jeudi 15 janvier 2015

MONTANER Raymond : un homme d’Honneur nous a quittés – par Michel DELENCLOS

Stèle au cimetière de Thiais

M
ONTANER Raymond Joseph  (19.10.1921-07.01.2015) né à Boufarik (Algérie Française), mort à Villefranche d’Albigeois (Tarn).  Ses obsèques se dérouleront le 12.01.2015 à l’église de Villefranche d’Albigeois puis, suivie, selon sa volonté de la crémation et du dépôt des cendres dans le caveau de famille.¢

- Etudes au lycée de Blida. Engagé volontaire à 18 ans, dès 1939, pour la durée de la guerre. Membre des «FFL». Campagnes d'AFN, d'Italie, débarquement de Provence puis en Allemagne, trois séjours en Indochine et puis la guerre d'Algérie. Capitaine de spahis en Algérie. En 1955-1956, il commande la «SAS» de Khemis, puis la «SAU» au Clos Salembier à Alger, en 1957-1958. Il participera avec un courage remarquable à toutes les actions de guerre dont le but était de défendre et protéger la France. En 1959, dans un rapport à Michel Debré, il traite de l'opportunité d'implanter en France une unité incorporant des volontaires musulmans, avec trois objectifs: 1. Combattre le «FLN». 2. Montrer que des jeunes français musulmans sont prêts à s'engager contre le «FLN». 3. Qu'il était possible ainsi de former de jeunes cadres pour une Algérie nouvelle.

Venant d’Algérie, il débarquera à Marseille avec les 82 premiers harkis qu’il a sélectionnés ; il avait prévenu : «Je donne le droit à chacun de vous de me quitter. Si, au bout de 30 jours, à partir du moment où je vous parle, vous désirez retourner en Algérie, vous serez rapatriés par avion…Vous êtes croyants. Je le suis aussi. Alors, c’est devant Dieu que je vous fais ce serment.. ». Au bout d’un mois, Raymond Montaner remarquera : «Personne ne m’a quitté.». Devant la recrudescence des attentats en France, le gouvernement du Premier ministre, Michel Debré, renforce les moyens d’action. Le colonel Terce présentera R. Montaner au préfet de police de Paris, Maurice Papon. Responsable de la «FPA» à Nanterre, créée le 18.11.1959 à Paris –officialisée le 01.12.1959- et dépendant de la préfecture de police, avec sous ses ordres les lieutenants Loïc Le Bechu de Champsavin et de Pierre de Buxeuil de Roujoux, bras droit de R. Montaner. Des groupes organisés en 3 compagnies de 100 hommes, ont leur base au fort de Noisy à Romainville (Seine-Saint-Denis). Après une période d’instruction, la 1ère compagnie est opérationnelle à partir de mars 1960, la 2ème en avril 1960 et la 3ème en janvier 1961. Pour les 350 hommes de la «FPA», la « bataille de Paris » a commencé ; elle s’achèvera, à la fin de 1961, par une défaite totale du «FLN». Par la suite, ces groupe seront implantés dans des agglomérations à forte présence musulmane, afin de protéger cette population contre les exactions du «FLN», maître du jeu dans la plupart des quartiers et des banlieues qu’il «tenait», de s’opposer aux collectes de fonds, de désarmer ses militants et de neutraliser les filières d’approvisionnement. L’effectif total ne dépassera pas 400 hommes dont 304 seront intégrés dans la police en 1963 par le préfet M. Papon, sur les conseils du capitaine Montaner et de ses adjoints. Le colonel Terce dirigera l’état-major. Le lieutenant de Buxeuil de Roujoux, bras droit de Montaner, s’occupe de l’instruction, le commandant Roger Cunibile de l’administration, le commandant Bedinger du personnel et, le commandant Filleau des affaires politiques.

En 26 mois, la «FPA» perdra 47 hommes dont 19 morts égorgés ou sous la torture, 28 camarades morts au champ d’honneur et 82 blessés. Dans une lettre du 11.12.1961, le préfet Maurice Papon le félicite. Lors de ses adieux, R. Montaner donne une allocution au Fort de Noisy-le-Sec le 20.03.1967, remerciant notamment les «FPA» et rappelant les  camarades morts au Champ d'Honneur et les blessés, durant ces 26 mois. La «FPA» sera dissoute le 30.061962, et le capitaine R. Montaner et ses adjoints réussiront à intégrer l’essentiel de leurs hommes dans la Police nationale, 304, et, la plupart de ceux estimés pour cette intégration seront embauchés comme contractuels dans des tâches de «Services».

Par ailleurs, le capitaine Montaner consacrera toute son énergie et mobilisera ses relations pour faire venir en métropole les familles et les proches de ses hommes de la «FPA». Les Anciens de cette «FPA» créeront l’Association des Anciens de la Force de police auxiliaire «AAFPA», laquelle obtiendra le Prix Clara Lanzi (1), le 19.06.2014, et qui sera remis à leur président, Ahmed Goudjil ; ce jour-là, invité mais empêché, R. Montaner adressera cette lettre au président du «Secours de France» (2) : «J’ai bien connu Clara Lanzi alors que j’étais officier dans le secteur de Nanterre ; elle déployait une activité admirable auprès des gens spécialement défavorisés et m’a également très généreusement aidé à rapatrier des membres des familles de mes hommes, contraints de se réfugier en France en 1962…Je vous remercie très sincèrement d’un témoignage qui honore particulièrement la «FPA» et contribue à garder la fierté de notre combat…». Dans « Le Monde » du 13.12.2007, Bertrand Legendre souligne : «La «Bataille de Paris» ne fut pas la «Bataille d’Alger». Montaner n’est pas Massu. Contrairement à ceux d’Algérie, les «Harkis» de Paris ne furent pas non plus abandonnés à leur sort.».  Colonel. Titulaires de 11 citations. Directeur de société en fourniture et pose d'éoliennes. Officier de la Légion d’honneur le 31.12.1960 (Légifrance). Par décret du 11.05.2009 (JORF n° 0110 du 13.05.2009), lieutenant-colonel de l’armée blindée et cavalerie, il est fait Commandeur de la Légion d’honneur. Le 11.11.2009, à Castres, R. Montaner reçoit les insignes de Commandeur de la Légion d’honneur des mains du général de Corps d’armée (2S), François Cann, en présence des troupes du 8ème RPIMa, du maire M. Chazottes. Croix de guerre 1939-1945. Croix des TOE. Croix de la Valeur militaire. Médaille militaire. Médaille d’Honneur de la police française.

DELENCLOS Michel – Chercheur en histoire. Biographe.

«Aucun regard, aucun écrit, aucun document n’est définitif sur l’Histoire».
(1)  Lanzi Clara (13.09.1915—22.10.1986) née à Ajaccio, décédée à Paris, inhumée au cimetière de Père Lachaise. Fondatrice du «Secours de France», le 15.08.1961.
(2) Schmitz Jean-Marie, né le 25.12.1943 à Paris XVIIème. Président actuel du «Secours de France», association qui contribuera à la rénovation des tombes des harkis, dans le carré du cimetière de Thiais qui leur est réservé.

Bibliographie :
De Jean-Paul Brunet «Police contre le FLN, le drame d’Octobre 1961», Ed. Flammarion, 25.06.1999. De Raymond Muelle «7 ans de guerre en France quand le «FLN» frappait en métropole », Ed. Grancher, 11.04.2001. De Rémy Valat «Les calots bleus et la bataille de Paris. Une force de police auxiliaire pendant la guerre d’Algérie», Ed. Michalon, 22.11.2007

Références :
«Metamag» - Rémy Valat : «Plaidoyer en Défense pour les calots bleus. Rendre l’histoire aux historiens»: (http://www.metamag.fr/metamag-1429-PLAIDOYER-EN-DEFENSE-POUR-LES-CALOTS-BLEUS-Rendre-l’histoireaux-historiens.html ).

Faivre Maurice –«La bataille de Paris du 17.10.1961» : Etudes coloniales. 15.10.2011. (http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2011/10/15/22358457.html )

La décadence

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