HISTOIRE
« Les tortionnaires se ressemblent… Ils
appartiennent à la sombre patrie des bourreaux et insultent d’abord à notre
espèce avant de salir, au hasard des guerres, le drapeau de leurs victimes. » (Pierre
Moinot)
Dès le déclenchement de la deuxième
guerre mondiale, l’Indochine fut envahie par l'armée japonaise qui occupait
déjà la Chine et qui avait proclamé en 1938 sa volonté d'éradiquer toute
présence d'homme blanc en Extrême-Orient, allant jusqu’à introniser, à son
départ, le 2 septembre 1945, le gouvernement communiste Hô Chi Minh.
Lors des hostilités avec la
France, le Viêt Minh effectua de nombreuses prises d'otages, incluant des civils.
Beaucoup de prisonniers militaires français passèrent dans des camps
d'internement situés dans les régions sous contrôle indépendantiste et furent
soumis à une tentative de « rééducation marxisante » par des
commissaires politiques au nombre desquels des communistes étrangers et
français faisaient montre d’un zèle excessif… Ainsi le PCF, par la voix de
ses responsables, Maurice Thorez, Jacques Duclos, le couple Joliot-Curie… joua
un rôle essentiel, non seulement dans la conception, mais aussi dans l'exécution
du lavage de cerveau.
Le sort des prisonniers
dans ces camps de rééducation fut longtemps méconnu du grand public. L’affaire
Georges Boudarel contribua à le rappeler à l'opinion dans les années 1990.
Militant du parti communiste
français, progressiste et marxiste, Georges Boudarel naquit en 1926. En avril
1948, il s’embarqua pour l’Indochine comme professeur de philosophie et
anima l'antenne indochinoise du PCF, le groupe culturel marxiste auquel Jean
Chesneaux, l’historien communiste affilié au Viêt Minh, appartint.
Le traître Boudarel |
Le 17 décembre 1950,
refusant d’être incorporé dans l’armée française et considéré comme
« insoumis » puis déserteur, il rejoignit le Viêt Minh et se rendit
après une longue marche au Tonkin où, en 1953, il fut nommé commissaire politique
dans un camp de rééducation de prisonniers, le camp 113.
Situé près du village de Nam
Nahm, à 25 km à l'ouest du kilomètre 32 de la RC2 (60 kms au sud de la
frontière chinoise et 30 kms au sud-ouest de Bắc Giang) ce camp,
insalubre, connut très vite une intense mortalité… Son cimetière débordait de
cadavres que les grosses pluies d'automne déterraient. Les rats pullulaient et
s'attaquaient aux mourants à l'infirmerie. Dès lors, la situation sanitaire
devint telle qu’il fallut évacuer ce camp et le reconstruire 30 kilomètres plus
à l'est, au nord de VINT-THUY, non loin de la RC2, près de LANG-KIEU.
La longue marche des prisonniers Français après la chute de DIEN BIEN PHU |
Quelque 320 prisonniers,
survivants d’un triste bétail pensant, abandonnés à leurs délires, à leurs
rêves et à leur rancœur, tous d’origine européenne, officiers, sous-officiers
et soldats, croupissaient dans ce camp dans des conditions
d’alimentation, d’hygiène et de prophylaxie infâmes. À l’infirmerie, véritable
antichambre de la mort, des squelettes vivants agonisaient, vaincus par la
faim, la maladie et rongés par la vermine, sous un essaim de grosses mouches
vertes. Ils étaient, en effet, vidés par la dysenterie, minés par le paludisme,
l’avitaminose, les ascaris, la peau rongée par les champignons de la dartre
annamite, de la bourbouille et du hong-kong-foot. Parmi ceux qui
n’avaient plus aucune réaction et qui allaient mourir le soir même ou
dans la nuit, certains avaient les lobes d’oreilles et la base des narines
entamés par les rats.
Dans un endroit retiré, des
latrines avaient été creusées où grouillaient des millions d’asticots qui
donnaient naissance à des multitudes de mouches, vecteurs de toutes les
maladies et véritable « pont aérien entre ce lieu et les cuisines »
selon le mot même de Boudarel. Le taux de mortalité variait entre 25 et 40
décès par mois, et même plus, selon les saisons.
C’est en ce lieu sinistre
que Boudarel, surnommé « Dai Dông », mit au point ses sévices chaque
jour plus raffinés et excella dans le lavage de cerveau imprégné des
doctrines du marxisme-léninisme et de l'internationalisme prolétarien.
Dans ce « mouroir », sa
spécialité : « La mise à mort sans toucher »
consistait :
- à abreuver de cours de « rééducation politique » des
hommes blessés, malades, éreintés, affamés
- à obliger les moribonds à se lever pour assister à ces
séances, qui contribuaient à les achever
- à exploiter la pratique clé la « critique et de
l’autocritique » pour créer un détestable climat de méfiance, de discorde
et de délation
- à remettre au Vietminh des médicaments parachutés par la Croix
Rouge Française et à les refuser aux malades abandonnés sans soins
- à réserver aux évadés repris un sort qui menait à une fin
quasi certaine
- à établir lui-même la liste des « libérables »,
c’est-à-dire en s’attribuant le droit de vie et de mort
- à pousser la cruauté jusqu’à renvoyer au camp des prisonniers
déjà sur le chemin de la libération : certains en mourront de désespoir
- à détenir un record de mortalité, avec 1 à 8 décès par jour.
Boudarel étant devenu le
« conseiller technique » pour l’action psychologique, les chefs des
130 camps Viêt Minh appliquaient avec zèle, sur ses indications, les séances de
tribunal populaire destinées à juger ceux qui étaient considérés comme
« fautifs ». Les prisonniers
subissaient des traumatismes importants dus au viol psychologique de
l’endoctrinement, des séances d’autocritique et d’encouragement à la délation.
Par ailleurs, en dépit de
leur extrême faiblesse, tous ceux qui pouvaient tenir debout participaient aux
corvées et aux activités du camp. « Si pas travailler, pas
manger ! » Telle était la devise du surveillant général.
Ils furent, ainsi, victimes
« d'agressions psychologiques découlant d'une doctrine monstrueuse,
appliquée par un État pratiquant une politique d'hégémonie idéologique et
d'intolérance active ». Tous les éléments du génocide constituant le crime
contre l'humanité furent réunis, tel que le définit la Convention des Nations
Unies du 9 décembre 1948 : « Atteintes graves à l'intégrité physique et
mentale du groupe ; soumission intentionnelle de celui-ci à des conditions
d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou
partielle »… ce qui accrédite la théorie de Guglielme Ferrero :
« Quand ils ne se servent pas des armées pour établir la tyrannie, les
tyrans détruisent les armées afin de n’être pas détruits par elles ».
Parmi les punitions –
identiques dans tous les camps- l’une des plus terribles était le séjour
prolongé dans la sinistre « cage à buffles » sous une maison sur
pilotis où le prisonnier, attaché à un poteau dans une eau putride sans pouvoir
se protéger des piqûres d’insectes, était supplicié jusqu‘à la folie et la
mort.
Durant l'année de son
activité au camp 113, Boudarel reconnut lui-même un taux de mortalité
atteignant les 70 %. Sur les 320 prisonniers Français, 278 moururent de
mauvais traitements et de torture physique et psychologique. Dans ce cloaque
pestilentiel, il avait fait sien « L’Enfer » de Dante, première
partie de la « Divine Comédie » : « Vous qui entrez ici,
abandonnez toute espérance ! »… (1)
Le résultat de longs mois de captivité... |
Lorsqu’ils débarquèrent à
Marseille, les survivants, squelettes ambulants ou morts-vivants portés sur
civière, furent la cible des jets de boulons, de crachats et d’injures par des
dockers communistes de la CGT rendant, de la sorte, vivants ces vers du Capitaine
Borelli, Officier de Légion : « Quant à savoir si tout s’est passé de
la sorte, et si vous n’êtes pas restés pour rien là-bas, si vous n’êtes pas
morts pour une chose morte, Ô mes pauvres amis, ne me le demandez pas ! »
Inculpé de trahison Georges
Boudarel fut condamné à mort par contumace en juin 1953. En 1964, il quittera
le Vietnam pour Moscou où il prendra le nom de « Boris », puis Prague
où, jusqu'en 1967, il exercera ses talents d'apparatchik communiste dans une
filiale du Kominform, la Fédération syndicale Mondiale (FSM).
Après les accords de Genève,
ce tortionnaire, bénéficiant de la loi d'amnistie gaulliste du 18 juin 1966 qui
stipulait : « sont amnistiés de plein droit tous crimes et délits
commis en liaison avec les évènements consécutifs à l’insurrection
vietnamienne, et antérieurement au 1er octobre 1957 », revint en
France et fut aussitôt coopté au CNRS par ses amis communistes et syndicalistes
de l’Éducation Nationale pour y préparer une thèse de troisième cycle
d’histoire à l’université Paris VII Jussieu. Il devint maître de conférences à
Jussieu et ces mêmes communistes et syndicalistes feront ensuite valider ses
années « d’expérience » en Indochine pour favoriser sa carrière…
Durant ces années, il
fréquenta assidûment les milieux trotskistes, en particulier la ligue
communiste d’Alain Krivine et comptera parmi ses amis et
« protecteurs » Gisèle Halimi, Suzan Sontag, Marianne Schaub, Laurent
Schwartz, Marcel Kahn, Madeleine Rebérioux… tout le gratin de la gauche
intellectuelle qui sera à l’origine de la création de la « Ligue
Contre-Révolutionnaire ».
Le 13 février 1991, lors
d'un colloque au Sénat sur le Vietnam auquel Boudarel participait, il fut
reconnu et apostrophé par Jean-Jacques Beucler, ancien secrétaire d’État à la
Défense et lieutenant en Indochine. Blessé sur la redoutable RC4, il fut fait
prisonnier et interné de 1950 à 1954 dans le camp 113. Se plantant devant
Boudarel, il l’apostropha en ces termes :
« Vous êtes un
individu qui a trahi son pays pour se mettre volontairement, au service de
l'ennemi et qui a spécialement maltraité ses compatriotes sur le plan matériel
et sur le plan moral. Puisque vous bénéficiez sans doute d'une amnistie
collective, nous ne pouvons pas vous poursuivre en justice mais nous tenons à
vous dire publiquement, en mémoire des Morts pour la France en Indochine, que
nous éprouvons à votre égard, le plus profond mépris, il faut que l'assistance
sache à quel ignoble bonhomme elle a à faire. Vous êtes un criminel de
guerre ! Vous avez du sang sur les mains. Votre présence à cette
tribune est indécente ! ».
L’affaire fit grand bruit,
d’autant plus que Boudarel adopta une attitude provocatrice, affirmant ne rien
regretter et allant jusqu’à se moquer publiquement de ses anciennes victimes.
Le communisme a toujours tenté de se faire passer pour un mouvement de paix... Comme l'islam aujourd'hui ! |
« Je consens que mon
frère soit mort ; c’est la loi commune. Ce qui me révolte, c’est
l’arrogance de ses assassins » écrivait Christopher Marlowe, dans
« Édouard II »… Cette révolte, les anciens d’Indo la burent jusqu’à
la lie…
D'autres témoignages furent
déposés ensuite contre Boudarel qui fit l'objet en 1991 d'une plainte pour
crimes contre l’humanité déposée par d'anciens prisonniers français du camp
113. Contre toute attente, articles et pétitions en faveur de Boudarel ne
manquèrent pas dans le camp « progressiste » (Jean Lacouture, Pierre
Vidal-Naquet qui soutiendra les tueurs du FLN en Algérie…) et la justice rejeta
l‘accusation de crime contre l’humanité portée par une association d’anciens
combattants, au motif que les faits étaient couverts par la loi d’amnistie de
1966.
Suprême dérision :
Soutenu par l’ensemble de la gauche intellectuelle, il échappa également à
toute sanction dans le cadre universitaire.
À 65 ans, l’ancien
commissaire politique du camp 113 put en toute légalité faire valoir ses droits
à la retraite. Il mourut paisiblement dans son lit le 26 décembre 2003 à
l’âge de 77 ans.
« Et ton nom paraîtra
dans la race future, aux plus cruels tyrans, une cruelle injure ! »
- (« Britannicus » Jean Racine)
José
CASTANO
(1) - Le
nombre des militaires français capturés durant le conflit indochinois, répartis
dans une centaine de lieux de détention, s'élèvera à 37.979 dont 28% seulement
survivront, soit 10.754. Leur mortalité sera donc très supérieure à celle des
camps d'extermination nazis considérés comme la honte de l'humanité.
- De 1945 à 1954, il y eut
environ 37 000 prisonniers militaires aux mains du Vietminh. 71% moururent en
captivité, soit environ 26 200 personnes.
- Sur les 2000 soldats
français capturés en 1950 lors du désastre de la RC4, il ne restait plus en
1952, au camp n°1, que 32 survivants. Le taux de mortalité fut donc de plus de
90%.
- Sur
les 11 721 prisonniers de Diên Biên Phu qui durent endurer
une marche de la mort pour regagner les camps, 70 % périrent en moins
de 4 mois. Seuls, 3 290 d’entre eux reviendront de captivité.
- Le Viêt Minh ne reconnut
jamais la Convention de Genève sur les prisonniers de guerre et pendant toute
la durée du conflit, la Croix Rouge ne reçut jamais l’autorisation de visiter
les camps.
« L‘inhumanité des camps
Viêt Minh rejoint et égale celle des camps nazis » (Capitaine
Pierre MONTAGNON – Officier putschiste du 2ème REP – « Les Parachutistes
de la Légion »)
Voir
aussi : boudarel 91 - Vidéo Dailymotion
(Manifestation
unitaire de mars 1991 organisée par l'Action Française contre le tortionnaire Boudarel)