Les politiques dites
« de droite » et « de gauche » ne sont plus
aujourd’hui qu’une seule et même politique scindée en deux
« sensibilités » :
-
la sensibilité dite « de gauche », qui prétend à la vertu dans les
domaines économique et social mais qui, dans le champ des mœurs et
de la culture, se flatte de pourfendre la morale, la censure, les valeurs et
les normes parce qu’elles imposent des limites à la liberté et à la jouissance.
-
et la sensibilité dite « de droite » qui se manifeste par l’inversion
de ces postulats : un reliquat de conservatisme moral et normatif
(dans une large mesure émoussé par le passage du souffle libertaire
soixante-huitard, qui touche aujourd’hui l’ensemble des générations)
affecté sélectivement au domaine des mœurs.
Tandis qu’un libéralisme
débridé est préconisé dans le champ économique et social : liberté des
« marchés » et capitaux nécessitant l’abstinence de l’autorité de l’État
et l’effacement du service public, autrement dit le sacrifice de l’intérêt général
au profit des intérêts particuliers, notamment ceux des plus puissants
organismes économiques et financiers.
Au
vu des visées de jouissance exprimées par ces deux discours, nous pointerons
une autre convergence, fut-elle de contrepoint : la négativation du
travail, qui s’extériorise aussi de façon différenciée.
-
Pour « la gauche », le travail est négativé en tant que temps
perdu ou volé. Le temps libre, en position d’objet du désir, se projetant
en perspectives de jouissances mirifiques. C’est le point de vue de la
privation, celui de l’esclave, position et parti pris de référence qui n’est
plus aujourd’hui que posture hypocrite de « la gauche ».
-
Pour « la droite », le travail est négativé en tant que perte de
profits. Le Profit et son symbole monétaire, en position d’objet du désir, se
projetant dans une fuite en avant éperdue vers une jouissance jamais
suffisamment atteinte et donc sans limite. C’est le point de vue du Maître, position
assumée par le capitaliste dont la défense a longtemps été l’apanage politique
de « la droite » : légitimer, concentrer les profits et alléger
au maximum le coût du travail.
Position
du Maître qui n’est plus dédaignée mais convoitée et même ouvertement assumée
par « la gauche » au fur et à mesure qu’elle a investi les cercles du
pouvoir.
C’est
alors que la contradiction apparente des discours « de droite » et
« de gauche » s’est résolue par leur conjonction : le
discours libéral-libertaire, qui est devenu le moteur idéologique de la
mondialisation économique et financière. Cette conjonction des discours et des
politiques «de droite » et « de gauche » révèle au grand
jour leur secrète connivence : leur aliénation commune à l’Impératif
de jouissance. Elle engendre aussi le cumul de leurs effets dévastateurs
qui se manifestent aujourd’hui avec violence dans les champ économique, social
et culturel. Peut-être faut-il en arriver à cette extrémité pour que la
conjonction délétère des politiques « de droite » et « de
gauche » soit perçue clairement et frappée de discrédit auprès de l’opinion
publique ?
Le
discrédit qui frappe le discours et la politique « de droite » est la
conséquence d’une logique économique élevée à la valeur d’absolu. Donnant
prérogative aux valeurs monétaires et marchandes aux dépens des valeurs
humaines qui fondent notre culture et notre contrat social, cette logique a
engendré un processus de déshumanisation auto-destructeur qui menace l’État, la
démocratie, la culture, et, à moyen terme, la civilisation occidentale.
Le
discrédit qui frappe le discours et la politique « de gauche »
procède par la contradiction : les prétentions vertueuses de « la
gauche » sociale s’avèrent profondément aliénées et contredites dans les
faits par les conséquences calamiteuses engendrées par les revendications de
jouissance de « la gauche » libertaire. En repoussant à l’infini les
limites, ces revendications ont fini par saper tous les cadres institutionnels,
à commencer par ceux investis des fonctions d’autorité : éducation,
enseignement, politique, droit, justice et les fonctions de police qui
les garantissent.
La
revendication du droit à la jouissance sans limites ouvrant logiquement à une
relativisation des valeurs et des normes qui sous-tendent la Loi, à une
subversion de sa crédibilité et de ses fonctions, notamment celle qui consiste
à contrevenir à la domination des plus forts, c’est-à-dire à garantir les
droits des plus vulnérables.
C’est
ainsi que « la gauche », reniant sa vocation historique et sociale de
défense des plus faibles sur le plan économique (pour s’investir dans une
politique de division sociale ethnique et communautaire) a pu
s’associer à ses homologues « de droite » les moins scrupuleux pour
mener à Bruxelles la même politique élitaire, euromondialiste et
antidémocratique.
Faut-il
s’étonner qu’un peu partout « la gouvernance mondiale » fasse appel à
« la gauche » pour sauvegarder les intérêts d’un capitalisme
financier aux abois, qui n’a plus comme espoir de survivre que l’effacement
autoritaire de la démocratie et son remplacement par une dictature mondiale associée
aux régimes féodaux les plus barbares.
Exit
« la gauche » qui va atteindre le fond de l’abîme et du discrédit en
collaborant à nouveau, avec zèle et conviction, à un totalitarisme criminel, à
l’anéantissement politique, économique, social, culturel et finalement à
l’effacement de notre civilisation.
Assurément, la
refondation du politique ne pourra se réaliser que par la droite. Afin d’en
finir avec les prétentions éthiques de l’idéologie « de
gauche », il ne sera pas superflu de redéfinir et positiver le
conservatisme qui constituait le meilleur des politiques « de
droite ». À savoir la défense de ces fonctions vitales que sont les valeurs
et les normes dont nous avons hérité, que nos institutions ont vocation de
faire respecter et de transmettre pour que survive notre société, notre
culture, nos mœurs, notre civilisation.
Riposte
Laïque (Posté par Marino)