Il est difficile
aujourd’hui de ne pas avoir entendu parler des « Femen »… Ces «
drôles de dames », dont le mouvement est né en Ukraine, se sont répandues un
peu partout « à l’international » au point qu’elles squattent désormais nombre
de plateaux de télévisions, tandis que la quasi-totalité des médias a parlé de
leurs faits d’armes.
Désormais,
surtout, de leurs « voies de faits » !
Au
début, on souriait de ces walkyries contemporaines qui apparaissent les tétons
à l’air. Toutes sont jeunes et plutôt bien balancées. Aucun « thon », aucun «
boudin », aucun « tas » : toutes semblent sorties d’un casting de Marc
Dorcel.(1)
Étonnant,
non ? Les moches n’auraient-elles pas droit d’appartenance à ce nouveau
sacro-saint mouvement médiatique ? Aucun journaliste n’a semble-t-il jugé
opportun de s’interroger sur la question ; mais si les journalistes en
place avaient l’habitude des questions dérangeantes, cela se saurait.
Oui,
elles sont sexy, ces « fichues drôlesses » aux nichons complaisamment exhibés,
mais attention ! Contrairement à celles qui font de même dans les rues
chaudes de certains quartiers, elles ne sont pas de petite vertu, mais de
grandes revendications.
Et
de revendications tous azimuts : promotion de la démocratie, de la liberté
de la presse, des droits des femmes, de la protection de
l'environnement… et lutte contre la corruption, la prostitution, le tourisme
sexuel, les agences matrimoniales internationales, le sexisme,
la pornographie, la violence conjugale, le racisme, la pauvreté…
Manque l’exigence du soleil après la pluie, du rebouchage du trou dans la
couche d’ozone et des numéros gagnants à l’Euromillion, mais il n’est pas dit
que cela ne soit pas réclamé plus tard.
Reconnaissons
qu’à leurs premières apparitions, tout homme normalement mâle appréciait de
mater leur plastique avenante. Pour se rincer l’œil, c’est tout de même mieux
que les moustachus de la CGT… ou, dans le registre femelles en fureur, des
chiennes de garde habituelles du MLF.
Mais
plus ça va, plus leurs actions tournent vinaigre… Par exemple, dimanche en
huit, lorsqu’elles attaquèrent la manifestation de protestation contre le
mariage homosexuel, organisée par l’association catholique CIVITAS (2) « en portant un voile de
religieuse sur la tête, les seins nus, certaines en porte-jarretelles, avec des
expressions injurieuses écrites sur la poitrine (“fuck Go”, “fuck Church”,
“Saint-esprit étroit”, “Marie marions-nous”, “occupe-toi de ton cul”) »…
et en aspergeant les manifestants de gaz fumigènes.
Bloquées
par le service d’ordre qui les repoussa avec quelques taloches et coup de pieds
aux derrières, elles n’ont de cesse, depuis, de couiner leur indignation sur
les plateaux de télévision, tandis que la quasi-totalité des médias martèle que
ce furent elles les agressées, les bastonnées et les victimes d’insultes…(3)
C’est
ce qu’est venu confirmer samedi soir, dans l’émission « Salut les Terriens »(4) de Thierry Ardisson la militante du
FEMEN Nathalie Vignes. Tous les invités du plateau, comme il le devait,
compatirent à tant de malheurs. Aucun kamikaze n’était présent pour contredire
la version de cette nouvelle Jeanne d’Arc contemporaine !
Mais
ce qui aurait pu n’être qu’une complaisance de plus envers le politiquement
correct ne s’arrêta pas là. Aidé par une très professionnelle mise en scène de
Thierry Ardisson, Nathalie Vignes se lança dans le récit du viol dont elle fut
victime lorsqu’elle avait treize ans… Viol odieux de la collégienne qu’elle
était encore et qu’elle relata avec moult détails, de son « pipi à la culotte »
pendant l’agression, à la morsure quelle infligea à son bourreau, lui arrachant
une partie de la joue et le faisant saigner abondement, puis comment elle le
coursa à travers la pièce, puis dans la rue…
À
défaut d’exhiber pour l’occasion sa poitrine, la dame ne fut pas avare de
détails scabreux ou héroïques… avec un rare talent de conteuse ! Et pour
cause… In extremis avant un changement de sujet, elle rappela précipitamment
les dates et lieux de ses prochains spectacles, ce que Thierry Ardisson,
quelque peu pressé par son programme, était prêt à oublier de faire.
Le
téléspectateur attentif appris ainsi en quelques minutes qu’on pouvait avoir
été violée dans son enfance, défendre de grandes causes et être également
comédienne professionnelle, sourcilleuse quant à la promotion de ses
spectacles… Rien d’incompatible, bien sûr !
Le
téléspectateur plus distrait pourra, lui, se rappeler que les catholiques ont
dans leur service d’ordre des nervis abominablement violents, susceptibles de
violer de pauvres filles, de préférence quand elles reviennent de l’école.
Un
bon scénario pour Marc Dorcel, ça !
Notes
(1) Producteur de films pour donner des
idées sur la bagatelle à ceux qui en manqueraient.
(3) Un communiqué de CIVITAS indique
que « Contrairement à ce que prétendent certains médias et politiques,
aucun membre de l’organisation de CIVITAS ne s’est rendu coupable de la moindre
violence envers ces FEMEN. Les policiers ont informé les responsables de
CIVITAS que seuls avaient été interpellés quatre individus sans rapport avec
CIVITAS et que rien ne pouvait être reproché à CIVITAS. à l’inverse, le service
d’ordre de CIVITAS a été exemplaire puisqu’il a pu bloquer les FEMEN sans user
de violence pour les empêcher d’avancer plus avant dans la manifestation et
continuer à agresser les participants et à s’exhiber notamment devant des
enfants. Les FEMEN font malheureusement peu de cas de l’innocence des nombreux
enfants qui ont été violentés et qui ont été très choqués par leur attaque,
leurs tenues et leurs slogans. Aucune violence ni provocation n’est
acceptable et c’est pourquoi CIVITAS annonce que son avocat, Maître Jérôme
Triomphe, est en train de porter plainte auprès du procureur de la république
contre les membres parfaitement identifiables des FEMEN, qui se sont rendus
coupables d’exhibitions sexuelles notamment à la vue d’enfants (article 222-32
du code pénal), diffusion de message à caractère violent ou de nature à porter
gravement atteinte à la dignité humaine et susceptibles d’être vus par des
mineurs (article 227-24 du code pénal), violences en réunion et avec armes
(article 222-13 du code pénal) y compris contre des enfants, entrave concertée
à la liberté de manifestation par menaces, violences et voies de fait (article
431-1 du code pénal) ainsi que pour injures envers CIVITAS et les manifestants
en raison de leur appartenance à la religion catholique ainsi que les messages
écrits sur leur poitrine et les aérosols utilisés le démontrent aisément
(article 33 alinéa 3 de la loi du 29 juillet 1881). »
(4) 24 novembre 2012.
Philippe Randa est
écrivain, chroniqueur politique et éditeur (www.francephi.com).