La mer Égée, ce n'est
pas qu'un décor de carte postale. Depuis quelques années, les plages
touristiques des îles au large d'Athènes voient débarquer par dizaines des
clandestins venus d'Afghanistan, de Syrie ou du Maghreb.
Pour
eux, la Grèce n'est qu'une étape sur la route de l'eldorado : l'ouest du Vieux
continent. Mais ce voyage est à haut risque.
Le
soleil tape en cette mi-journée de septembre, dans le charmant petit port de
Pythagorio, au sud de l'île de Samos. Les touristes de fin de saison vaquent,
sans se douter qu'à quelques mètres d'eux se joue un nouvel épisode de la
détresse humaine dont la Grèce est devenue le théâtre ces dernières années. Un
ferry débarque, après avoir fait étape sur l'îlot voisin d'Agathonissi, où il a
pris à bord une soixantaine de migrants clandestins : des hommes, une dizaine
de femmes et autant d'enfants originaires d'Afghanistan, de Syrie, d'Irak, du
Maroc. Ils avaient échoué là six jours plus tôt, après une traversée dans une
embarcation de fortune depuis la Turquie.
L'objectif
de ces migrants ? L'Europe. Mais si certaines îles grecques de la mer Égée
sont très proches des côtes turques, l'Europe n'est pas si accessible. A
Pythagorio, une quinzaine de policiers secondés par quelques militaires
attendent : deux vans et un autocar ont été dépêchés sur le quai. Les
migrants sont aussitôt transférés vers le commissariat central de l'île.
Commence
alors pour tous ces gens venus d'ailleurs la procédure d'enregistrement :
empreintes digitales, identité, pays d'origine. Ils resteront sous les verrous
pour une période indéterminée, de quelques jours à quelques semaines, avant
d'être relâchés avec un papier leur intimant l'ordre de quitter la Grèce sous
trente jours.
Ce
jour-là, le commissariat est débordé : seize détenus sont libérés pour faire de
la place. Hors de question pour eux de prendre le chemin du retour. Ils n'ont
qu'une idée en tête : rejoindre Athènes, où ils ont parfois un contact,
puis aller plus loin, plus à l'ouest. Ils ne savent pas encore que s'ils se
font interpeller ailleurs en Europe, les autres pays membres de l'espace
Schengen les renverront en Grèce. Alors ils se pressent pour attraper le
premier ferry qui les conduira à la capitale, où ils paieront de nouveaux
passeurs et prendront de nouveaux risques s'ils veulent poursuivre leur route.
Tous
ne sortent pas vivants de ce circuit semé d'embûches. Le 6 septembre, à
quelques encablures de l'île de Samos, un bateau a fait naufrage dans les eaux
turques. 61 personnes sont mortes.
Avec
RFI