Des attaques menées
par des islamistes du groupe nigérian Boko Haram ont une nouvelle fois
violemment visé samedi et dimanche des chrétiens et des églises dans le nord du
Nigeria, selon des témoins et des responsables locaux.
Dix
personnes ont été égorgées par des islamistes qui sont passés de maison en
maison samedi soir dans le quartier chrétien de la ville de Chibok, dans le
nord du pays, a-t-on appris dimanche auprès de responsables locaux.
«Les
assaillants sont arrivés vers 21h en scandant Alahu Akbar (Dieu est grand)
(...) ils se sont rendus dans des maisons qu'ils avaient identifiées dans un
quartier à dominante chrétienne de la ville pour massacrer 10 personnes comme
des moutons», a déclaré un responsable local qui a requis l'anonymat.
«Qui
d'autre que des membres du (groupe islamiste) Boko Haram pourrait entrer dans
les maisons et trancher la gorge de dix personnes», a déclaré un autre
responsable local.
Chibok
se trouve à 170 km de Maiduguri, le fief de Boko Haram.
«Les
hommes sont arrivés en grand nombre et ils sont entrés dans des maisons qui
avaient été choisies avec précision et ils ont massacré 10 personnes en criant
Allahu Akbar», a rapporté Ezekiel Damina, un habitant du quartier de Myan, en
périphérie de Chibok.
Dans
le nord-est, au moins deux policiers ont été tués dimanche dans une attaque
lancée par des islamistes présumés qui ont incendié trois églises et des
postes-frontières dans la localité de Gamboru Ngala, selon des témoins.
«Des
hommes armés, on pense qu'ils sont de Boko Haram, sont arrivés à cinquante en
voiture et en moto, vers 8h30, et ils ont attaqué et brulé des postes de
sécurité à la frontière» avec le Cameroun, a déclaré à l'AFP, Modugana Ibrahim,
un habitant.
«J'ai
vu le cadavre de deux policiers en sortant de la ville, près du commissariat»
incendié, a ajouté M. Ibrahim. L'information a été confirmée par un autre
habitant, Sani Kani, qui a précisé qu'un des corps gisait sur le bas-côté de la
route alors que l'autre était assis dans un fourgon de police.
Parmi
les postes de sécurité brulés, il y avait un commissariat, des locaux de
l'immigration, des douanes et de la police secrète (SSS), ainsi qu'un poste de
quarantaine, selon les habitants.
Les
hommes armés «scandaient Allahu Akbar (Dieu est grand), ils ont brûlé le poste
de police et trois églises», a déclaré Hamidu Ahmad, un autre habitant.
Selon
les habitants, des échanges de tirs ont eu lieu à la mi-journée entre les
assaillants et des renforts de police arrivés de Maiduguri, le fief de Boko
Haram, à 140 km de là.
Les
tirs ont cessé dans l'après-midi, mais la police avait quadrillé les rues de la
ville, déserte. Les habitants étaient enfermés chez eux et beaucoup d'hommes
avaient quitté la ville vers des villages voisins ou en direction du Cameroun,
de peur de représailles des forces armées contre les civils.
Il
y a deux semaines, des habitants disent avoir vu circuler des tracts
islamistes, qui imposaient aux femmes de porter le hijab (voile islamique) et interdisaient
la vente de cigarettes et l'ouverture de lieux de rencontre comme des cafés.
Boko
Haram - dont le nom en langue Haoussa signifie «l'éducation occidentale est un
péché» - a revendiqué de nombreuses attaques, notamment dans des lieux de culte
chrétiens au moment du service du dimanche, dans le nord et le centre du
Nigeria.
Les
locaux et les effectifs de la police et de l'armée sont aussi souvent visés par
le groupe islamiste.
Dimanche
dernier, un double attentat suicide a fait onze morts et une trentaine de
blessés dans une église protestante située dans l'enceinte d'une caserne dans
la ville de Jaji (Etat de Kaduna), dans le nord.
Les
violences attribuées à la secte et leur répression sanglante par les forces de
l'ordre ont fait, selon les estimations, plus de 3000 morts depuis 2009.
Le Nigeria, pays le
plus peuplé d'Afrique, avec 160 millions d'habitants, et premier producteur de
pétrole du continent, est divisé entre un Nord, majoritairement musulman, et un
Sud à dominante chrétienne.
Avec
AFP