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nchaînant ses phrases sur un ton toujours agressif, Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche, a expliqué jeudi qu'il était "candidat à Matignon" pour appliquer "une autre politique" lors de l'émission "des paroles et des actes" de France 2. Manque pas d’air le camarade !
"Je n'ai jamais dit + Matignon, pourquoi pas? + Je suis candidat à Matignon", a déclaré Jean-Luc Mélenchon qui estime que dans la majorité actuelle "pas un député PS n'avait été élu sans les voix du Front de gauche, et pas un des députés du Front de gauche ne l'avait été sans le PS". "Cette majorité a été élue sur un programme et François Hollande a déplacé le curseur vers la droite, vers les solfériniens", a-t-il poursuivi.¢
"Je veux qu'on change le centre de gravité, qu'on applique une autre politique", a-t-il ajouté. Comme on lui demandait ce qu'il ferait s'il était nommé à Matignon, il a répondu: "Je sais quoi faire".
D'abord "rassurer les nôtres: on passe à toute vitesse la loi contre les licenciements boursiers, répression de tous ceux qui ont truandé, moratoire sur la dette et après on commence à donner de la respiration au pays, des sous, de la thune...On titularise tous ceux qui sont en précarité dans la fonction publique (...) et après on convoque la constituante".
Concernant la décision du gouvernement de s'opposer à la proposition de loi sur l'amnistie sociale, il s'est dit "consterné et, comme beaucoup, blessé" et a accusé le président François Hollande de "duplicité". "Quelle duplicité parce qu'il m'a promis les yeux dans les yeux qu'il ferait l'amnistie", a-t-il dit précisant que cette promesse avait été faite "la première fois (qu'il) l'a rencontré après son élection". "J'en donne ma parole d'honneur", a-t-il dit.
Face à l'économiste Jacques Attali, il a développé sa théorie, selon laquelle la France devrait refuser de rembourser sa dette, "la bombe nucléaire". "J'ai besoin que l'on sache que je suis absolument déterminé (...) ce qui compte, c'est le rapport de force que l'on fait", a-t-il dit.
"Arrêtons de rembourser une dette que nous ne pourrons jamais rembourser", a-t-il poursuivi plaidant pour le recours à l'inflation.
"Si vous faites cela, vous condamnez la France à sortir de l'euro", lui a répliqué M. Attali, estimant que la politique prônée par M. Mélenchon n'était "pas possible à appliquer à l'échelle française" sinon ce serait "la Corée du Nord", mais elle le serait "à l'échelle européenne, pourquoi pas".
Habitué au "parler dru et cru", Jean-Luc Mélenchon a également enchaîné les phrases qui claquent s'attirant les rires du public mais aussi des journalistes. Sur une question au sujet de sa présence au milieu d'acteurs et chefs d'entreprises, à la remise de prix du magazine GQ qui l'a élu comme homme de l'année, l'ancien candidat à l'Élysée a répondu: "Quand je prends du plaisir, je ne me coince pas, je me laisse aller".
"Vous voudriez que je chemine la barbe hirsute dans des souterrains avec mon balai et restant avec mes amis à comploter, ils sont marrants comme tout, ces gens, ils invitent un type qui va leur faire les poches!", a-t-il ajouté tout sourire avant d'expliquer: "Le sujet pour moi est que je dois casser une image qui est donnée de moi. Là-dedans, il y a des gros capitalistes et il y a aussi des poissons qui m'intéressent , des grands décideurs, des types de très haut niveau qui sont dans des grandes administrations, des grandes entreprises et ça m'intéresse de les connaître, de savoir ce qu'ils savent."
"Ne vous détendez jamais. Je peux faire une blague et à la fin je vous annonce que dans les entreprises il n'y aura pas de différence de salaire supérieur de 1 à 20", a prévenu Jean-Luc Mélenchon en fin d'émission.¢
Avec AFP