samedi 23 février 2013

Marine Le Pen dit merci à "Des paroles et des actes" – par Philippe Bilger


J
e serais Marine Le Pen, je serais ravie d'avoir été invitée à "Des paroles et des actes" (voir l’article du Gaulois) sur France 2. A-t-on le droit de dire qu'il y a des journalistes inconséquents, masochistes ? Ils détestent Marine Le Pen, ça se voit, ça s'écoute, les questions qu'on lui pose ne seraient jamais formulées de la même manière aux personnalités de la droite et de la gauche classiques. Mais, à chaque seconde, par leur attitude, ils la font monter dans les sondages.
A l'exception de François Lenglet et de Jeff Wittenberg pourtant imprégné par le discours judiciaire et pénitentiaire convenu, qui ont su adopter, dans la forme, un ton correct et qui surtout n'ont pas éprouvé le besoin de montrer ostensiblement comme ils répugnaient à cet exercice, tous les autres journalistes intervenant à tour de rôle sur ce plateau ont cherché à prouver aux téléspectateurs non pas leur talent, leur compétence et leur impartialité mais seulement leur aptitude militante à l'acidité, le fait qu'ils avaient peu ou prou vocation à se comporter comme des questionneurs impliqués, engagés, parfois sur de l'infiniment petit ou dérisoire. Des justiciers avant l'heure et à toute heure. Pas des limiers. La politesse serait-elle incompatible avec la pugnacité intellectuelle, le débat sans complaisance ?¢

Et Marine Le Pen montait dans les sondages.

Le désastre final a porté à son comble ce qui n'a pas cessé d'apparaître au cours de toute l'émission : Marine Le Pen conviée à s'exprimer pour que la parole des autres, leur ironie, leurs sarcasmes, leurs gestes grossiers de la main, leur inaltérable vertu soient mis en valeur.
Le journaliste allemand s'écoutait parler et était trop long, Hélène Jouan atteinte par la contagion manquait de son habituelle sérénité et Nicolas Demorand, remarquable à l'écrit, excellent à la radio, adoptait un rôle qui ne lui ressemblait pas : une surenchère dans le dédain et le mépris. Alors qu'il aurait été remarquable dans la dénonciation et l'empathie tactique. Pour voir. Pour savoir et faire comprendre.

Et Marine Le Pen montait dans les sondages.

Il s'agissait surtout pour tous ces bons apôtres de s'abstenir de tout ce qui aurait pu concéder au talent, à la force, à l'énergie et à la patience de l'interlocutrice de peur d'être accusés de déviationnisme, de compromission et de tolérance au moins le temps de l'émission.
Hors de question de ne pas afficher un visage grave, une mine sombre comme si soudain ces journalistes étaient en charge non pas seulement de Marine Le Pen et des multiples problématiques que son projet politique, économique et social pouvait susciter mais du poids du monde entier. Rire avec elle, quasiment un sacrilège. D'elle, une mission.

Et Marine Le Pen montait dans les sondages.

Dans sa conclusion, assimilant les journalistes à des politiques, elle leur reprochait de s'être égarés puisqu'en définitive, leur seul souci était moins d'informer que de condamner.

Et elle montait dans les sondages.

Le paradoxe a été que les seuls moments authentiques, et de véritable éclairage, quoi qu'on pense des prestations de Malek Boutih et de Bruno Le Maire, ont été les dialogues de chacun d'eux avec Marine Le Pen. Adversaires déterminés de cette dernière, leur statut ne les contraignait pas à de l'indélicatesse ou à une permanente et provocante apparence, à une vindicative posture. Le fond leur importait trop pour que la forme fût contrainte d'être délibérément agressive.
J'ai été effaré de constater les effets pervers d'un journalisme de combat - mimiques, interruptions, approximations, condescendance, supériorité morale affectée, etc. - et d'une conjuration médiatique quand l'adversaire n'est pas nulle, ne se laisse pas faire et à la longue est perçue par beaucoup comme une victime puisqu'on lui applique un sort particulier. Qu'il y a de l'injustice dans l'air.

Et Marine Le Pen montait dans les sondages.

Faut-il encore répéter qu'on a le devoir d'alerter sur cette discrimination et cette dérive précisément quand vos appétences politiques sont ailleurs mais que personne ne peut rester indifférent devant une stratégie qui manque sa cible et son but. Et fait le jeu de la cause que l'on abhorre sans l'ombre d'une dissimulation ou d'une opportune hypocrisie.

Puisque Marine Le Pen est montée dans les sondages.

Et qu'elle dit merci à "Des paroles et des actes".¢

La décadence

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