La facture des travaux
à réaliser dans les prochaines décennies pour renforcer le réseau électrique à
haute tension augmentera fortement si la France décide de mettre le paquet sur
les énergies renouvelables, a prévenu mercredi RTE.
Cette
filiale d'EDF qui gère le réseau national de lignes à haute tension,
c'est-à-dire les grandes artères du réseau électrique, a chiffré mercredi entre
35 et 50 milliards d'euros les investissements qu'elle devra réaliser d'ici à
2030 pour accompagner l'évolution du système électrique.
Cet
éventail très large, qui figure dans une actualisation de son "schéma de
développement décennal", s'explique par le grand écart entre les scénarios
pris en compte, alors que le système électrique est à l'aube de profonds
bouleversements.
Ainsi,
dans un scénario "médian" (réduction modeste de l'électricité
nucléaire, accompagnée d'une forte hausse des énergies renouvelables), les
besoins seraient de "35 à 40 milliards". Mais dans un "nouveau
mix" (une chute du nucléaire et un développement très accéléré de l'éolien
et du solaire), la facture grimperait à 50 milliards.
Ce
chiffrage devrait éclairer le débat sur la transition énergétique, qui
s'ouvrira à la fin du mois. Ce débat doit aboutir à des recommandations pour
atteindre l'objectif que s'est fixé le gouvernement de réduire de 75% à 50% à
l'horizon 2025 la part du nucléaire dans la consommation française
d'électricité. Les solutions retenues feront l'objet d'une loi de programmation
attendue avant l'été 2013.
Or,
l'implantation des énergies renouvelables (éolien sur terre et en mer, solaire,
hydroliennes...) ne suit pas la même logique que celles des centrales
nucléaires, et selon la recomposition du "bouquet" énergétique
national qui sera décidée, il faudra rééquilibrer plus ou moins fortement le
réseau électrique et renforcer le "maillage" de telle ou telle
région.
2.000
KILOMÈTRES DE LIGNES À CRÉER OU RÉNOVER
In
fine, les dépenses des gestionnaires de réseaux sont financées par les
consommateurs. Le réseau à haute tension pèse à lui seul environ 10% des
factures d'électricité des Français (contre 46% pour l'ensemble des réseaux,
basse et moyenne tension inclues).
À
une échéance plus rapprochée, de grands travaux sont également à prévoir. RTE
prévoit la mise en service de 73 nouvelles lignes à haute tension entre 2013 et
2015, dont 63 seront souterraines, et investira sur cette période environ 1,5
milliard d'euros par an.
De
plus, le gestionnaire de réseau estime qu'il faudra créer ou renforcer au
minimum plus de 2.000 km de lignes à très haute tension (THT) d'ici à 10 ans,
et investir 15 milliards d'euros d'ici 2020.
Il
s'agit notamment de renforcer les liaisons aux frontières (qui permettent de
combler les besoins du pays en électricité durant les pics de consommation
hivernaux, et d'exporter le reste de l'année), mais aussi de restructurer les
liaisons dans le Massif central, et de renforcer le réseau dans le grand Est et
entre la Normandie et l'île de France.
RTE
souligne au passage qu'il s'agit d'un "socle d'investissements invariants",
indispensables à l'approvisionnement électrique du pays (notamment pour
accroître les capacités d'échange d'électricité avec les pays voisins). Et ce
socle devra être complété en fonction des "options retenues à l'issue du
débat sur la transition énergétique", prévient la filiale d'EDF.
RTE
mène déjà des travaux d'envergure. Il est notamment en train d'achever la très
contestée ligne THT Cotentin-Maine, qui reliera le futur réacteur EPR de
Flamanville (Manche) au réseau national, et construit une liaison électrique
souterraine franco-espagnole à travers les Pyrénées Orientales.
Avec
AFP