IMMIGRATION
Les
Pays-Bas ont pris la présidence tournante de l’Union européenne le
1er janvier 2016, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils
ont bien l’intention de la mettre à profit. Le 20 janvier, le Premier ministre
Mark Rutte (libéral) a fixé un horizon de six à huit semaines pour
introduire « une forte baisse de l’afflux de migrants ». Pour
l’aider à s’y tenir, « De Volkskrant » lui a
confectionné un petit décompte (jours, heures, minutes et secondes)
assorti du visage du ministre et de quelques verbatims comme : « Nous
n’avons plus de temps à perdre ».
Ainsi, La Haye a annoncé un
plan radical, que De Volkskrantdétaille ce 28 janvier à sa une et résume
par ce titre : « Renvoyer les réfugiés en Turquie ». Ce
projet va bien au-delà de l’accord européen d’octobre qui prévoit qu’Ankara
empêche les migrants de quitter son territoire, en contrepartie d’une aide
financière de 3 milliards d’euros, d’une reprise des négociations sur son
adhésion à l’UE et d’une facilitation des visas pour les ressortissants
turcs qui se rendent dans l’Union.
Cette fois, il ne s’agit
plus d’empêcher les migrants de quitter la Turquie, mais d’y renvoyer, automatiquement,
tous ceux qui posent le pied en Grèce, « par retour de bateau ». C’est juridiquement possible, d’après
La Haye, parce que la Turquie a le statut d’État sûr. En échange, l’Europe
accueillerait chaque année 150 000 à 250 000 migrants « légaux » qui
séjournent en Turquie, ce qui représenterait, d’après le gouvernement
néerlandais, un flux plus ténu et plus gérable. (Une façon de reculer pour mieux sauter. Ndlr)
Comme le relate le journal
néerlandais, Mark Rutte planche depuis décembre – avec le président du PvDA
(sociaux-démocrates), son partenaire de coalition – sur l’élaboration de ce
plan, et il a intensément travaillé avec les autorités autrichiennes,
allemandes et suédoises. Il entend constituer un groupe resserré de pays autour
de ce projet, qu’il espère mettre en pratique d’ici le mois de mars
ou avril.