Messieurs les nouveaux
colonialistes !
Préparez-vous
à être confrontés dans un demi-siècle au même problème de repentance qui frappe
la France depuis cinquante années puisque c’est vous qui colonisez aujourd’hui.
Faisons
un comparatif : avant un pays allait à la conquête de nouvelles terres
avec ses armées. Il l’envahissait puis l’exploitait pour son plus grand
bénéfice en faisant bien entendu travailler la main-d’œuvre locale.
Par
exemple, ce fut le cas de la France en 1830 lors de la conquête d’un
morceau de l’Afrique du Nord que l’on appela "Algérie" (cette partie
n’avait pas de nom).
Nous
avons conquis ce pays et avons mis en valeur des terres inexploitées en nous
aidant bien entendu de la main d’œuvre indigène, et cela pour le plus grand
bénéfice et du pays conquérant et forcément du pays conquis.
Ce
schéma s’est reproduit sur quelques continents au cours des derniers siècles,
aux Amériques, en Océanie et en Afrique.
Ces
temps-là sont révolus.
Un
pays n’envoie plus ses armées à la conquête de terres inexploitées mais le
temps du colonialisme, lui n’est pas révolu.
S’il n’y a plus
d’armée il y a des capitaux, des investisseurs, des spéculateurs.
Quand
un pays comme la Chine achète toutes les terres, arables ou non et
minières, d’un pays comme la République démocratique du Congo, et une immense
superficie de pays comme le Cameroun, le Mozambique, Madagascar, Nigéria (plus
de 30 millions d’hectares arables, essentiellement en Afrique. Plus que la
surface exploitée en France) et même au Brésil, en Russie et au Kazakhstan…
Quand
des pays riches comme le Qatar et l’Arabie Saoudite acquièrent d’immenses
superficies de terres arables ou non en Australie, en Ukraine, et partout dans
le monde…
Je
résume : quand des pays comme la Chine, le Qatar, l’Arabie Saoudite,
achètent donc des millions d’hectares de terres soient arables, soient encore
inexploités, qu’ils s’empressent de mettre en valeur afin d’en tirer le
plus grand profit, tout en exploitant la main d’œuvre locale, n’est-ce
pas très exactement ce qu’était le colonialisme des siècles précédents ?
Et
je vais même plus loin : quand des qataris, des Russes ou des Chinois
achètent tout ce qui est à vendre sur notre planète : industries, biens
d’équipement, hôtellerie, etc. et les exploitent en se servant de la main
d’œuvre locale, n’est-ce pas du colonialisme ?
Qu’on le veuille ou
non il n’y a aucune différence.
Un
pays est conquis par un autre pays plus riche, plus puissant, que ce soit par
ses armées ou par ses capitaux, et cela dans le but de l’exploiter sans que les
« indigènes » aient leur mot à dire. Ces mêmes indigènes sont
exploités ensuite pour enrichir les nouveaux propriétaires…les nouveaux colons.
C’est un éternel
recommencement, seules les méthodes changent.
Mais
il y a tout de même une différence.
Au
début de cet article, j’ai fait référence à la conquête de l’Algérie par la
France, en 1830.
Il
est vrai que la France a mis en valeur d’immenses surfaces de terres
inexploitées et de terres arables, et cela comme il se doit avec l’aide de la
main d’œuvre locale qu’elle a due former et l’arrivée de dizaines de milliers
d’immigrants venus de toute l’Europe.
Mais
la France a construit un pays là où il n’y avait rien, ou presque rien :
toutes les infrastructures, les industries, les ports, les aéroports, les
barrages, les routes, les voies ferrées, les hôpitaux, les écoles, et j’en
passe. Quelle chance a eu ce vaste territoire sans nom d’avoir été conquis par
la France, qui l’a baptisé « Algérie » !
Si
cela n’avait pas été le cas en 1830, s’il était resté aux mains des Arabes (qui
l’ont laissé en déshérence durant plus de dix siècles), et bien ces immenses
superficies de terres inexploitées et arables seraient de nos jours achetées
par ces mêmes Chinois, Qataris et d’autres, comme cela est en train de se
passer avec le reste de l’Afrique. Pour le plus grand bénéfice des acquéreurs
bien sûr mais également pour ceux qui sont au pouvoir actuellement.
Et
les Algériens seraient « colonisés »… comme ils l’ont été, mais certainement
pas avec les mêmes avantages qu’ils retirent encore actuellement de la
« colonisation française », loin s’en faut.
Ils n’ont pour cela
qu’à constater ce qui se passe dans « ces nouveaux pays colonisés »
et ils comprendront la différence qui existe entre
« colonialistes » et « colonisateurs ».