TRIBUNE LIBRE
Quand un régime tombe en
pourriture, il devient pourrisseur : sa décomposition perd tout ce qui
l'approche » (Charles Maurras).
À
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la fin de l’année 2017, Johnny Halliday mourrait.
La France l’a beaucoup pleuré au cours d’une grande messe républicaine,
occultant le décès de Jean d’Ormesson, autre « vache sacrée » du
système. Jupiter-Micron, le « leader minimo » qui ne rate jamais un prêche pour
nous faire la morale, nous a déclaré que Johnny était un héros et qu’il
fallait… qu’on l’applaudisse.■
B
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on, moi je me faisais une
autre idée du héros français : Bayard, Jeanne d’Arc, Guynemer, le
lieutenant Péguy, le colonel Driant, la
garnison de Diên-Bien-Phu…etc... Tous ces gens qui ont peuplé les
lectures de mon enfance et qui m’ont appris à rêver : Bournazel et sa
gandoura rouge, Lyautey le marocain, Guillaumet « crashé » dans la Cordillère des Andes, Saint-Ex, Mermoz…
Puis je me suis dit que
Micron avait, pour une fois, raison : la France macroniste a les héros qu’elle
mérite : Johnny, c’est celui qui faisait déjà danser «Mémé Trogneux» quand elle sortait en «surboum»(1). Mais où, ailleurs que dans la pire des Ripoux-bliques
bananières, verrait-on une foule de près d’un million de personnes se masser
aux obsèques (quasi nationales) d’un vieux chanteur alcoolique, cocaïnomane et
shooté aux amphétamines lorsqu’il
montait sur scène ?
Un personnage qui aura
cumulé durant toute sa vie, les coups de gueule, les coups de poings, les
accidents de voiture, les procès avec ses maisons de disques, les femmes, les
divorces houleux, les fraudes fiscales, les résidences de luxes, les grosses
cylindrées et les exils fiscaux.
Je n’ai rien contre Johnny
Halliday (et rien pour non plus). Disons qu’il
évoque, dans mon esprit, le titre d’un film de son ami Claude Lelouch « Itinéraire d’un enfant gâté » car
Johnny, c’était d’abord, c’était surtout, ça : un éternel gamin trop riche et
trop gâté ! Le symbole d’une époque où le fric est devenu roi : les salaires
dans le foot, dans le «Show biz»,
dans le monde politique, sont là pour nous le rappeler. Notre époque adule le «dieu-fric», surtout quand il est mal
gagné !
«
L’idole des jeunes », puis des moins jeunes, puis des vieux
crabes, s’en est allé rejoindre un monde réputé
meilleur : le clown a fait son dernier tour de piste ; paix à son âme !
Jean-Philippe Smet,
alias « Johnny Halliday », a vendu
plus de 110 millions de disques à travers
le monde (dont 68 millions en France). Ses 57 années de carrière ont été
récompensées par 5 disques de diamant, 40 disques d’or, 22 disques de platine
et 10 victoires de la musique. Il a donné plus de 3 000 concerts en France et
253 à l’étranger. Sur scène, 29 millions de spectateurs ont assisté à ses concerts.
Voilà pour la performance, ce n’est pas
rien!
L’idole des jeunes
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Mais, si Johnny a chanté plus de 1000 chansons, il n’a jamais
été capable d’en écrire UNE tout seul. «
Jojo », ce n’est pas Brassens ou Brel, pas même Aznavour ou Bécaud, pas
même Yves Duteuil, ce poète discret dont la carrière a été stoppée net quand il
a osé se déclarer « de droite ».
Ce n’est pas non plus
«notre» Jean-Pax Mefret qui a
trainé durant toute sa vie son lourd passé de défenseur de l’Algérie française…
Le mérite de Johnny (ou plus
exactement de son mentor Lee Halliday) est d’avoir mis des paroles françaises
sur des tubes anglo-saxons. Je vais
faire hurler si je dis que, la plupart du temps, la version
originale était bien meilleure que la
version française (« Black is Black », « House of the rising sun » etc…). Son
ami Eddy Mitchell raconte que grâce à Lee Halliday: « Johnny avait beaucoup de disques américains qu'on ne pouvait pas
acheter en Europe…si bien qu'on passait souvent des après-midi et des soirées à
écouter Presley, Bill Haley et des tas d'autres trucs qui n'étaient pas encore
disponibles chez nous ».
Je n’aurais pas écrit cet
article, si, entre deux infos sur l’affaire Cahuzac, les galipettes lubriques -
vraies ou supposées - de Tariq «Rat-matant»,
de «Dard malin» ou de
l’écolo-bobo-Hulot, les «cohenneries» journalistiques ou les niaiseries de «Lili Marlène» Schiappa, on ne nous
saoulait pas avec l’héritage de Johnny : la méchante Laetitia, les pauvres
David et Laura déshérités par leur père. Ces malheureux enfants qui n’ont reçu
que quelques millions d’euros…(2)
Jadis
on pleurait dans les chaumières, de nos jours on chiale bruyamment dans les
palaces.
Nos héros d’antan ont été
remplacés par la pétasse siliconée, le
bellâtre bodybuildé et le crétin à bonnet, purs produits de la «téléréalité»,
cette télé de M…. dans laquelle tout est «bidon»
!
À l’ère du «tout image», Johnny aura mieux réussi
ses obsèques que Jean-Bedel Bokassa son couronnement(3) : presque 1 million de
personnes sur place et 13 millions devant leur poste de télé.
J’ai fait remarquer à un
imbécile que les obsèques de Victor Hugo ont déplacé 2 millions de badauds et
ce dernier m’a répondu « Faut pas
comparer ; et puis y avait pas la télé ! ». Je n’ai pas osé dire à ce
triste con que les chansons de Victor Hugo étaient bien moins bonnes que celles
de Johnny Halliday : je suis sûr qu’il aurait été d’accord avec moi.
Ça
fait longtemps qu’on amuse la galerie avec Johnny. Même le pouvoir gaulliste
l’a utilisé.
Souvenez-vous : en
1964, il était incorporé au 43eme RIMa
d'Offenburg. L'armée, trop contente de redorer son image après le drame
algérien, profitait du passage sous les drapeaux de «l’idole des jeunes» pour
tourner des petits films de propagande assez niais, ainsi que des émissions de
variétés réalisées en direct de la caserne, et, à la condition qu'il pose en
tenue militaire sur les pochettes de disques. Pendant son service, le sergent
(par protection) Smet bénéficiait d’une villa hors de la caserne où il pouvait
retrouver la belle Sylvie Vartan(4).
Beaucoup plus tard, les
gaullistes feront remarquer que « Johnny
est resté à l’écart des évènements de mai 1968 » et pour cause: en mai 68,
Johnny effectuait sa 3ème tournée en Afrique noire. Le 10 mai 1968, il était en
plein démêlés avec la police camerounaise car, après avoir pas mal picolé, il
avait collé « son poing sur la gueule »
du…ministre de la Fonction Publique de la République Centrafricaine, à l’hôtel « Indépendance » de Yaoundé.
Sylvie VARTAN miraculée
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Rappelons-nous aussi le 20
février 1970 : Sylvie Vartan et Johnny se rendent à Belfort pour un gala.
Johnny, qui conduit comme un branque,
rate un virage et perd le contrôle de son bolide. Lui n’a presque rien mais Sylvie Vartan est défigurée. Des grands
pontes en chirurgie esthétique américains lui rendront un visage. Mais
d’opération en opération elle a fini par prendre, sur le tard, la gueule
renfrognée et l’air peu avenant de Michel Sardou. Merci qui ? Merci Johnny !
C’est encore notre Johnny
national qui déclarait à Daniel Rondeau(5) : « La cocaïne, oui, j'en ai pris longtemps. Maintenant, j'en prends pour
travailler, pour relancer la machine, pour tenir le coup. Je ne suis pas le
seul. La poudre et le hasch circulent à mort chez les musiciens…Il faut savoir
que nos chansons, on ne les sort pas forcément d'une pochette-surprise. » On
tente de me convaincre que Johnny plaisait à tous les milieux et toutes les
générations ; qu’il était «consensuel». Oui,
effectivement, il était les deux : con et sensuel(6).
Lors
de ses obsèques, Johnny a attiré 500 motards. Jupiter Micron a fait beaucoup
mieux !
Manifestation des motards
à Angoulême
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Le samedi 17 février,
j’étais à la manifestation de «motards
en colère» qui a bloqué la ville d’Angoulême. C’est la première fois, à 68
berges, que j’enfourchais mon bon gros «V-twins»
pour aller manifester. Je ne regrette rien, au contraire ! Je suis même prêt à
recommencer(7)
Un bon millier de motos, de
tous types, de toutes marques, chevauchées par des gens de tous âges venus dire
leur «ras-le-bol» devant les mesures
gouvernementales iniques et débiles des affidés de Micron: la hausse des carburants,
la guerre aux véhicules anciens dans les grandes villes, le nouveau contrôle
technique et surtout, la future limitation à 80 Kms/h sur les routes
secondaires.
Je ne sais trop pourquoi, au
milieu du cortège, je me suis surpris à chantonner en plagiant Gavroche dans « Les Misérables » :
« Si j’suis dans la galère,
Je l’dois à Jupiter.
Si je n’ai plus un rond,
C’est la faute à Macron… »
En pensant au coup d’état
macronien, cet «enfumage» de la
finance apatride, des loges et des médias, me reviennent en mémoire quelques
citations du «Grand Charles» qui
n’ont pas pris un jour. On l’aura compris, je ne parle pas, ici, de « Charles-le-dérisoire », «Saigneur» de l’Algérie française et
bradeur de notre empire. Cet ancien speaker de la BBC de Londres (d’où il
invitait les Français à s’entretuer) aura été le «plus grand commun diviseur » des Français. Il écrivait beaucoup, dans un style emphatique et pompeux, mais rien
qui vaille d’être retenu ou cité !
Charles MAURRAS, Royaliste,
Chef de l’Action Française
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Je
veux parler du grand Charles…Maurras, le père du « Nationalisme intégral », cet
immense auteur, historien, poète, polémiste
et idéologue, que la «
bienpensance » actuelle voudrait rayer de notre histoire. Élu
à l’Académie française le 9 juin 1938 ; outre Léon Daudet et Jacques Bainville,
Maurras compta parmi ses soutiens des intellectuels comme Georges Bernanos,
Jacques Maritain, Thierry Maulnier, Philippe Ariès, Raoul Girardet et toute la
droite littéraire de l'après-guerre (Roger Nimier, Jacques Laurent, Michel
Déon, Antoine Blondin). Avec plus de dix
mille articles publiés entre 1886 et 1952, il fut « le journaliste politique et
littéraire le plus prolifique de son siècle ».
Tout en s'opposant à
l'Allemagne, Maurras soutint le régime de Vichy, ce qui lui valut d'être
condamné pour «intelligence avec
l'ennemi» à la réclusion criminelle à perpétuité et à la dégradation
nationale, le 28 janvier 1945. Condamner
pour «intelligence avec l'ennemi» quelqu’un qui, toute sa vie, aura été
antiallemand, il fallait oser ! Déjà en 1934, après la «nuit des longs
couteaux», il dénonçait l’«abattoir hitlérien» et annonçait le pacte germano-soviétique : « Je le répète : il n’y a pas de plus grand
danger que l’hitlérisme et le soviétisme. À égalité ! Et ces égaux-là sont
faits pour s’entendre. La carte le confirme. L’avenir le vérifiera !... »
Charles Maurras a écrit une
centaine de livres. Je dois avouer, humblement, n’en avoir lu que 5 ou 6, dont «Enquête sur la monarchie» et «
Mes idées politiques » (8), deux ouvrages majeurs. De nos jours, tous les plumitifs de gauche parlent de Maurras,
sans jamais l’avoir lu ! Jupiter
Micron veut plaire à la gauche «et en
même temps» à la droite.
►Maurras
disait : « La neutralité est un
mensonge. Il n'y a point d'État, sans doctrine d'État. ». Il disait aussi :
« L'égalité ne peut régner qu'en
nivelant les libertés, inégales de leur nature ». Et c’est encore lui, visionnaire, qui déclarait : «Tout désespoir en politique est une
sottise absolue ». Alors, gardons l’espoir ! Pour être franc, je préfère ça à : « Macron, t’es foutu : les motards sont
dans la rue ! »…quoique…■
Éric
de VERDELHAN
NOTES
(1) : Et oui, jadis on ne parlait pas de «teuf» mais de «surboum»
ou de «boum».
(2) : David n’aurait reçu « que » 10 millions d’euros environ, et
Laura, deux appartements à Paris et 5000€/mois
pendant 20 ans. Dans un pays dans lequel le salaire moyen est de 1700 €,
ça laisse un peu rêveur ! Il y a, chez nous, des gens plus à plaindre : les
retraités par exemple.
(3) : L’un et l’autre étant partiellement payés par NOS impôts.
(4) : C’est quand même mieux qu’une chambrée de 30 gaillards qui
puent des pieds, non ?
(5) : Dans « Le Monde » du 7 janvier 1998.
(6) : Sensuel = porté vers les plaisirs des sens. Tout est dit !
(7) : Cette manifestation (1000 motos) aurait pu être bon enfant
sans les sirènes qui équipent certaines bécanes, les excités qui font hurler
leur moteur à chaque halte et l’emploi de fumigènes qu’on respire allégrement,
mais après tout, le but était aussi de faire du bruit.
(8) : « Enquête sur la monarchie » livre publié en 1900, «Mes
idées politiques», publié en 1937.