HISTOIRE
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les Nationalistes, le 6 février est un anniversaire : celui d’une belle
occasion manquée, le 6 février 1934.
Cette manifestation, dans son organisation et dans son échec, fut l’œuvre des « Croix
de feu » du colonel de La Rocque. François de La Rocque, hissé en
politique par le poids de ses deux millions d'adhérents, le parti le plus
nombreux qu'ait jamais compté notre pays!■
LA ROCQUE : COURAGEUX AU FEU, HÉSITANT EN
POLITIQUE
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Rocque, un brave dans tous les sens du terme: il sert sous Lyautey
au Maroc, s'illustre au combat pendant
la Grande Guerre puis prend la tête de l'association des « Croix de feu » qui regroupe les seuls anciens
combattants décorés au feu.
C'est
alors le temps des ligues d'extrême-droite dont certaines regardent d'un bon
œil, c'est vrai, le fascisme italien. Mais La Rocque ne saurait être fasciste
puisqu'il est catholique convaincu. L'antisémitisme ne le gêne pas mais il
n'est en rien virulent sur le sujet. Il est, en revanche, totalement
antiparlementaire et anticommunisme.
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Colonel
François de la Rocque
1885-1946
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La crise économique de 1929,
puis les scandales financiers du début des années 30, gonflent les effectifs
des « Croix de feu », qui
s'adjoignent les « Fils de Croix de
feu », puis les « Volontaires
Nationaux », trop jeunes pour avoir combattu (et dont le plus célèbre sera l'aviateur Jean Mermoz).
Le 6 février 1934, dans
l'émeute provoquée par le pseudo-suicide de l'escroc Alexandre Stavisky, les
colonnes du colonel de La Rocque, disciplinées, prennent à revers la chambre des députés que la grosse masse
des manifestants attaque par la Concorde. Elles bousculent les barrages et ont
le palais Bourbon à portée de la main quand un ordre de La Rocque, en
personne, les détourne et les envoie
déambuler, inoffensives, du côté des Invalides tandis que les salves des gardes mobiles continuent de coucher sur le pavé parisien
des centaines de manifestants.
Le colonel de La Rocque
pensait, et il avait raison, que la prise d'un édifice public ne signifiait pas
la prise du pouvoir. Mais il réussit, ce jour-là, à s'attirer la haine de l'extrême-droite,
pour n'en avoir pas fait assez, ainsi que celle de l'extrême-gauche pour cette tentative avortée de coup d'État.
Et
les militants les plus virulents se retireront avec le sentiment d'avoir été
menés au bord du Rubicon pour... y
pêcher à la ligne.
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Insigne
du PSF
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Cette conjonction apaisante,
qui plaît tant aux partisans de l'ordre, lui vaut 10 000 adhésions par jour.
Les « Croix de feu »
dissoutes, il crée aussitôt le « Parti
Social Français » et adopte une devise qui fera son chemin: « Travail, Famille, Patrie » appuyée
sur un programme un peu simpliste et quelques formules qui font mouche: « Ni blanc, ni rouge mais
bleu-blanc-rouge. »
C'est l'époque où un
chansonnier ironisait en disant: « L'immobilisme
est en marche et, désormais, rien ne l'arrêtera ». La droite
nationale, qui n'a pas oublié le demi-tour gauche des « Croix de feu », ne les appellent plus que les « froides queues ». Dans la
presse d'Action Française, le colonel de La Rocque devient « Ronronnel de La Coque ». La Roque
était en fait un Boulanger mâtiné de Pierre Poujade: il drainait les déçus, les râleurs et les
mécontents.
Il
ne savait pas ce qu'il voulait mais il l'a dit avec sonorité. Il n’est pas sans
rappeler certains généraux actuels qui prétendent fédérer les patriotes et défendre la
civilisation française tout en restant… apolitiques : comme si une telle
équation était possible !
LA ROCQUE : UN AUTHENTIQUE RÉSISTANT
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qui se souvient encore que le colonel de La Rocque fut aussi un authentique
résistant et qu'il est mort des suites de sa longue captivité ? Pourtant,
dès le 16 juin 1940, donc avant le discours du Maréchal Pétain du 17 juin, La
Rocque signait un éditorial intitulé «Résistance», dans le quotidien du
PSF :
« Après
avoir adressé aux Parisiens nos exhortations de courage et de fermeté, nous
voulons maintenant crier à tous les Français le mot d'ordre de résistance. Le
gouvernement au pouvoir a été désigné, soutenu à cause de son programme
essentiel : tenir, ne jamais faiblir. Ce gouvernement ne saurait capituler
sans se renier lui-même. Il ne saurait mettre bas les armes par une simple
décision. Sa décision ne saurait sortir de la ligne choisie, convenue, adoptée,
sans que le pays soit d'abord, consulté, prévenu. Ou bien ce serait une escroquerie morale dont aucun Français n'a le
droit d'accuser un autre Français, ce dernier fût-il son pire adversaire
politique.
Tous
les citoyens doivent donc être prêts à la résistance totale, et jusqu'au bout.
La famille PSF entière doit donner l'exemple... Une seule consigne, quoi qu'il
arrive : Résistance !»
Le colonel de La Rocque est
arrêté par la Gestapo, le 9 mars 1943, ainsi que 152 dirigeants du PSF. Il est
interné successivement, durant les six premiers mois, dans les cellules de la
prison de Moulins, de Fresnes puis du Cherche-Midi. Transféré le 31 août 1943,
il est déporté en Tchécoslovaquie au camp de concentration de
Flossenbürg ; puis en Autriche au château d'Itter, où il a la surprise de retrouver Édouard Daladier, Paul
Reynaud, Jean Borotra, Léon
Jouhaux.
TRAÎTÉ IGNOMINIEUSEMENT PAR
LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE DE DE GAULLE
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Rocque est en piètre état. « La détention fut pour lui particulièrement
rude d'autant qu'il souffrait des suites d'une blessure reçue lors de la Grande
Guerre. C'est dans un état de cachexie, avec un œdème des deux jambes, qu'il
arrive le 10 janvier 1944 à Itter, où il est examiné et soigné par un médecin
de Dachau ». Après une opération chirurgicale, La Rocque
entre en contact avec des parachutistes américains. C'est la 103e division
américaine qui le libère, ainsi que les personnalités détenues à Itter,
le 7 mai 1945. La Rocque revient en France le 9 mai 1945 et se voit
immédiatement placé… en internement administratif jusqu'au 31 décembre
1945 afin de l'éloigner des affaires politiques, notamment des négociations du Conseil National de la Résistance.
La
commission de vérification des internements administratifs réclame sa
libération, mais le gouvernement ne tient pas compte de cet avis. À sa sortie
d'internement, il est assigné à résidence et décède quelques mois plus tard, le
28 avril 1946, des suites de ses mois de détention.
Le colonel François de La
Rocque, héros de la Grande Guerre, du Rif et de la Résistance, sera décoré à
titre posthume, en… 1961, de la «Médaille
de la Déportation et de l'Internement pour faits de Résistance» et se voit
attribuer la carte de Déporté-Résistant, qui lui avait été refusée de son
vivant. Et De Gaulle rend enfin hommage, en tant que chef de l'État, « à la mémoire du colonel de La
Rocque, à qui l'ennemi fit subir une cruelle déportation pour faits de
Résistance et dont, je le sais, les épreuves et le sacrifice furent offerts au
service de la France. »
Puis le gouvernement de Michel Debré présenta « les excuses du gouvernement pour une
injustice dont il mesure la profondeur.» Pourquoi l’histoire officielle ne
raconte-t-elle jamais ces choses-là ?
►Le 6 février, ayons une pensée, mieux
une prière, pour le Colonel François de La Roque.■
Éric
de VERDELHAN