Texte anonyme posté par un de nos fidèles lecteurs.
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orsqu’une nation est aussi férocement et sauvagement agressée,
on s’attendrait à sentir le sol et les murs de la maison commune trembler sous
la violence du rugissement de colère et de rage de son peuple, terrifiant cri
de la bête blessée relevant la tête dans un violent soubresaut d’orgueil et de
courage pour mordre sans pitié la main qui l’a frappé.n
Or, depuis vendredi dernier,
l’atmosphère n’est saturée que d’un long miaulement femelle, un vaste gémissement
tragique et pleurnichard, un immense sanglot fienteux expurgé par des millions
de bouches tremblotantes et hagardes, postillonnant spasmodiquement leur
incompréhension terrorisée.
« Mais pourquoi nous ? Pourquoi
nous ? » répète inlassablement le bobo
libéral-libertaire recroquevillé en position fœtale sur la moquette 100% fibres
naturelles de son loft rénové du 11e arrondissement. « Pourquoi moi et mes frères,
pourquoi mes semblables, ces gens bien éduqués, tolérants, ouverts,
antiracistes jusqu’à l’extrême limite du trognon, écolos-sympas et gay-friendly
? ». Entre deux crèmes de jour et un tri sélectif, il s’interroge
profondément. Et il a raison. En effet, pourquoi frapper la génération
bisounours, celle qui aime tout le monde sauf, bien sûr, les sales fachos et,
bien entendu, ses ignobles ancêtres obscurantistes et esclavagistes ?
Pourquoi eux, qui ne cessent de
répéter que l’Islam est une religion de paix et de fraternité qui a toute sa
place en Europe, eux qui étaient prêts à toutes les acceptations et les
reptations pour ne pas froisser la susceptibilité de nos hôtes mahométans,
glorieux rédempteurs de toutes les vilénies et de toutes les tares d’un
Occident criminel ?
Pourquoi eux qui ne demandaient
pas mieux que de faire de nouvelles pipes aux Muzz et autres minorités de tous
poils ?
À l’horreur, s’ajoute donc
l’injustice. Inimaginable. Insupportable. Si au moins ils avaient liquidé
Marine, Zemmour ou Houellebecq, il y aurait une logique, une cohérence. Mais là
? C’est le camp du bien qu’on attaque, ce sont ceux qui avaient tous les
brevets de citoyenneté mondiale et d’amour sans frontières qu’on assassine.
Scandale dans le scandale,
abomination dans l’abomination ! Comment peut-on haïr à ce point des gentils ?
Face à cette interrogation déstabilisante, empressons-nous d’ajouter des fleurs
dans nos cheveux et allons vite nous trémousser à Bastille sur du John Lennon,
transe cathartique et expiatoire pour somnambules trop soudainement éveillés et
désirant retourner au plus vite dans les limbes cotonneuses du sommeil
médiatico-bien pensant.
La narcolepsie, ultime remède
au réel. Ressortons aussi les vieux drapeaux « Peace and love » mités, les
arcs-en-ciel délavés, et dégueulons d’un amour si général, si global, si
diffus, si incantatoire, qu’il devient sans consistance ni objet. On n’aime
plus quelqu’un ou quelque chose, on aime tour court. Même ce qui nous tue.
J’aime tout parce que je ne suis plus rien. Suicide collectif et festif par
overdose d’amour universel.n