le ministre allemand
des finances, Wolfgang Schäuble, a-t-il demandé au conseil des sages du
gouvernement d’élaborer un « concept de réforme » pour remettre la France sur
le chemin de la croissance ?
L’information
de l’hebdomadaire centriste « Die Zeit » a été démentie par ces
économistes distingués qui soulignent qu’ils ne remettent jamais de rapport sur
un pays étranger. « Le gouvernement pourrait vouloir utiliser le travail des
experts pour faire pression sur la France », estime pourtant Ulrike Guérot,
directrice du bureau allemand du Conseil européen pour les relations étrangères
(ECFR), un centre de réflexion.
NOUVEL
HOMME MALADE DE L’EUROPE
La
coalition au pouvoir, menée par l’Union chrétienne-démocrate (CDU) d’Angela
Merkel, craint que la mauvaise santé économique de la France ne mine la zone
euro. Une partie de la presse outre-Rhin dresse quant à elle le portrait du
nouvel homme malade de l’Europe. « La France va-t-elle devenir la nouvelle
Grèce ? » titrait le 31 octobre le quotidien à grand tirage Bild. « 35 heures
», « hauts salaires », « générosité du système de protection sociale » seraient
à l’origine de la faible croissance et de l’endettement français.
«
L’Allemagne appelle la France à prendre des mesures courageuses à la Schröder
», explique Heinrich Uterwedde, directeur adjoint de l’Institut
franco-allemand, en référence aux réformes du marché du travail engagées au
début des années 2000 par l’ancien chancelier social-démocrate, décrites comme
la clé d’un supposé « miracle allemand ».
«
ABSENCE DE STRATÉGIE ÉCONOMIQUE COHÉRENTE »
François
Hollande doit encore convaincre les Allemands qu’il est l’homme de la
situation. « L’énervement monte » au-delà de la coalition au pouvoir à Berlin,
note Ulrike Guérot. Gerhard Schröder lui-même a prédit fin octobre que « les
promesses de campagne du président français allaient se briser sur le mur des
réalités économiques », et le quotidien de centre gauche « Süddeutsche
Zeitung » a dénoncé l’« engourdissement paralysant » des six premiers mois
de présidence Hollande, accusé de « déni de réalité ».
Le
« pacte de compétitivité » annoncé le 6 novembre par Jean-Marc Ayrault n’a pas
dissipé toutes les craintes. Le quotidien conservateur Die Welt a dénoncé lundi
12 novembre « l’absence de stratégie économique cohérente ». Le très germaniste
premier ministre français sera en Allemagne ces jeudi et vendredi pour apporter
« toutes les précisions nécessaires », rassure le ministre français des
finances, Pierre Moscovici.
La Croix