La progression des
islamistes au Mali a créé un "appel d'air" pour de nombreux candidats
au djihad en France, mais les départs se raréfient depuis le début de
l'intervention militaire française, déclare le juge anti-terroriste Marc
Trévidic.
Trois
à quatre informations judiciaires ont été ouvertes en France au sujet
d'individus soupçonnés d'être liés à des cellules combattantes au Mali, dit-il,
soulignant que les individus sous surveillance se font plus discrets depuis le
début de l'opération "Serval".
"Il
y a eu, sur les huit derniers mois, un appel d'air, parce qu'ils ont entendu
dire, sur internet ou dans leurs conversations, 'super, on applique la charia à
Tombouctou, il y a une vraie terre d'islam et en plus on nous a dit qu'en
septembre, les mécréants allaient attaquer cette terre d'islam", a
expliqué Marc Trévidic, en référence au déploiement initialement prévu en
septembre d'une force ouest-africaine au Mali sous mandat de l'Onu.
"On a le djihad
absolu",
a-t-il ajouté. Mais depuis quelques semaines, "c'est dur de partir et puis
surtout, les gens ne bougent pas l'oreille".
"Le
danger, il n'est pas à court terme, il est à moyen terme", conclut le juge
d'instruction.
Deux
semaines après le début de l'intervention militaire française, l'armée malienne
faisait mouvement vendredi en direction de Gao, bastion des rebelles islamistes
qui refluent apparemment des villes qu'ils ont conquises.
Marc
Trévidic fait par ailleurs état d'une cinquantaine de Français actuellement en
Syrie et "d'enquêtes dans tous les sens". Une situation
particulièrement compliquée puisque des djihadistes se trouvent parmi les
opposants au régime de Bachar al Assad, dont la France réclame le départ.
Ces Français
"partent et on ne sait pas ce qui se passe là-bas, parce que s'ils partent
simplement pour combattre le régime de Bachar al Assad, il me semble qu'on les
soutient et qu'on les arme, alors s'ils sont terroristes à cause de ça, on est
complice, littéralement", dit-il.
La
France a apporté un soutien politique et humanitaire à la coalition nationale
syrienne mais refuse de donner des armes aux rebelles sur le terrain. Un
embargo de l'Union européenne sur la livraison d'armes en Syrie doit être
réexaminé fin février.
Avec
Reuters