POLITIQUE
Question : Quelle est votre
vision des réformes des règles de la présidentielle ? Certains dénoncent le
verrouillage du système démocratique ou même une atteinte à la démocratie
française…
Bruno
Gollnisch : Je pense que c’est exact. Je dis cela bien
que ma formation politique, le Front national, figure parmi les trois plus
importantes. C'est même celle qui est arrivée en tête par le nombre de
suffrages aux dernières élections. Nous devrions théoriquement être
bénéficiaires de ce système, mais il ne me convient pas du tout.
Je pense que c’était une égalité absolument nécessaire, que
durant les six dernières semaines d'une champagne qui dure largement plus d'un
an il y ait une égalité de temps de parole médiatique. Je dois dire que
j’ai toujours suivi avec intérêt la campagne de ceux que l’on appelle «les
petits candidats», qui sont peut-être petits par l'audience, mais qui
ne sont pas toujours petits par l’intérêt que représente leur démarche.
Évidemment c’est trop
facile, si vous êtes au pouvoir, de changer les règles du jeu pour empêcher de
nouvelles formations ou de nouvelles têtes de se faire connaître.
Par conséquent, je suis partisan d’un système égalitaire.
Parce que si la démocratie, comme dans certains pays, est confisquée par deux
formations politiques préétablies qui, au motif qu’elles sont en place,
bénéficient de tous les avantages, d'autres
challengers n'auront jamais la possibilité de se faire entendre.
Question : Une pétition a été
lancée en faveur de l’abolition de cette nouvelle règle. Signeriez-vous une
telle pétition ?
Bruno
Gollnisch : Il faut que je regarde le texte, mais je suis tout à fait disposé à signer une
pétition pour demander l’abolition de cette réforme. J’espère d’ailleurs
qu’elle sera invalidée par le Conseil constitutionnel. Mais j’en doute parce
que le Conseil constitutionnel est composé de personnalités politiques qui
appartiennent aux deux partis qui se sont partagés le pouvoir en France depuis
des décennies.
Question : À votre avis, ce
système renforcera-t-il le bipartisme ou, comme disent certains le tripartisme,
en France ?
Bruno
Gollnisch : Évidemment, c’est trop facile, si vous êtes
au pouvoir, de changer les règles du jeu pour empêcher l’opposition, pour
empêcher de nouvelles formations ou de nouvelles têtes, de se faire connaître. C’est une confiscation de la démocratie.
À ce moment-là, il n’y a qu’à dire qu’on est gouvernés par une oligarchie qui a
acquis les droits divins. Ça sera plus simple et plus clair, et c’est pour cela
que même si le Front national devait
être bénéficiaire de cette réforme, personnellement, je serai tout à fait
contre.
Question : Est-ce que le Front
National, même s’il bénéficiait de cette réforme, comme vous le dites, va
lutter contre ces nouvelles règles ?
Bruno
Gollnisch : Je n’ai pas vu si nous avions déjà pris une
position officielle, mais j’espère bien que nous allons être contre (Les
deux députés FN ont voté contre le projet de Loi – Ndlr).
Malheureusement, l'injustice du système fait qu'alors que nous représentons des
millions d’électeurs, nous n’avons que
deux députés et deux sénateurs au Parlement français, ce qui est totalement
ridicule au regard de notre poids dans le pays.