PATRIMOINE DE
FRANCE
Imposant par son allure
massive, le château de Castries occupe l’emplacement d’un ancien
castrum de surveillance.
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Imposant par son allure massive, le
château de Castries apparaît de loin parmi les maisons aux toitures
orangées, la lumière de ses façades forme le décor de l’ancien village. Le
château est en hauteur, car il occupe l’emplacement d’un castrum de
surveillance duquel
il était possible de contrôler la Via Domitia (voie romaine stratégique).
En septembre 2013, le « château
phare » de la région a été acheté par la Ville de Castries. Il s’ordonne selon un plan en U, cantonné de pavillons carrés :
une aile Renaissance, un corps central rénové au XIXe siècle, et une aile Est
« inachevée » délimitent une vaste cour d’honneur.
Actuellement, l’intérieur du château est en attente de
restauration. Le parc, en terrasses et plans inclinés, est ouvert à la visite.
Le château a appartenu à une famille puissante et influente dont le rôle consista notamment à
administrer le gouvernement de Montpellier. Dans Papiers de Famille, René de La Croix (1908-1986), élu à
l’Académie française, retrace une riche généalogie qui se mêle à l’Histoire de
France. Il se
passionna pour Charles-Eugène-Gabriel de La Croix
(1727-1800), héros de la bataille de Clostercamp, à qui il
consacra un livre. Le maréchal de France fut nommé
ministre de la Marine par Louis XVI,mais la Révolution emporta
tout. En exil, l’ancien ministre apprit le pillage de son hôtel parisien en
1790 (l’hôtel de Castries, 72 rue de Varenne, est devenu le siège de
Ministères) et du château en 1792.
Certaines personnalités vont s’impliquer
pour faire du château de Castries un joyau du Languedoc.
Les liens entre la famille de La Croix de Castries et le domaine
commencent au XVe siècle. Guillaume
de La Croix (vers 1430-1502), premier baron de Castries, fait l’acquisition de
la baronnie ; ce nouveau statut lui permet de siéger aux sessions des
États du Languedoc.
Au XVIe siècle, Jacques de La Croix
(1536-1575) construit un château de style Renaissance, en remplacement d’un
manoir gothique bâti sur des bases médiévales.
Pendant les guerres de religion, l’aile Est du château aurait
été incendiée par l’assaut du duc de Rohan. Mais une autre hypothèse émise
récemment indiquerait que cette aile n’aurait en fait jamais été achevée.
À Castries, le Château est une demeure
historique qui apparaît de loin parmi les maisons aux toitures orangées.
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Sous Louis XIV, la famille vient à la Cour et intéresse le duc
de Saint-Simon : « Madame
de Castries était un quart de femme, une espèce de biscuit manqué ;
extrêmement petite, mais bien prise, et aurait passé dans un médiocre
anneau ; ni derrière, ni gorge, ni menton ; fort laide, l’air
toujours en peine et étonné ; et avec cela une physionomie qui éclatait
d’esprit et qui tenait encore plus parole. » René-Gaspard
de La Croix (1611-1674) reste la figure du Grand Siècle. Alors que son père a connu la disgrâce
pour son soutien au duc de Montmorency, pendant les troubles de la Fronde ; il
est promu marquis grâce à ses actions valeureuses lors de la guerre de Trente
Ans. Il choisit de rénover le château dans
le goût de l’époque : escalier d'honneur de style Louis
XIV, grande salle des États du Languedoc… Le marquis fait réaliser un
jardin à la française avec
un axe central, des rangées d’arbres symétriques, des parterres fleuris et de
nombreuses pièces d’eau ; il aurait fait appel à André Le Nôtre qui venait
de terminer le parc de Vaux-le-Vicomte. Cet aménagement paysager a pour
particularité l’intervention de Pierre-Paul Riquet.
L’ingénieur du canal du Midi (le canal des Deux Mers est alors à l’état de
projet) conçoit un aqueduc de près de sept kilomètres
de longueur pour alimenter en eau le parc et ses bassins décoratifs.
Les travaux titanesques durent six années. Un aqueduc n’est pas rare, mais une
telle réalisation à l’intention d’un particulier et par sa seule volonté, pour
fournir en eau des jardins d’agrément, est extrêmement rare.
A la Révolution, le château sert un temps d’hôpital militaire,
il est rapidement vendu comme bien national à quatorze propriétaires.
Au XIXe
siècle, Edmond-Eugène-Philippe-Hercule de La Croix (1787-1866)
parvient à
racheter une partie du domaine. Le corps principal du château est
modifié : réduction des fenêtres, ajout d’un portique à
colonnes, surélévation du pavillon Nord-Est… Ainsi, une nouvelle époque de
construction, proche du classicisme français, caractérise l’édifice.
En 1935, René de La Croix,
l’écrivain-historien, achète à son tour le château. Il entreprend de le restaurer et décide de retirer le jardin à
l’anglaise de la cour d’honneur.
En 1985, pour éviter la vente du château et
préserver son intégrité, le « dernier » duc de Castries lègue la
demeure à l'Académie française, institution à laquelle il était très attaché. Par la suite,
l’Institut de France loue le domaine au Conseil Régional.
Depuis 2004, le château est classé, dans sa
totalité, au titre des Monuments historiques (classement en partie dès 1966),
l’aqueduc, l’est depuis 1949. L’ensemble a été élaboré
en pierre locale. Le mobilier recèle des merveilles, il a été légué par la
famille à la Ville de Castries, lors de l’achat du domaine. Le potentiel
artistique et patrimonial du château est important : escalier d'honneur,
salle des États (trente-deux mètres de longueur), salle des colonnes,
bibliothèque, chambre de la Reine, cuisine languedocienne, tableaux... Dans la
cour d’honneur silencieuse, on imagine des concerts ou des pièces de théâtre
car le lieu s’y prête. Le parc, à l’échappée verdoyante, s’étend sur une
dizaine d’hectares.
Ce site constitue une forte valeur patrimoniale, il est un atout pour
Castries et les communes voisines, il reste à l’éveiller par des projets culturels
afin de faire vivre cette demeure historique.