TRIBUNE
LIBRE
Pour accoster le long des quais d'Oran, il fallut longuement parlementer avec les autorités françaises réticentes et même donner à la France un ultimatum, risquant un grave incident diplomatique…
Le 30 juin, à 10 h du matin,
malgré l'opposition de De Gaulle, le général Franco donna l'ordre à ses
capitaines d'embarquer cette « misère humaine » qui attendait
depuis des jours sous un soleil torride, sans la moindre assistance, un
hypothétique embarquement vers la France.
Franco
prévint De Gaulle qu'il était prêt à l'affrontement militaire
pour sauver ces pauvres gens sans défense abandonnés sur les quais d'Oran et
menacés d’être exécutés à tout moment par les barbares du FLN. Joignant le
geste à la parole, il ordonna à son
aviation et sa marine de guerre de faire immédiatement route vers Oran.
Général
FRANCO
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Finalement, face à la détermination du général Franco
et craignant un conflit armé, De Gaulle céda et le samedi 30 juin, à 13 h,
deux ferrys espagnols accostèrent et embarquèrent 2 200 passagers hagards, 85
voitures et un camion.
Lors de l'embarquement, les
courageux capitaines espagnols durent, cependant, s'opposer à la montée d'une
compagnie de CRS sur leur bateau (propriété de l’Espagne) dans le but de lister tous les passagers et interpeller les membres de
l’OAS fichés.
Ces capitaines expliqueront
n'avoir jamais compris l'attitude arrogante et inhumaine des autorités
françaises dans une situation aussi dramatique qui relevait essentiellement
d’« assistance à personne en danger de mort »…
Contre vents et marées,
finalement à 15 h 30, les quais d'Oran, noirs de monde se vidèrent et les
bateaux espagnols prirent enfin la mer malgré une importante surcharge, à
destination du port d’Alicante.
Durant toute la traversée,
se mêlèrent les larmes de détresse, de chagrin… et de joie de ces pauvres gens
en route vers leur nouvel exil, conscients d’avoir échappé au pire… Quand,
enfin, la côte espagnole fut en vue, une liesse générale s’empara de ces
« réfugiés » qui s’époumonèrent à crier avec des sanglots
dans la voie « Viva España ! » … « Viva
Franco ! ». Ils avaient, pour bon nombre d’entre eux, échappé à
une mort programmée par les autorités françaises. Jamais ils ne l’oublieront !
José
CASTANO
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En mémoire de
Jean LOPEZ, coiffeur à Aïn-El-Turck (Oran) qui devait assurer mon embarquement
et mon accompagnement jusqu’en Métropole (j’avais 15 ans). Jean fut enlevé
précisément au port d’Oran par des ATO (auxiliaires de police du FLN). On ne le
revit jamais…
À sa
veuve et à ses deux filles, avec toute mon affection.