POLITIQUE
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ertains diront qu'elle est éparpillée
façon puzzle. D'autres diront qu'elle est en mille morceaux. Les derniers,
enfin, diront qu'elle ne sait plus où elle habite. C'est une certitude, la
droite française est largement divisée. Six mois après l'entrée en fonction d'Emmanuel
Macron, ce dimanche 26 novembre vient d'en donner deux nouvelles illustrations.■
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ans Le JDD, ce sont
deux ministres et un député récemment exclus des Républicains (Gérald Darmanin,
Sébastien Lecornu et Thierry Solère) qui ont annoncé leur adhésion à « La République en marche ».
Au même moment, une vingtaine de parlementaires, maires et anciens ministres
ont fait part dans Le Figaro de la naissance d'un nouveau parti nommé
« Agir ».
Si bien que, exactement un
an après la victoire de François Fillon à la primaire et à deux semaines de
l'élection du nouveau président des Républicains, il est bien difficile de s'y
retrouver. Voici un petit manuel pour tenter de se repérer.
LES MACRONISTES
GÉRALD DARMANIN ET BRUNO LE MAIRE
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G
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érald Darmanin, Sébastien
Lecornu et Thierry Solère ne sont pas les premiers à rejoindre le parti fondé
par Emmanuel Macron. Avant même la présidentielle, le sénateur Jean-Baptiste
Lemoyne avait ouvert la voie en adhérant à En Marche. Après la présidentielle
et son entrée au gouvernement, c'est Bruno Le Maire qui était venu grossir les
rangs des marcheurs. Exclus le mois dernier des Républicains, les trois
néo-macronistes ont longtemps hésité sur leur stratégie à adopter: devaient-ils
rester en retrait ou prolonger leur engagement aux côtés du président en
adhérant à son parti? « Je ne veux
pas mettre mon énergie à reconstituer des vieilles formations politiques. Je
veux la mettre à la reconstruction du pays », indique Thierry Solère
dans Le JDD pour justifier la deuxième option alors qu'il avait passé
de longues semaines à porter le projet d'un nouveau mouvement.
LES CONSTRUCTIFS
FRANCK RIESTER
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ls avaient donné un premier
indice en juin dernier. En refusant de siéger au sein du groupe Les
Républicains, ces députés avaient clairement indiqué qu'ils ne s'opposeraient
pas frontalement au gouvernement. Cinq mois plus tard, ils franchissent un pas
décisif en annonçant la création d'un nouveau parti. Initié par Franck Riester,
le président du groupe Les Constructifs à l'Assemblée, Agir se veut un
mouvement de défense « des idées
libérales, sociales, européennes, humanistes et réformistes de la droite et du
centre ». Comme les nouveaux macronistes, ils ne veulent pas d'un
parti Les Républicains dirigé par Laurent Wauquiez et son positionnement
radical. « Nous refusons de voir la
droite s'enfermer dans une ligne identitaire, autoritaire, eurosceptique et ultra-conservatrice.
Cette stratégie exacerbe les tensions de la société française et conduit à
l'échec », expliquent-il. Mais contrairement aux adhérents de LREM,
ils entendent conserver la liberté de voter contre certains projets
gouvernementaux.
LE SANS PARTI
ÉDOUARD PHILIPPE
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ormellement, les
Républicains ne l'ont pas exclu. Mais la direction a estimé qu'en acceptant de
devenir premier ministre et en refusant de répondre aux demandes d'explication,
Édouard Philippe s'est mis de lui-même hors du parti. Voilà donc un chef du gouvernement
membre d'aucune formation ce qui n'était plus arrivé depuis Raymond Barre
entre 1976 et 1981. Ce qui ne semble pas inquiéter outre mesure l'ancien maire
du Havre dont la remplaçante à l'Assemblée (Agnès Firmin Le Bodo) a rejoint « Agir ».
« J'aurai un engagement politique,
et l'engagement politique à mon avis vaut largement l'étiquette partisane »,
disait-il y a quelques semaines en expliquant qu'il ne comptait pas rejoindre
LREM. « Il est le chef de la
majorité », élude aujourd'hui son entourage.
LES ATTENTISTES
ALAIN JUPPÉ ET VALÉRIE PÉCRESSE
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usqu'à preuve du contraire,
ils sont toujours membres du parti Les Républicains et devraient donc à ce
titre participer à l'élection à la présidence du parti. Mais une victoire de
Laurent Wauquiez et la mise en œuvre de sa stratégie droitière pourraient être
de nature à changer la donne. « Cher
Laurent Wauquiez, ton vocabulaire est de plus en plus excessif: ce n'est pas
comme cela que l'on rassemble Les Républicains », a par exemple mis en
garde ce dimanche le juppéiste Dominique Bussereau. Même s'il se tient éloigné
de Paris, le maire de Bordeaux devra se positionner, surtout après avoir
évoqué un « grand
rassemblement central » en vue des européennes de 2019. Pour le
moment, on parle à sa place. « Il a
commencé à dire des choses », veut croire Gérald Darmanin alors que
Laurent Wauquiez croit savoir qu'il restera à l'intérieur de la formation qu'il
a créée en 2002. Le choix d'autres grands élus locaux comme Valérie Pécresse,
Xavier Bertrand ou Christian Estrosi qui refusent toute dérive droitière sera
aussi très attendu.
LES RÉPUBLICAINS
LAURENT WAUQUIEZ
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ls y sont, ils y restent.
Que Laurent Wauquiez devienne le nouveau président des Républicains ou qu'une
énorme surprise surgisse du congrès de décembre, la grande majorité des élus de
droite garderont leur carte dans ce parti. Avec une idée en tête martelée ce
dimanche par le favori: « Si jamais
il n'y a plus que ce marais central et qu'Emmanuel Macron échoue, ça veut dire
quoi ? Que les Français n'auraient plus que le choix entre Mélenchon et Marine
Le Pen ? Moi je ne veux pas de cela », a lancé Laurent Wauquiez lors
du Grand Rendez-vous Europe1, CNews, Les Échos.■ Source