Alain Mimoun n’est plus. Un athlète qui aimait sincèrement la France nous a quittés. Nous n’étions pas de la même génération d’athlètes, mais nous avions fréquenté les mêmes stades… Alain n’était pas Gaulois, certes… mais il en avait adopté les Valeurs : l’Amour et la Foi en la France. En cela, il était beaucoup plus Français, déjà "par le Sang versé", que certains autres –même de souche- qui les ont totalement oubliées. Sa gentillesse et sa modestie étaient devenues légendaires sur les pistes et ils savaient toujours avoir un mot amical pour ceux qui venaient le voir. Aujourd’hui, nous pensons à lui avec respect et amitié avec la certitude qu’il est maintenant accueilli dans l’Olympie du Ciel : bleu, blanc, rouge… (Marc Noé, ancien International d’Athlétisme)
A
|
lain Mimoun, de son vrai nom Ali Mimoun Ould Kacha, est mort jeudi soir, le 27 juin, à l’âge de 92 ans à l’hôpital militaire Bégin de Saint Mandé. Il était né le 1er janvier 1921 à Maïder (arrondissement du Télagh) département d’Oran.
Aîné d'une fratrie de sept enfants, issu d’une famille de modestes agriculteurs, sa mère Halima le destine à une carrière d’instituteur. Il obtient le certificat d’études primaires (avec mention « Bien »), mais on lui refuse malgré tout une bourse. Il s'engage alors dans l'armée au début de la Seconde Guerre mondiale, alors qu'il n'a pas encore 19 ans, et est envoyé sur la frontière belge.
Après la débâcle, en 1940, il est pour un temps intégré au 19e régiment du génie, à Besançon, où il se livre à la pratique du sport : football, cyclisme… et enfin à la course à pied. Puis il va à Bourg-en-Bresse où il vient s'entraîner dans le stade.¢
Là, le président du club d'athlétisme local, M. Vilar, le remarque. Il participe au championnat départemental de l'Ain et remporte l'épreuve du 1 500 mètres. Muté en Algérie, à Alger, avec le 19e régiment du génie, il intègre l'équipe de cross-country de l'unité, puis combat contre l'Afrika Korps lors de la Campagne de Tunisie (novembre 1942 - mai 1943) sous les ordres du général Giraud.
Après la débâcle, en 1940, il est pour un temps intégré au 19e régiment du génie, à Besançon, où il se livre à la pratique du sport : football, cyclisme… et enfin à la course à pied. Puis il va à Bourg-en-Bresse où il vient s'entraîner dans le stade.¢
Là, le président du club d'athlétisme local, M. Vilar, le remarque. Il participe au championnat départemental de l'Ain et remporte l'épreuve du 1 500 mètres. Muté en Algérie, à Alger, avec le 19e régiment du génie, il intègre l'équipe de cross-country de l'unité, puis combat contre l'Afrika Korps lors de la Campagne de Tunisie (novembre 1942 - mai 1943) sous les ordres du général Giraud.
Dès juillet 1943, il participe à la campagne d'Italie comme caporal dans le 83e bataillon du génie, au sein de la 3e division d'infanterie algérienne du Corps expéditionnaire français commandé par le maréchal Juin. Grièvement blessé au pied par un éclat d'obus lors de la bataille du mont Cassin le 28 janvier 1944, il évite de justesse l'amputation de sa jambe gauche préconisée par les médecins américains et est soigné à l'hôpital français de Naples qui lui évite cette épreuve, puis participe néanmoins au débarquement de Provence (15 août 1944). Son bataillon y gagnera la Croix de guerre avec quatre citations.
Après le conflit, il devient garçon de café au Racing club de France à la Croix-Catelan et habite un modeste deux pièces au 127, avenue Simon-Bolivar à Paris.
Après le conflit, il devient garçon de café au Racing club de France à la Croix-Catelan et habite un modeste deux pièces au 127, avenue Simon-Bolivar à Paris.
Avec Alain Mimoun, immense champion des années 1940 et 1950, c'est un pan de l'histoire de l'athlétisme qui a disparu jeudi soir. Champion olympique le 1er décembre 1956 du marathon, dans la chaleur de Melbourne (36°C à l'ombre), avec un simple mouchoir blanc sur la tête comme seule protection et alors que l'on promettait le titre à son rival éternel et grand ami Emil Zatopek, Mimoun demeure le plus grand coureur français de tous les temps.
DÉCORÉ DE LA LÉGION D'HONNEUR
Sa soif de reconnaissance légitime d'un pays, la France, qu'il a toujours considéré comme le sien, sera finalement assouvie quand quatre présidents de la République le décoreront de la légion d'honneur: René Coty en 1956 (chevalier), Georges Pompidou en 1972 (officier), Jacques Chirac en 1999 (commandeur) et Nicolas Sarkozy en 2008 (grand officier). En décembre dernier, le journal « L’Équipe », qui l'avait sacré champion des champions en 1949 et 1956, lui avait remis son premier trophée de champion des champions de légende. Il y a deux ans, à Champigny-sur-Marne, il se remémorait ainsi l'apothéose de sa vie de champion, à Melbourne, au lendemain de la naissance de sa fille Olympe: «Quand le drapeau français a été hissé, j'ai pleuré sans larmes tellement j'étais déshydraté. Le lendemain, il flottait encore. C'est un destin fantastique, non ?» Assurément Alain...¢
Avec l’Équipe