LIVRES
Pierre
Cassen
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ENTRETIEN - Au
Salon du Livre de l’Agrif, Pierre Cassen a rencontré Ivan Rioufol, journaliste
au Figaro, auteur de « La guerre civile qui vient ». L’occasion d’un
échange fort intéressant, auquel a été rajouté une question sur les attentats
de Bruxelles.
Riposte
Laïque : Vous venez de publier un livre, que Riposte Laïque a commenté,
intitulé « La guerre civile qui
vient ». Est-il facile de trouver un éditeur quand on intitule ainsi
un livre ?
Ivan
Rioufol
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Ivan
Rioufol : Non, en effet. C’est : « Courage,
fuyons ! ». Le seul énoncé du titre a été suffisant pour que
les premiers éditeurs sollicités se débinent. J’avoue n’avoir pas insisté
longtemps. D’autant que mon ami Roland Jaccard, qui m’avait édité aux PUF pour
« De l’urgence d’être réactionnaire », m’a conseillé
l’éditeur Pierre-Guillaume de Roux, que je connaissais de l’époque des Éditions
du Rocher. Je me félicite de cette rencontre avec un homme civilisé, exigeant,
libre et courageux. L’espèce est rare.
Riposte
Laïque : Quel a été le détonateur pour que vous vous lanciez dans
l’écriture de cet ouvrage ?
Ivan
Rioufol : Une indignation devant l’aveuglement
persistant du discours dominant, face à ce qu’il est pourtant supposé
combattre, à savoir le totalitarisme, l’antisémitisme, le racisme.
Je voulais décrire notamment
l’imposture des humanitaristes qui ne disent rien de la judéophobie des cités,
des haines qui s’y expriment contre les blancs et les Français, du salafiste
qui s’enracine au cœur d’une jeunesse désassimilée, qui rejette le modèle
démocratique et occidental au profit d’une
idéologie islamiste totalitaire comparable, en de nombreux aspects, à ce que
furent le communisme ou le nazisme.
Riposte
Laïque : Quel accueil cette publication reçoit-elle de la part de vos
confrères ?
Ivan
Rioufol : Ils appliquent, en tout cas pour
l’instant, la stratégie du silence, pour ne pas dire du boycott. Je suis prêt
au débat, à la confrontation. Mais, mis à part Le Figaro et Valeurs Actuelles,
et aussi les Grandes Gueules de RMC et Ruth Elkrief sur BFM-TV, mon livre n’est
pas même mentionné par la confrérie. Il est vrai que je ne lui fais pas de
cadeaux, en la décrivant dans mon livre dans son conformisme trouillard et moralisateur.
Riposte
Laïque : Vous paraissez, dans vos écrits, faire encore une différence
entre islam et islamisme. Contestez-vous cette phrase du poète kabyle Ferhat
Mehenni, qui affirme que « l’islam,
c’est l’islamisme au repos, et que l’islamisme, c’est l’islam en action » ?
Ivan
Rioufol : Mon ami Ferhat Mehenni a raison. Il y a un continuum entre islam et
islamisme. Je ne le nie pas. Mais vous ne pouvez pas désigner
brutalement comme forcément islamistes, donc comme indésirables, les millions
de musulmans de France ou d’Europe. À cette aune, le carnage est assuré. Je
maintiens donc cette fragile différence entre islam et islamisme, car je ne
désespère pas que l’islam européen puisse se modérer lui-même, se libérer de
ses interdits qui le rendent incompatible avec une démocratie libérale
occidentale. Je mesure la difficulté, bien sûr. Mais je ne veux pas décourager
les musulmans qui tentent, y compris au sein du Conseil français du culte
musulman (CFCM), d’élaborer un < contre-discours > s’éloignant de la
lecture littérale, violente et altérophobe, du Coran. Il faut se donner les
moyens d’éviter cette guerre civile qui vient. Mais l’erreur tragique serait de
vouloir l’éviter en renonçant à exiger la soumission de l’islam européen à nos
règles et à nos valeurs. C’est
malheureusement la pente que prend notre République affaiblie. C’est d’ailleurs
pourquoi j’appelle la société civile à faire connaître ses exigences.
Riposte
Laïque : Vous avez été longtemps considéré comme proche de l’UMP. Quel
est votre regard sur la primaire des Républicains ?
Ivan
Rioufol : J’attends de voir… Je me suis toujours
tenu volontairement à l’écart des partis et des hommes politiques. Je suis un
conservateur libéral qui ne se reconnait pas dans les offres actuelles, même si
j’ai en effet défendu, faute de mieux, Nicolas Sarkozy dans son duel face à
François Hollande en 2012.
Je souhaite l’union de tous
ceux qui ne veulent pas que la France s’abîme davantage dans le mondialisme et
l’oubli d’elle-même. Mon candidat sera celui qui s’engagera à proposer un
référendum pour clarifier le choix entre une société assimilatrice ou multiculturelle.
Le multiculturalisme est le cheval de
Troie du totalitarisme islamiste.
Riposte
Laïque : Craignez-vous un prochain attentat islamique et pensez-vous que
ce gouvernement fait tout ce qu’il faut pour en limiter les risques ?
Ivan
Rioufol : Nous sommes en guerre, à l’extérieur
comme à l’intérieur. Si le gouvernement fait montre d’une apparente
détermination sur les terrains extérieurs face aux islamistes déchaînés, il a
la main qui tremble devant ces mêmes fanatiques qu’abritent aussi les cités françaises,
devenues pour beaucoup des contre-sociétés et des bombes en puissance.
Faire la guerre contre un
ennemi intérieur oblige à le désigner, lui et ses collaborateurs. L’ennemi a pour nom le salafisme,
et il est soutenu par les Frères musulmans, mais aussi par les organisations
qui entretiennent des liens avec ce mouvement qui veut rétablir le califat, par
l’extrême gauche qui croit voir dans le musulman le nouveau damné de la terre, et par la complaisance plus
générale des belles âmes qui appellent à l’apaisement, cette autre manière de
se soumettre.
Riposte
Laïque : Quelle est votre réaction après les attentats de
Bruxelles ?
Ivan
Rioufol : Ce n’est pas en dessinant des cœurs, en
décrétant des minutes de silence, en écrasant des larmes ou en allumant de
bougies qu’on vaincra ces guerriers qui nous haïssent.
La
France doit être impitoyable face à ceux qui ne comprennent que le langage de
la puissance et de la force. Ce rôle revient à la
République. Si elle devait y renoncer, une
partie du Peuple, en légitime défense, pourrait bien prendre les armes…
Propos
recueillis par Pierre Cassen